du maître Chaplain, ce qui lui assure une valeur toute particulière, que ne possèdent généralement pas les autres.
Il y a dix à parier contre un que cette médaille est en relief, et non en creu x ; d’où va surgir une première difficulté, borhmé on va voir.
Car M. Hustin, animé d’un sentiment éminemment louable, s’est aussitôt mis à l’œuvre; et « par ses soins » la médaille a été aussitôt encastrée dans le siège qui fut jadis celui du poète.
Or, grammaticalement parlant et en toute correction, qu’est-ce qu’un siège? Tous les dictionnaires le disent :
« Siège, partie d’une voiture où s’assied le cocher. Place où s’assied un juge, etc., etc. » Quelle que soitla profession du séant, le siège est donc la partie sur laquelle il se pose. Or un sénateur est, en réalité, fait comme tout le monde; s’il a de quoi s’asseoir, il le pose comme le commun des mor
tels sur ce qu’on appelle son siège. Il n’y a pas là matière à discussion.
La médaille a donc été encastrée dans le siège même du fauteuil sénatorial ou « curule » qui se trouve au Luxem
bourg. Sur ce fauteuil doit s’asseoir aujourd’hui un autre sénateur. Est-ce que la médaille ainsi placée au meilleur endroit ne va pas le gêner beaucoup?
II n’est peut-être pas impossible, après quelques tâtonnements, de déterminer rigoureusement une position bien repérée, suivant laquelle la médaille et ses reliefs pourraient s’emboîter dans les parties concaves que peut offrir la partie prenante et occupante chez le sénateur actuel. Mais quelle précision demandera la mise en place, si l’on veut éviter tout contact de la médaille avec des parties plutôt convexes,
où elle ne manquerait pas de s’imprimer en creux, d’une façon plutôt désagréable.
Le journal ajoute que, pour combler la difficulté, M. le secrétaire général de la questure a encore adjoint une plaque de cuivre portant le nom du poète. Nous ne contestons pas que celle-ci, très probablement gravée en creux, peut ne pas produire d’inconvénients aussi graves que la médaille; elle
n’en complique pas moins la difficulté parce qu’alors ce n’est plus alors un relief qui s’imprime dans le sénateur, c’est le sénateur qui se moule dans un creux matricial,
Nos plus anciens abonnés ont dû, comme nous-mêmes, Connaître un temps où, tout le long des Champs-Elysées, s’offrait un jeu tout spécial et d’origine fort ancienne, presque archéologique. Ce jeu, bien plus difficile que celui du tonneau, — mais il était bien plus beau, tout comme la pein
ture à l’eau, — se composait d’une table en forme de siège où étaient incrustées, côte à côte, des rondelles de cuivre.
Il s’agissait, en principe, de jeter à la main d’autres rondelles qui vinssent exactement se placer sur les pre
mières. Nous disons : en principe, parce que, do mémoire d’homme, aucun joueur n’était jamais parvenu à celte superposition rigoureuse. Le marchand lui-même ne l’eût pas tenté.
Nous ne rappelons ce fait uniquement que pour faire voir combien grande est la difficulté qu’impose M. le Secrétaire général au sénateur qui est considéré comme succes
seur de Victor Hugo et, pourtant, devra occuper un fauteuil aussi hérissé de difficultés, par les soins mêmes de M. Hustin.
*
* *
Celui-ci est absolument infatigable à poursuivre sa découverte. A la suite du passage cité, nous lisons encore :
« ...M. Hustin va faire apposer une plaque semblable sur le fauteuil 127, qui fut celui de M. Waldeck-Rousseau. Nous avons ditque Vernon avait gravé un admirable portrait du grand homme d’Etat, récemment offert par sa famille à ses amis. Il est propable qu’une réplique de cette plaquette sera également encastrée dans le siège du fauteuil de Waldeck- Rousseau.
C’est probable en effet, puisque le journaliste l’affirme. Voici un autre « siège de fauteuil », — car ce n’est pas du tout le dossier, veuillez bien le remarquer. — un autre siège qui va se trouuer illustré, d un côté, par un médaillon-portrait ; de l’autre, par une plaquette.
Ce sont deux reliefs pour un, bien assurés celte fois. Et voyez combien, cette fois aussi, le problème devient particulièrement difficile à résoudre.
Dans le premier cas nous supposions la médaille unique placée à peu près dans l’axe, au voisinage de la partie la plus
centrale, de manière à ménager pour le mieux les parties portantes, à droite et à gauche, — nous nous expliquons aussi clairement et décemment que possible.
Mais, dans le fauteuil de Waldeck-Rousseau : plaquette à droite et portrait à gauche, conçoit-on, comme réalisable, un ménagement quelconque? Le sénateur actuel n’est-il pas contraint chaque jour d’imprimer, au plus profond de son être, ce double souvenir d’un grand homme?
Il est sûr ainsi de ne l’oublier jamais ; il en gardera éternellement le culte et l’image en son cœur. Cela est de toute évidence. Il n’y a guère que le tatouage apache qui puisse mieux encore conserver le souvenir du passé. Les doux opérations ont bien quelque analogie, il faut cependant recon
naître au tatouage une supériorité de durée; car, grâce au ciel et à M. le Secrétaire, l’impression sénatoriale ne sera que temporaire. Elle est aussi moins heureusement placée.
Seulement elle est beaucoup plus artistique ; en quoi elle retrouve toute sa supériorité,
*
* *
Les faits étant ainsi exposés en toute impartialité, il nous reste à en déduire des conclusions pratiques; car le reste n’est qu’observation toute théorique.
L’Art nouveau se propose principalement de faire ce qui n’a jamais été fait; son but est éminemment louable; il a déjà transformé tout notre mobilier on lui appliquant des formes vraiment inédites. Elles ne sont pas toujours heureusement adaptées à la destination de l’objet, mais cette petite imper
fection est assez généralement considérée comme secondaire, si ce n’est môme comme une qualité de plus.
M. le Secrétaire de la questure vient évidemment d’imaginer, du premier coup, une combinaison mobilière qui est de tout premier ordre par la nouveauté, l’originalité inédite, et même par le peu de commodité. Elle nous paraît destinée à faire école.
Il y a dix à parier contre un que cette médaille est en relief, et non en creu x ; d’où va surgir une première difficulté, borhmé on va voir.
Car M. Hustin, animé d’un sentiment éminemment louable, s’est aussitôt mis à l’œuvre; et « par ses soins » la médaille a été aussitôt encastrée dans le siège qui fut jadis celui du poète.
Or, grammaticalement parlant et en toute correction, qu’est-ce qu’un siège? Tous les dictionnaires le disent :
« Siège, partie d’une voiture où s’assied le cocher. Place où s’assied un juge, etc., etc. » Quelle que soitla profession du séant, le siège est donc la partie sur laquelle il se pose. Or un sénateur est, en réalité, fait comme tout le monde; s’il a de quoi s’asseoir, il le pose comme le commun des mor
tels sur ce qu’on appelle son siège. Il n’y a pas là matière à discussion.
La médaille a donc été encastrée dans le siège même du fauteuil sénatorial ou « curule » qui se trouve au Luxem
bourg. Sur ce fauteuil doit s’asseoir aujourd’hui un autre sénateur. Est-ce que la médaille ainsi placée au meilleur endroit ne va pas le gêner beaucoup?
II n’est peut-être pas impossible, après quelques tâtonnements, de déterminer rigoureusement une position bien repérée, suivant laquelle la médaille et ses reliefs pourraient s’emboîter dans les parties concaves que peut offrir la partie prenante et occupante chez le sénateur actuel. Mais quelle précision demandera la mise en place, si l’on veut éviter tout contact de la médaille avec des parties plutôt convexes,
où elle ne manquerait pas de s’imprimer en creux, d’une façon plutôt désagréable.
Le journal ajoute que, pour combler la difficulté, M. le secrétaire général de la questure a encore adjoint une plaque de cuivre portant le nom du poète. Nous ne contestons pas que celle-ci, très probablement gravée en creux, peut ne pas produire d’inconvénients aussi graves que la médaille; elle
n’en complique pas moins la difficulté parce qu’alors ce n’est plus alors un relief qui s’imprime dans le sénateur, c’est le sénateur qui se moule dans un creux matricial,
Nos plus anciens abonnés ont dû, comme nous-mêmes, Connaître un temps où, tout le long des Champs-Elysées, s’offrait un jeu tout spécial et d’origine fort ancienne, presque archéologique. Ce jeu, bien plus difficile que celui du tonneau, — mais il était bien plus beau, tout comme la pein
ture à l’eau, — se composait d’une table en forme de siège où étaient incrustées, côte à côte, des rondelles de cuivre.
Il s’agissait, en principe, de jeter à la main d’autres rondelles qui vinssent exactement se placer sur les pre
mières. Nous disons : en principe, parce que, do mémoire d’homme, aucun joueur n’était jamais parvenu à celte superposition rigoureuse. Le marchand lui-même ne l’eût pas tenté.
Nous ne rappelons ce fait uniquement que pour faire voir combien grande est la difficulté qu’impose M. le Secrétaire général au sénateur qui est considéré comme succes
seur de Victor Hugo et, pourtant, devra occuper un fauteuil aussi hérissé de difficultés, par les soins mêmes de M. Hustin.
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Celui-ci est absolument infatigable à poursuivre sa découverte. A la suite du passage cité, nous lisons encore :
« ...M. Hustin va faire apposer une plaque semblable sur le fauteuil 127, qui fut celui de M. Waldeck-Rousseau. Nous avons ditque Vernon avait gravé un admirable portrait du grand homme d’Etat, récemment offert par sa famille à ses amis. Il est propable qu’une réplique de cette plaquette sera également encastrée dans le siège du fauteuil de Waldeck- Rousseau.
C’est probable en effet, puisque le journaliste l’affirme. Voici un autre « siège de fauteuil », — car ce n’est pas du tout le dossier, veuillez bien le remarquer. — un autre siège qui va se trouuer illustré, d un côté, par un médaillon-portrait ; de l’autre, par une plaquette.
Ce sont deux reliefs pour un, bien assurés celte fois. Et voyez combien, cette fois aussi, le problème devient particulièrement difficile à résoudre.
Dans le premier cas nous supposions la médaille unique placée à peu près dans l’axe, au voisinage de la partie la plus
centrale, de manière à ménager pour le mieux les parties portantes, à droite et à gauche, — nous nous expliquons aussi clairement et décemment que possible.
Mais, dans le fauteuil de Waldeck-Rousseau : plaquette à droite et portrait à gauche, conçoit-on, comme réalisable, un ménagement quelconque? Le sénateur actuel n’est-il pas contraint chaque jour d’imprimer, au plus profond de son être, ce double souvenir d’un grand homme?
Il est sûr ainsi de ne l’oublier jamais ; il en gardera éternellement le culte et l’image en son cœur. Cela est de toute évidence. Il n’y a guère que le tatouage apache qui puisse mieux encore conserver le souvenir du passé. Les doux opérations ont bien quelque analogie, il faut cependant recon
naître au tatouage une supériorité de durée; car, grâce au ciel et à M. le Secrétaire, l’impression sénatoriale ne sera que temporaire. Elle est aussi moins heureusement placée.
Seulement elle est beaucoup plus artistique ; en quoi elle retrouve toute sa supériorité,
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Les faits étant ainsi exposés en toute impartialité, il nous reste à en déduire des conclusions pratiques; car le reste n’est qu’observation toute théorique.
L’Art nouveau se propose principalement de faire ce qui n’a jamais été fait; son but est éminemment louable; il a déjà transformé tout notre mobilier on lui appliquant des formes vraiment inédites. Elles ne sont pas toujours heureusement adaptées à la destination de l’objet, mais cette petite imper
fection est assez généralement considérée comme secondaire, si ce n’est môme comme une qualité de plus.
M. le Secrétaire de la questure vient évidemment d’imaginer, du premier coup, une combinaison mobilière qui est de tout premier ordre par la nouveauté, l’originalité inédite, et même par le peu de commodité. Elle nous paraît destinée à faire école.