duire fidèlement un ensemble ou un détail d’architecture d’après nature, un lavis d’après l’original, etc.
On ne saurait croire combien les architectes et les artistes qui veulent bien nous confier des documents à reproduire, ont toujours insisté auprès de nous en nous priant d’em
ployer des procédés directs, afin de ne pas dénaturer leur œuvre. Et combien ils ont raison ! Qu’il s’agisse de l’œuvre exécutée, vivante, la photographie est le meilleur et le plus fidèle témoin de leur pensée artistique. Qu’il s’agisse de leurs projets, c’est le lavis ou l’aquarelle qui est leur mode familier d’interprétation, et là encore la photogravure est l’unique et parfait procédé de reproduction.
Aujourd’hui, l’on ne conserve guère le dessin au trait que pour les détails cotés à grande échelle ; mais pour tout ce qui
est artistique, vues, perspectives, géométraux, coupes à l’effet, la pholotypie, l’héliogravure, le simili, ont détrôné tous les autres modes d’interprétation.
Depuis deux ans que nous sommes résolument entrés dans cette voie de progrès, nous n’avons reçu que des félicitations de nos lecteurs. Cela n’a rien d’étonnant, étant donné le goût très sûr des architectes français. Quel artiste aurait l’idée de préférer une copie à un original?
Cette transformation est d’ailleurs générale. L’Illustration, le Monde Illustré, toutes les grandes et luxueuses publi
cations d’art ont, avant nous, modifié leurs procédés de gravure. Comme les artistes, le public veut avant tout le document exact, qu’il s’agisse du tableau en vogue ou du dernier accident de chemin de fer. On dit même que, si l’instantané fait défaut, d’habiles aquarellistes savent, par un consciencieux lavis, donner l’illusion du fait pris d’après nature.
Seulement... il y a un seulement, ces procédés reviennent fort cher ! Un cliché simili coûte quatre fois plus qu’un cli
ché au trait. Mais, comme on a pu le voir, nous n’avons pas hésité un instant à faire ce sacrifice afin de satisfaire au goût d’art et de précision de nos lecteurs.
Outre les témoignages incessants que nous recevons et qui affirment l’accueil favorable fait à ces transformations
graphiques, un autre indice suffirait à nous indiquer que nous sommes dans la bonne voie : Nos concurrents nous copient !
Dès que nous avons employé le simili, les éditeurs de quelques petites feuilles qui traitent de construction ont employé le simili. Lorsque nous essayons des encrages de diverses tonalités, verte, sépia, bistre, etc., les susdits édi
teurs emploient le vert, la sépia, le bistre. Nous ne nous en plaignons pas; comme dit le proverbe, il vaut mieux faire envio que pitié.
La Construction Moderne a dit, en son temps (Voyez XIXe année, 1903-1904, p. 336), la délibération du Conseil municipal de Paris ayant pour but d obtenir de l’Etat le
classement, comme monument historique, de l’ancienne Faculté de médecine, rue de l’Hôtel-Colbert (Ve arrondisse
ment) et aussi la création, aux frais de la Ville, dans les bâtiments restaurés, d’une Maison de la Mutualité à l’usage des
Sociétés de secours mutuels de la Ville de Paris et du département de la Seine.
Certes, ce siège social sera bien exigu et bien peu proportionné au grand nombre des Sociétés approuvées et des
Sociétés libres de diverse nature qui pourront y réclamer droit d’asile : ce ne sera évidemment qu’un bureau central affirmant l’union de ces Sociétés, et bientôt des succursales, peut-être plus importantes que ce bureau, seront créées dans certains quartiers de Paris et dans les cantons de la banlieue.
Mais si, un jour, il y aura intérêt à reprendre la question, tant au point de vue du programme de ces édifices consa
crés aux Sociétés des Mutualistes qu’aux conditions même dans lesquelles ce programme pourra se réaliser, nous voulons seulement aujourd’hui mettre sous les yeux de nos lec
teurs quelques lignes d’un récent article donné au Journal par M. Pierre Baudin, ancien ministre des Travaux publics,
article où l’auteur, après avoir rappelé la fondation du Vomit de Gand, « ce vaste établissement qui fait envie aux organi
sations ouvrières du monde entier », montre qu’une note d’art contemporain naît spontanément et ne saurait rester étrangère au développement des édifices créés pour réaliser les besoins nouveaux d’un peuple.
« Quand les Sociétés coopératives de Gand, écrit M. Pierre Baudin, ont fondé leur Vomit, elles avaient sans doute cet élan vers la vie sans quoi rien de grand ne peut s’accom
plir ; mais je suis sûr que leur prestige grandissait au fur et à mesure que, sous les échafaudages, s’élevait la bâtisse qui
devait témoigner de leur audace, de leur puissance et de leur succès. La matière, interprétée et docile à la volonté de l’homme, lui emprunte de son rayonnement et rayonne à son tour. C’est pourquoi l’art ne doit jamais rester étranger à l’affirmation delà volonté. Il doit impressionner la forme que la manifestation de la volonté prend. Il doit lui-même s’inspirer du but, de la leçon de choses à laquelle il sert. C’est par l’art que cette volonté doit se rattacher à son origine, à son milieu, à son époque. C’est par l’art qu’elle doit définir sa filiation et mettre dans l’attitude apparente des foules et dans leur pensée une armature de noblesse et de dignité, quelque chose comme le style de la conscience. »
Il est difficile, croyons-nous, de mieux exprimer et avec une telle sobriété, l’origine de l’art, sa fonction, sa condition d’être et sa place dans l’histoire en même temps que son rôle social.
Aux architectes qui auront certainement, d’ici à peu d’années, à créer ces édifices nouveaux qui, sous le nom de Maisons de Mutualités, seront de véritables Palais popu
laires, à s’inspirer de ces lignes de M. Pierre Baudin dans la réalisation du programme nouveau qui leur sera tracé et,
en répudiant quelque peu le bagage traditionnel de leurs éludes, à chercher les combinaisons esthétiques qui conviendront le mieux à exprimer les efforts sociaux contemporains .
( Voyez page 29. )
La construction élevée par M. A. Latour, à Vic-sur-Cère, en face do l’établissement thermal, est complétée par des dépendances assez importantes.
On ne saurait croire combien les architectes et les artistes qui veulent bien nous confier des documents à reproduire, ont toujours insisté auprès de nous en nous priant d’em
ployer des procédés directs, afin de ne pas dénaturer leur œuvre. Et combien ils ont raison ! Qu’il s’agisse de l’œuvre exécutée, vivante, la photographie est le meilleur et le plus fidèle témoin de leur pensée artistique. Qu’il s’agisse de leurs projets, c’est le lavis ou l’aquarelle qui est leur mode familier d’interprétation, et là encore la photogravure est l’unique et parfait procédé de reproduction.
Aujourd’hui, l’on ne conserve guère le dessin au trait que pour les détails cotés à grande échelle ; mais pour tout ce qui
est artistique, vues, perspectives, géométraux, coupes à l’effet, la pholotypie, l’héliogravure, le simili, ont détrôné tous les autres modes d’interprétation.
Depuis deux ans que nous sommes résolument entrés dans cette voie de progrès, nous n’avons reçu que des félicitations de nos lecteurs. Cela n’a rien d’étonnant, étant donné le goût très sûr des architectes français. Quel artiste aurait l’idée de préférer une copie à un original?
Cette transformation est d’ailleurs générale. L’Illustration, le Monde Illustré, toutes les grandes et luxueuses publi
cations d’art ont, avant nous, modifié leurs procédés de gravure. Comme les artistes, le public veut avant tout le document exact, qu’il s’agisse du tableau en vogue ou du dernier accident de chemin de fer. On dit même que, si l’instantané fait défaut, d’habiles aquarellistes savent, par un consciencieux lavis, donner l’illusion du fait pris d’après nature.
Seulement... il y a un seulement, ces procédés reviennent fort cher ! Un cliché simili coûte quatre fois plus qu’un cli
ché au trait. Mais, comme on a pu le voir, nous n’avons pas hésité un instant à faire ce sacrifice afin de satisfaire au goût d’art et de précision de nos lecteurs.
Outre les témoignages incessants que nous recevons et qui affirment l’accueil favorable fait à ces transformations
graphiques, un autre indice suffirait à nous indiquer que nous sommes dans la bonne voie : Nos concurrents nous copient !
Dès que nous avons employé le simili, les éditeurs de quelques petites feuilles qui traitent de construction ont employé le simili. Lorsque nous essayons des encrages de diverses tonalités, verte, sépia, bistre, etc., les susdits édi
teurs emploient le vert, la sépia, le bistre. Nous ne nous en plaignons pas; comme dit le proverbe, il vaut mieux faire envio que pitié.
LA MUTUALITÉ ET L’ART
La Construction Moderne a dit, en son temps (Voyez XIXe année, 1903-1904, p. 336), la délibération du Conseil municipal de Paris ayant pour but d obtenir de l’Etat le
classement, comme monument historique, de l’ancienne Faculté de médecine, rue de l’Hôtel-Colbert (Ve arrondisse
ment) et aussi la création, aux frais de la Ville, dans les bâtiments restaurés, d’une Maison de la Mutualité à l’usage des
Sociétés de secours mutuels de la Ville de Paris et du département de la Seine.
Certes, ce siège social sera bien exigu et bien peu proportionné au grand nombre des Sociétés approuvées et des
Sociétés libres de diverse nature qui pourront y réclamer droit d’asile : ce ne sera évidemment qu’un bureau central affirmant l’union de ces Sociétés, et bientôt des succursales, peut-être plus importantes que ce bureau, seront créées dans certains quartiers de Paris et dans les cantons de la banlieue.
Mais si, un jour, il y aura intérêt à reprendre la question, tant au point de vue du programme de ces édifices consa
crés aux Sociétés des Mutualistes qu’aux conditions même dans lesquelles ce programme pourra se réaliser, nous voulons seulement aujourd’hui mettre sous les yeux de nos lec
teurs quelques lignes d’un récent article donné au Journal par M. Pierre Baudin, ancien ministre des Travaux publics,
article où l’auteur, après avoir rappelé la fondation du Vomit de Gand, « ce vaste établissement qui fait envie aux organi
sations ouvrières du monde entier », montre qu’une note d’art contemporain naît spontanément et ne saurait rester étrangère au développement des édifices créés pour réaliser les besoins nouveaux d’un peuple.
« Quand les Sociétés coopératives de Gand, écrit M. Pierre Baudin, ont fondé leur Vomit, elles avaient sans doute cet élan vers la vie sans quoi rien de grand ne peut s’accom
plir ; mais je suis sûr que leur prestige grandissait au fur et à mesure que, sous les échafaudages, s’élevait la bâtisse qui
devait témoigner de leur audace, de leur puissance et de leur succès. La matière, interprétée et docile à la volonté de l’homme, lui emprunte de son rayonnement et rayonne à son tour. C’est pourquoi l’art ne doit jamais rester étranger à l’affirmation delà volonté. Il doit impressionner la forme que la manifestation de la volonté prend. Il doit lui-même s’inspirer du but, de la leçon de choses à laquelle il sert. C’est par l’art que cette volonté doit se rattacher à son origine, à son milieu, à son époque. C’est par l’art qu’elle doit définir sa filiation et mettre dans l’attitude apparente des foules et dans leur pensée une armature de noblesse et de dignité, quelque chose comme le style de la conscience. »
Il est difficile, croyons-nous, de mieux exprimer et avec une telle sobriété, l’origine de l’art, sa fonction, sa condition d’être et sa place dans l’histoire en même temps que son rôle social.
Aux architectes qui auront certainement, d’ici à peu d’années, à créer ces édifices nouveaux qui, sous le nom de Maisons de Mutualités, seront de véritables Palais popu
laires, à s’inspirer de ces lignes de M. Pierre Baudin dans la réalisation du programme nouveau qui leur sera tracé et,
en répudiant quelque peu le bagage traditionnel de leurs éludes, à chercher les combinaisons esthétiques qui conviendront le mieux à exprimer les efforts sociaux contemporains .
Louis Labor. VILLA A VIC-SUR-CÉRE
( Voyez page 29. )
La construction élevée par M. A. Latour, à Vic-sur-Cère, en face do l’établissement thermal, est complétée par des dépendances assez importantes.