un double tout au plus, une réplique si l’on veut; ce qui lui enlève toute valeur marchande.
Le vainqueur d’Ischl nous semble garder toute supériorité Une première pierre, généralement de belles dimensions, ne s enlève pas avec la même facilité que la modeste feuille d un
registre. Pour peu qu’on ait continué à bâtir, ne fût-ce que les fondations, celle pierre, qui passe pour être la première entre ses sœurs, devait être particulièrement difficile à extraire, si perfectionnés que soient les instruments du cam
brioleur moderne. Le cruel davier du dentiste lui-même n y suffirait pas.
Et, quand on a extrait la pierre monumentale de son alvéole, il faut encore l’emporter; or une pierre de taille, même de taille raisonnable, ne s’enlève pas comme un poids de 10, ni de 20 kilos, à bout de bras. On ne l’emporterait même pas à dos de mulet.
L’aéroplane n’est pas encore assez perfectionné pour qu’on puisse s envoler dans les airs avec les produits d’un semblable rapt.
Alors, comment a pu s y prendre le cambrioleur d’Ischl pour s éclipser avec un pareil fardeau sur les bras? Voilà le mystère qu’un Sherlock-Holmes lui-même ne parviendrait pas à pénétrer.
* * *
Maintenant se présente une autre difficulté, presque aussi grave. Quand le conquérant aura mis sa pierre, première du
nom, en lieu sûr, qu’en fera-t-il ? Et quel prolit en peut-il tirer?
Evidemment nul ne se présentera pour l’acheter à un prix supérieur à celui qu’on donnerait pour la première pierre venue. Or, l’extraction à Ischia dû être plus coûteuse que l’extraction dans une carrière ordinaire.
A première vue, le profit, paraît maigre, Mais tout ceci va s éclaircir par les explications que fournit Palémon : elles sont ingénieuses, mais surtout judicieuses.
« La pierre recèle d’ordinaire, dit-il, en ses flancs un choix de monnaies de tous modules. On y enferme aussi des autographes précieux, la plume d’or, la truelle d’argent, le marteau émaillé qui servirent à la cérémonie. Tout cela vaut son prix. »
Des autographes, à vrai dire, nous ne ferions pas grand cas, et il est probable que MM. les artistes cambrioleurs en ont la même opinion. Les monnaies, nécessairement modernes, n ont pas une valeur bien extraordinaire; elles ne valent pas le coup, comme on dit, c’est-à-dire le hardi coup de main. Mais la plume d’or et la truelle d’argent commencent, il est vrai, à représenter une valeur appréciable, — sans que celle-ci nous paraisse encore bien tentante.
La conclusion que nous tirerions de là, étant donné la peine qu’il a fallu prendre et le médiocre bénéfice qu’on en peut tirer, c’est qu’on sait, àlschl, se contenter de peu.
Telle n est cependant l’interprétation de Palémon ; il envisage le sujet sous un tout autre angle. Le cambrioleur, croitil, n’aura pas voulu laisser ces objets destinés à devenir curieux plus tard, conséquemment précieux, « à la disposition aléatoire des futurs archéologues qui,peut-être, ne les retrouveraient jamais ».
Cet homme prévoyant travaillait donc pour l avenir; il doit aimer les travaux à longue portée.
***
De toutes choses on peut tirer une conclusion pratique. Celle que nous proposons à nos lecteurs est celle-ci.
A partir de ce jour, nous constatons, avec plaisir et quelque regret, que l’attention d un public aussi éclairé que celui du cambriolage, se porte vers les choses de l’architecture, ce qui est évidemment flatteur. Mais, puisqu’on juge nécessaire chez nous également, pour donner de l occupation à nos minis
tres, sous-secrétaires d’Etat, inspecteurs divers, pendant la trop courte durée de leurs vacances ; puisqu’on trouve une réelle utilité aux inaugurations des édifices de tous genres (lire Camemberg-sur-Ourcq, sujet du jour), à la pose de ces pierres commémoratives qui doivent transmettre aux géné
rations futures les noms des fonctionnaires et des consuls
qui présidèrent à la cérémonie, il conviendra dorénavant de prendre quelques précautions.
Qu’on laisse, en une cavité bien close, subsister des autographes officiels, l’inconvénient sera des moindres; ils ne tenteront personne. Les monnaies, si elles étaient en quantité considérable, seraient un peu plus exposées : on se contentera donc de la pièce de nickel, qui est particulièrement originale, qui accuse bien sa date par sa seule forme, mais qui, même en nombre, ne constituera pas un véritable trésor. Comme appoint,quelques monnaies de bronze au millésime suffiraient amplement; et il n’y aurait plus rien à craindre. Les recher
ches de l’archéologie future seront ainsi garanties d un plein succès.
Quant à la plume d’or, à la truelle d’argent, quelle nécessité voit-on à ce qu’elles soient de métal précieux? Un bon doublé, une dorure un peu solide, ou bien le simple Titre Fix qui a tant de succès en ce moment, le Ruoltz le plus rudi
mentaire ne suffiraient-ils pas? Ne seraient-ils pas, d’ailleurs, plus en accord avec la véritable simplicité démocratique, qu’offenseraient plutôt ces ruineuses et monarchiques traditions?
Nous croyons fermement être dans la saine réalité en parlant ainsi. Un moment, nous avions songé à un autre palliatif: Cérémonie faite, déposer, au sein de la première pierre, de
simples copies, des imitations; et serrer précieusement, aux archives de nos musées, les originaux eux-mêmes.
Mais ii la réflexion, nous avons compris que c’eût été tomber de mal en pis, nos musées et autres collections publiques n ayant jamais passé pour être les lieux où l’on peut faire des placements de tout repos.
P. P.
Comme on a pu en juger précédemment, ce règlement a tout prévu. Du moins il a cherché à tout prévoir, ainsi qu il devait le faire: il s’est attaché à prendre toutes les précau
lions possibles, à écarter toute chance d’incendie entre autres.
On sait que, depuis un certain nombre d’années, on a multiplié les secours, petits et grands, qui doivent faire appel au
concours de l hydraulique, les rideaux de fer automatiques et autres, les extincteurs, les avertisseurs d’incendie, etc., etc.
Nous sommes loin de critiquer ees dispositions tutélaires que l’on a bien raison démultiplier; mais c’est, avons-nous toujours dit, à la condition que l’on ne comptera pas sur leur efficacité,
Le vainqueur d’Ischl nous semble garder toute supériorité Une première pierre, généralement de belles dimensions, ne s enlève pas avec la même facilité que la modeste feuille d un
registre. Pour peu qu’on ait continué à bâtir, ne fût-ce que les fondations, celle pierre, qui passe pour être la première entre ses sœurs, devait être particulièrement difficile à extraire, si perfectionnés que soient les instruments du cam
brioleur moderne. Le cruel davier du dentiste lui-même n y suffirait pas.
Et, quand on a extrait la pierre monumentale de son alvéole, il faut encore l’emporter; or une pierre de taille, même de taille raisonnable, ne s’enlève pas comme un poids de 10, ni de 20 kilos, à bout de bras. On ne l’emporterait même pas à dos de mulet.
L’aéroplane n’est pas encore assez perfectionné pour qu’on puisse s envoler dans les airs avec les produits d’un semblable rapt.
Alors, comment a pu s y prendre le cambrioleur d’Ischl pour s éclipser avec un pareil fardeau sur les bras? Voilà le mystère qu’un Sherlock-Holmes lui-même ne parviendrait pas à pénétrer.
* * *
Maintenant se présente une autre difficulté, presque aussi grave. Quand le conquérant aura mis sa pierre, première du
nom, en lieu sûr, qu’en fera-t-il ? Et quel prolit en peut-il tirer?
Evidemment nul ne se présentera pour l’acheter à un prix supérieur à celui qu’on donnerait pour la première pierre venue. Or, l’extraction à Ischia dû être plus coûteuse que l’extraction dans une carrière ordinaire.
A première vue, le profit, paraît maigre, Mais tout ceci va s éclaircir par les explications que fournit Palémon : elles sont ingénieuses, mais surtout judicieuses.
« La pierre recèle d’ordinaire, dit-il, en ses flancs un choix de monnaies de tous modules. On y enferme aussi des autographes précieux, la plume d’or, la truelle d’argent, le marteau émaillé qui servirent à la cérémonie. Tout cela vaut son prix. »
Des autographes, à vrai dire, nous ne ferions pas grand cas, et il est probable que MM. les artistes cambrioleurs en ont la même opinion. Les monnaies, nécessairement modernes, n ont pas une valeur bien extraordinaire; elles ne valent pas le coup, comme on dit, c’est-à-dire le hardi coup de main. Mais la plume d’or et la truelle d’argent commencent, il est vrai, à représenter une valeur appréciable, — sans que celle-ci nous paraisse encore bien tentante.
La conclusion que nous tirerions de là, étant donné la peine qu’il a fallu prendre et le médiocre bénéfice qu’on en peut tirer, c’est qu’on sait, àlschl, se contenter de peu.
Telle n est cependant l’interprétation de Palémon ; il envisage le sujet sous un tout autre angle. Le cambrioleur, croitil, n’aura pas voulu laisser ces objets destinés à devenir curieux plus tard, conséquemment précieux, « à la disposition aléatoire des futurs archéologues qui,peut-être, ne les retrouveraient jamais ».
Cet homme prévoyant travaillait donc pour l avenir; il doit aimer les travaux à longue portée.
***
De toutes choses on peut tirer une conclusion pratique. Celle que nous proposons à nos lecteurs est celle-ci.
A partir de ce jour, nous constatons, avec plaisir et quelque regret, que l’attention d un public aussi éclairé que celui du cambriolage, se porte vers les choses de l’architecture, ce qui est évidemment flatteur. Mais, puisqu’on juge nécessaire chez nous également, pour donner de l occupation à nos minis
tres, sous-secrétaires d’Etat, inspecteurs divers, pendant la trop courte durée de leurs vacances ; puisqu’on trouve une réelle utilité aux inaugurations des édifices de tous genres (lire Camemberg-sur-Ourcq, sujet du jour), à la pose de ces pierres commémoratives qui doivent transmettre aux géné
rations futures les noms des fonctionnaires et des consuls
qui présidèrent à la cérémonie, il conviendra dorénavant de prendre quelques précautions.
Qu’on laisse, en une cavité bien close, subsister des autographes officiels, l’inconvénient sera des moindres; ils ne tenteront personne. Les monnaies, si elles étaient en quantité considérable, seraient un peu plus exposées : on se contentera donc de la pièce de nickel, qui est particulièrement originale, qui accuse bien sa date par sa seule forme, mais qui, même en nombre, ne constituera pas un véritable trésor. Comme appoint,quelques monnaies de bronze au millésime suffiraient amplement; et il n’y aurait plus rien à craindre. Les recher
ches de l’archéologie future seront ainsi garanties d un plein succès.
Quant à la plume d’or, à la truelle d’argent, quelle nécessité voit-on à ce qu’elles soient de métal précieux? Un bon doublé, une dorure un peu solide, ou bien le simple Titre Fix qui a tant de succès en ce moment, le Ruoltz le plus rudi
mentaire ne suffiraient-ils pas? Ne seraient-ils pas, d’ailleurs, plus en accord avec la véritable simplicité démocratique, qu’offenseraient plutôt ces ruineuses et monarchiques traditions?
Nous croyons fermement être dans la saine réalité en parlant ainsi. Un moment, nous avions songé à un autre palliatif: Cérémonie faite, déposer, au sein de la première pierre, de
simples copies, des imitations; et serrer précieusement, aux archives de nos musées, les originaux eux-mêmes.
Mais ii la réflexion, nous avons compris que c’eût été tomber de mal en pis, nos musées et autres collections publiques n ayant jamais passé pour être les lieux où l’on peut faire des placements de tout repos.
P. P.
LES RÈGLEMENTS DES THÉATRES
Comme on a pu en juger précédemment, ce règlement a tout prévu. Du moins il a cherché à tout prévoir, ainsi qu il devait le faire: il s’est attaché à prendre toutes les précau
lions possibles, à écarter toute chance d’incendie entre autres.
On sait que, depuis un certain nombre d’années, on a multiplié les secours, petits et grands, qui doivent faire appel au
concours de l hydraulique, les rideaux de fer automatiques et autres, les extincteurs, les avertisseurs d’incendie, etc., etc.
Nous sommes loin de critiquer ees dispositions tutélaires que l’on a bien raison démultiplier; mais c’est, avons-nous toujours dit, à la condition que l’on ne comptera pas sur leur efficacité,