C est qu en général, au moment où le foyer commence à prendre la moindre extension, les transmissions mécaniques se faussent, se tordent ; les appareils ne fonctionnent plus à l’instant même où l’on a absolument besoin d eux. II arrive encore qu’ils se trouvent logés précisément de telle façon qu on ne peut les aborder à ce même instant. Nous ne parlons meme pas de l’affolement général qui ne permet plus de savoir où se trouve la boîte, l armoire qu il faudrait ouvrir pour faire marcher ces précieux engins, et dont la clef a toujours disparu au moment voulu.
Du reste, plus ces appareils sont perfectionnés et plus il y a de chances pour qu’ils se détraquent lorsqu’on a besoin d eux;
d’autant plus qu’une longue sécurité fait trop souvent qu’on en a négligé l’entretien.
Tout est prévu cependant, disions-nous ; ce qui prouve avec quelle consciencieuse attention a été étudié ce nouveau règlement, successeur actuel de tant d’autres prédécesseurs. Malheureusement, c’est toujours avec l imprévu que Ton a, un beau jour, à compter.
En veut-on un tout récent exemple, le voici dans sa fraîcheur :
« Un commencement d’incendie s’est déclaré, vers neuf heures du soir, dans les sous-sols de l’Opéra-Comique, vers le côté gauche du bâtiment. Une allumette, jetée par un sou
pirail, avait enflammé des détritus. Le personnel a eu vite rai
son du feu ; le public écoutait Werther, et goûtait la voix et le jeu de Mlle Lamare et de M. Salignac; il ne s’est aperçu de rien. »
Les journaux à court de nouvelles, pendant la saison d été, nous ont souvent fait part des incendies de forêts, dus « à l’imprudence d un fumeur ». C’est un « cliché » que tout périodique tient en réserve pour la morte-saison, maintenant que l’antique Serpent de mer, si cher au Constitutionnel d’antan, a fini par disparaître de sa belle mort, après quelques inutiles tentatives de résurrection.
Mais on n avait pas encore entendu parler du passant, également imprudent, qui jette par un soupirail une allumette de la régie tout enflammée dans les sous-sols d’un théâtre.
S’il avait eu la précaution, tout au moins, de la lancer telle qu’elle sort de sa boîte, les chances de probabilité auraient été que l’allumette ne prendrait jamais feu, à moins qu’elle ne fût de contrebande.
Non; le malheur a voulu que ce passant eût pris la peine de choisir, parmi tant d’autres, une allumette inflammable, et de l enflammer lui-même avant de l’expédier à travers un soupirail théâtral.
La malechance a encore voulu que, dans le sous-sol ainsi exposé à la malveillance ou à l imprudence des passants, on
eût, justement entassé des détritus qu on aurait aussi bien fait de déverser sur la voie publique, ou de confier à la « poubelle » qui doit être attachée à l’établissement.
Pourquoi l’accident grave qui pouvait arriver ne s’est-il pas produit? Est-ce parce que l’allumette s’est éteinte d’elle-même, — ce qui arrive souvent aux produits de la régie; — ou parce
que les détritus, ayant conscience de leur responsabilité, ont refusé de se laisser entraîner à l’ignition complète?
Cela n est pas probable; car, dans ce cas, personne n aurait rien su du drame émouvant qui venait de se passer entre détritus et produits de la régie.
Alors il ne reste qu une explication plausible ; pompiers ou surveillants auront passé parla, avant que le mal ne fût, devenu trop grave. Or ce ne sont pas les avertisseurs, les chutes d’eau
en pluie, les rideaux plus ou moins amovibles de la scène qui auraient conjuré le malheur imminent. C’est donc la surveillance qui, comme d’habitude, a tout sauvé.
Nous pensons bien qu’à la suite de cet incident la Préfecture va maintenant exiger que tous les théâtres fassent ignifuger les détritus de toutes sortes auxquels ils sont enclins. Mais il en est de telle nature qu il serait difficile de les soumettre à ce genre d opération ; d’ailleurs il estprobable qu on ne tiendrait pas grand compte de cette addition au nouveau règlement.
Conclusion : Multipliez toutes les dispositions protectrices; mais que cela n’empêche pas la vigilance de redoubler. C’est sur elle seule que Ton peut compter d une manière à peu près absolue.
DANS LES ÉGLISES DE PARIS
Une opération importante a été récemment ordonnée par le Préfet de la Seine, qui a chargé le service des Beaux-Arls de la Ville-de-Paris de procéder à l’inventaire des œuvres d’art appartenant à la Ville, renfermées dans les divers monuments reli
gieux. C’est M. Brown, Inspecteur principal du service, assisté de M. Veyrat,, Inspecteur, et de M. Eugène Bourgeois, Sous-inspecteur, qui ont été chargés par l’administration de cette délicate besogne.
L opération était importante, puisqu’il y a dans la capitale, 64 églises paroissiales, 8 temples et 2 synagogues.
Le rapport seraprésenté par M. Veyrat, dès que la commission aura fini son travail, ce qui ne peut tarder, et nous connaîtrons alors la nomenclature des richesses artistiques religieuses de
la Ville de Paris, sur l’importance desquelles nous avons déjà des documents très précis. En 1878, sur la demande du Con
seil municipal, M. Ferdinand Duval, le préfet de la Seine d alors, fit procéder à un inventaire, très précis, du patri
moine artistique de la Ville de Paris renfermé dans les édifices religieux.
Ce document — une trentaine de volumes — nous montre que de 1816 à 1878, c’est-à-dire en soixante-deux ans, la Ville a dépensé pour la décoration des édifices religieux, exacte
ment 8.371.669 fr. 34, somme qui servit à payer 1.267 peintures, 604 sculptures et 360 vitraux.
Dans ce même inventaire se trouvent également cataloguées les œuvres d’art appartenant à l’État ou provenant de dons faits par des particuliers. Leur nombre est encore plus important, puisqu’on compte 1.134 peintures, 772 sculptures et578 vitraux, ainsique plusieurs tapisseries des Gobelinset d’Aubusson, ainsi quedes savonneries de grande valeur.
Le rapport de M. Veyrat dira quelles sont les œuvres nouvelles qui, de 1878 à nos jours, ont, augmenté l importance de ces deux patrimoines artistiques, celui delà Ville etcelui de l’État. En ce qui concerne les propriétés de la Ville, les adjonc
tions ont été presque nulles à dater de l’époque du premier inventaire. Les libéralités de la capitale eurent d autres des
tinations; les préoccupations artistiques de la municipalité parisienne se manifestèrent en vue de décorer l’Hôtel de Ville,
les diverses mairies, certains monuments publics, et d’orner de sculptures, groupes et statues les pelouses des promenades, des squares et des jardins publics.
L. T.
Du reste, plus ces appareils sont perfectionnés et plus il y a de chances pour qu’ils se détraquent lorsqu’on a besoin d eux;
d’autant plus qu’une longue sécurité fait trop souvent qu’on en a négligé l’entretien.
Tout est prévu cependant, disions-nous ; ce qui prouve avec quelle consciencieuse attention a été étudié ce nouveau règlement, successeur actuel de tant d’autres prédécesseurs. Malheureusement, c’est toujours avec l imprévu que Ton a, un beau jour, à compter.
En veut-on un tout récent exemple, le voici dans sa fraîcheur :
« Un commencement d’incendie s’est déclaré, vers neuf heures du soir, dans les sous-sols de l’Opéra-Comique, vers le côté gauche du bâtiment. Une allumette, jetée par un sou
pirail, avait enflammé des détritus. Le personnel a eu vite rai
son du feu ; le public écoutait Werther, et goûtait la voix et le jeu de Mlle Lamare et de M. Salignac; il ne s’est aperçu de rien. »
Les journaux à court de nouvelles, pendant la saison d été, nous ont souvent fait part des incendies de forêts, dus « à l’imprudence d un fumeur ». C’est un « cliché » que tout périodique tient en réserve pour la morte-saison, maintenant que l’antique Serpent de mer, si cher au Constitutionnel d’antan, a fini par disparaître de sa belle mort, après quelques inutiles tentatives de résurrection.
Mais on n avait pas encore entendu parler du passant, également imprudent, qui jette par un soupirail une allumette de la régie tout enflammée dans les sous-sols d’un théâtre.
S’il avait eu la précaution, tout au moins, de la lancer telle qu’elle sort de sa boîte, les chances de probabilité auraient été que l’allumette ne prendrait jamais feu, à moins qu’elle ne fût de contrebande.
Non; le malheur a voulu que ce passant eût pris la peine de choisir, parmi tant d’autres, une allumette inflammable, et de l enflammer lui-même avant de l’expédier à travers un soupirail théâtral.
La malechance a encore voulu que, dans le sous-sol ainsi exposé à la malveillance ou à l imprudence des passants, on
eût, justement entassé des détritus qu on aurait aussi bien fait de déverser sur la voie publique, ou de confier à la « poubelle » qui doit être attachée à l’établissement.
Pourquoi l’accident grave qui pouvait arriver ne s’est-il pas produit? Est-ce parce que l’allumette s’est éteinte d’elle-même, — ce qui arrive souvent aux produits de la régie; — ou parce
que les détritus, ayant conscience de leur responsabilité, ont refusé de se laisser entraîner à l’ignition complète?
Cela n est pas probable; car, dans ce cas, personne n aurait rien su du drame émouvant qui venait de se passer entre détritus et produits de la régie.
Alors il ne reste qu une explication plausible ; pompiers ou surveillants auront passé parla, avant que le mal ne fût, devenu trop grave. Or ce ne sont pas les avertisseurs, les chutes d’eau
en pluie, les rideaux plus ou moins amovibles de la scène qui auraient conjuré le malheur imminent. C’est donc la surveillance qui, comme d’habitude, a tout sauvé.
Nous pensons bien qu’à la suite de cet incident la Préfecture va maintenant exiger que tous les théâtres fassent ignifuger les détritus de toutes sortes auxquels ils sont enclins. Mais il en est de telle nature qu il serait difficile de les soumettre à ce genre d opération ; d’ailleurs il estprobable qu on ne tiendrait pas grand compte de cette addition au nouveau règlement.
Conclusion : Multipliez toutes les dispositions protectrices; mais que cela n’empêche pas la vigilance de redoubler. C’est sur elle seule que Ton peut compter d une manière à peu près absolue.
LES RICHESSES ARTISTIQUES DE LA VILLE
DANS LES ÉGLISES DE PARIS
Une opération importante a été récemment ordonnée par le Préfet de la Seine, qui a chargé le service des Beaux-Arls de la Ville-de-Paris de procéder à l’inventaire des œuvres d’art appartenant à la Ville, renfermées dans les divers monuments reli
gieux. C’est M. Brown, Inspecteur principal du service, assisté de M. Veyrat,, Inspecteur, et de M. Eugène Bourgeois, Sous-inspecteur, qui ont été chargés par l’administration de cette délicate besogne.
L opération était importante, puisqu’il y a dans la capitale, 64 églises paroissiales, 8 temples et 2 synagogues.
Le rapport seraprésenté par M. Veyrat, dès que la commission aura fini son travail, ce qui ne peut tarder, et nous connaîtrons alors la nomenclature des richesses artistiques religieuses de
la Ville de Paris, sur l’importance desquelles nous avons déjà des documents très précis. En 1878, sur la demande du Con
seil municipal, M. Ferdinand Duval, le préfet de la Seine d alors, fit procéder à un inventaire, très précis, du patri
moine artistique de la Ville de Paris renfermé dans les édifices religieux.
Ce document — une trentaine de volumes — nous montre que de 1816 à 1878, c’est-à-dire en soixante-deux ans, la Ville a dépensé pour la décoration des édifices religieux, exacte
ment 8.371.669 fr. 34, somme qui servit à payer 1.267 peintures, 604 sculptures et 360 vitraux.
Dans ce même inventaire se trouvent également cataloguées les œuvres d’art appartenant à l’État ou provenant de dons faits par des particuliers. Leur nombre est encore plus important, puisqu’on compte 1.134 peintures, 772 sculptures et578 vitraux, ainsique plusieurs tapisseries des Gobelinset d’Aubusson, ainsi quedes savonneries de grande valeur.
Le rapport de M. Veyrat dira quelles sont les œuvres nouvelles qui, de 1878 à nos jours, ont, augmenté l importance de ces deux patrimoines artistiques, celui delà Ville etcelui de l’État. En ce qui concerne les propriétés de la Ville, les adjonc
tions ont été presque nulles à dater de l’époque du premier inventaire. Les libéralités de la capitale eurent d autres des
tinations; les préoccupations artistiques de la municipalité parisienne se manifestèrent en vue de décorer l’Hôtel de Ville,
les diverses mairies, certains monuments publics, et d’orner de sculptures, groupes et statues les pelouses des promenades, des squares et des jardins publics.
L. T.