Contraction Moderne sous le titre : Le Palais do Longchamp de Marseille.
D’abord, je ne distingue pas très bien ce que le chauvinisme marseillais, malencontreusement incriminé dans cet article, vient faire dans une mauvaise querelle cherchée depuis plus de quarante ans — exactement depuis le 19 no
vembre 1863 — avec une ténacité inconcevable, par un Colmarien à un Nimois.
Ensuite, il est tout au moins regrettable d’insinuer que l’auteur véritable du Palais de Longchamp, Henri Espérandieu, n’a fait qu’exécuter et diriger la construction de cet admirable édifice, alors qu il est manifeste, pour tous ceux qui sont au courant de cette ancienne chicane, qu’il fit en réalité édifier son propre projet.
Enfin, contrairement à l’assertion de votre rédacteur, le débat a été constamment tranché, par les diverses juridic
tions auxquelles Bartholdi n’a cessé de s’adresser, en faveur d’Espérandieu.
On peut donc nier, avec l’appui de la chose jugée, que l’idée première de la conception du Palais de Longchamp, soit du sculpteur alsacien Encore un mot : si la comparaison de l’œuvre magistrale d’Espérandieu avec la maquette en plâtre présentée par Bartholdi permet à tout artiste de se faire une opinion, je citerai celle de Léon Vaudoyer, Henri
Labrouste, Victor Baltard, Sabathier, de Nice, Louvier et Desjardins de Lyon, qui, consultés à la fois par la ville de Marseille et par la justice, émirent tous unanimement un avis défavorable à Bartholdi.
Vos lecteurs n’auront plus maintenant qu’à choisir entre l’opinion formulée dans l’article auquel je réponds et celle des éminents architectes que je viens de citer.
J’attends de votre esprit d’équité l’insertion de celte lettre dans votre plus prochain numéro et vous prie de recevoir,
Monsieur le directeur, l’expression de mes sentiments les plus distingués. E. Paugoy.
Notre correspondant sait bien que toutes les opinions ont le droit de s’exprimer dans la Construction Moderne.
Sans doute; il y a aujourd’hui chose jugée, mais est-ce que la Justice n’a pas décidé en dernier ressort que Bartholdi n’avait pas entièrement tort en ses revendications; et une transaction subséquente ne lui a-t-elle pas attribué une importante indemnité que l’artiste a simplement léguée comme encouragement à l’originalité de ses confrères?
Quoi qu’il en soit, nous comprenons fort bien que nul n’est forcé d’abandonner ses convictions personnelles. C’est précisément pourquoi nous insérons très volontiers la lettre de M. Paugoy, tout comme nous avions inséré la note antérieure qui nous avait été apportée.
En quoi le chauvinisme « bien naturel d’ailleurs » des Marseillais — comme écrivait l’auteur de cette note — aurait-il à s’olïusquer de ce que la transaction finale ne déboute pas Bartholdi?


Et pourquoi ne pas rendre à chacun la justice qui lui est due, sans faire intervenir, en des questions purement artistiques, l’extrait de naissance de tel ou tel artiste?




Est-ce uniquement parce qu’il était de Nîmes qu’Espérandieu est reconnu comme un artiste de grand talent? Et


suffit-il. que Bartholdi fut do Colmar pour être incapable d’une inspiration heureuse?
Évidemment M. Paugoy ne le pense pas plus que nous. Alors ne mettons pas en si cruelle opposition cette affreuse ténacité colmarienne, avec l’innocence de colombe et la douce résignation, aimables apanages de Nîmes et de Marseille, —• à qui celte douceur sied d’ailleurs si bien !
Voyons, M. Paugoy! Moi qui vous parle, j’adore la Provence et le Languedoc, depuis les Alyscamps jusqu’à laNymphée et même jusqu’aux allées La Fayette; ne m’accusez donc pas de ténacité exagérée à leur égard. Hé bien, je vous assure que cela ne m’empêche nullement — pour mon compte tout personnel — de dire que, si Espérandieu a fait preuve de
grand talent, Bartholdi n’en était pas dépourvu non plus; que si Bartholdi a eu l’idée première, comme le pensent les tri


bunaux sur dire d’experts, nous dit-on, Espérandieu l’aurait ensuite interprétée comme doit le faire un artiste qui a son


originalité propre. Ce n’est pas la première fois que fait semblable se produit.
Maintenant, M. Paugoy, que nous soyons ou non d’accord, laissons, je vous en conjure, les autres exprimer bien tran
quillement des avis tout contraires, si cela peut leur être agréable. Est-ce que ce n’est pas le meilleur parti à prendre?


P. P.




MAISON MATERNELLE, RUE MANIN, A PARIS


Planches 9 et 10.
La maison maternelle a pour but de soustraire à la misère les enfants des travailleurs qui, par suite de maladie ou
d’un trop long chômage, se trouvent momentanément dans la gêne. Les enfants sont abrités, nourris, blanchis, et, si
Coupe transversale.