chaude pas, si l’on n’y a plus ni cuisine, ni salle à manger, ni salon? Est-elle réduite par là à n’êlre plus qu’une con
ception abstraite, une sorte d’entité, un symbole, une simple convention de langage?
C’est ici que vont apparaître l’ulililé et la beauté du Syndicat compris à la façon moderne, du syndicat qui ouvre la porte à tous les progrès.
Il n’y aura plus de chauffage dans la maison, — sauf un appareil électrique pour le thé (on ne peut pas supprimer le thé)
et pour le nettoyage des enfants au-dessous de l’âge qui paie déjà demi-place (on ne peut supprimer totalement le net
toyage ni les enfants). Mais il y aura par îlot, par secteur, une usine qui répandra partout la douceur de température, le bien-être et la satisfaction générale.
II n’y aura plus de cuisines à domicile, partant plus do cuisinières, parce qu’il y aura, dans chaque cité, une ou plusieurs stations centrales, où tous les aliments nécessaires à la popu
lation environnante seront préparés, une fois pour toutes, d’une manière tout à fait supérieure puisque des chefs et cheffesses diplômés et brevetés surveilleront toutes les opérations. Les peuples se nourriront à la portion.
Pour la satisfaction des besoins sociaux, le salon est supprimé, avons-nous vu, et avec lui les visites et réceptions.
A ce sujet nous avons hautement loué, tout à l’heure, Mme Sletson-Gilman de l’immense sacrifice qu’elle faisait aux opinions, assurément mal placées, paradoxales, erro
nées des maris, mais qu’elle avait cru bon do ménager cependant.
Hé bien, nous avons eu tort; l auteur avait l’air de nous faire une concession que nous jugions tout de premier ordre; en fait, elle ne nous accordait rien, absolument rien.
Ce n’est pas la première fois que les maris sont victimes de semblables apparences.
Voici comment: Non, il n’y a plus à domicile de grand salon, petit salon, parloir (cacquettoire, comme on disait à la Renaissance); mais — ce qui est bien pis encore — il y aura, par îlot, quartier, ou secteur, un salon commun que chacun pourra retenir à l’avance, pour tels jours, telles heures !
Voyez-vous d’ici ce quo pourra être ce lieu de réunion collective? Que serait, à côté, la cohue du Louvre ou du Bon Marché eux-mêmes?
Si, dans l’Arche de Noé, on avait ménagé un salon commun pour tous les invités de l’arche, de toutes espèces eide toutes provenances, nous pourrions par l’imagination reconstituer l’aspect que devra présenter le salon commun du secteur qu’on nous offre. Mais à défaut de ce souvenir préhistorique, nous nous faisons mal l’idée de ce que cela pourrait être;
— ou, plus exactement, nous craignons, en voulant préciser, de nous en faire une idée absolument ahurissante.
*
* *
Peut-être faut-il concevoir la présence do quelques lits dont on ne nous parlait pas; au moins jusqu’au momentoù l’on aura inventé d’autres appareils à dormir plus perfectionnés; à moins encore que l’on ne fasse venir aussi du
secteur le sommeil dont on continuera, je pense, à avoir besoin.
Dans la création de ce home où la femme va fonder le « bonheur des générations» tel qu’il nous est promis, l’ar
chitecte no trouvera donc pas grande matière à exercer son imagination.
Mais aussi quels trésors d’ingéniosité artistique pourra-t-il dépenser dans l’établissement de l’usine centrale où se fabri
les pommes soufflées, les fêtes, bals, soirées, le nettoyage des couteaux, le lavage de la vaisselle, les réceptions familiales ou mondaines, etc., etc. !
C’est là qu’est l’architecture de l’avenir... C’est là!... C’est là! comme dit le point d’orgue final de Mignon.
Le petit édifice funéraire que reproduisent nos croquis est exempt de la banalité courante. Il se distingue par une recherche des détails, par une décoration abondante qui dénotent la main d’un artiste auquel la richesse d’ornementation est familière. On voit en effet que M. Boucher, l’ar
chitecte de ce tombeau, a atténué largement la sévérité qui est de mise dans ce genre d’architecture.
La beauté des matériaux, la finesse de la sculpture ajoutent encore aux qualités de ce monument.
ture ni le magnifique moulage de la Victoire de Samothrace;
seules, les colonnes, superbes vestiges du Palais des Tuileries de Philibert de l’Orme, et de précieux fragments d’Archilecture ornée ont pu être conservés et se dressent et s’alignent en décorant les pelouses du nouveau siège de l’Ecole, 254, boulevard Raspail (XIVe arrondissement).
Nous ne rappellerons pas, car La Construction moderne les a enregistrés presque au jour le jour, les péripéties et les né
gociations auxquelles ont donné lieu le transfcrlde son local,
la cession de son terrain, la construction de ses nouveaux bâtiments; nous y reviendrons quelque jour. Nous voulons seulement dire aujourd’hui, au lendemain de l’inauguration solennelle du nouveau siège qui a eu lieu le jeudi 20 octobre 1904, qu’à la place d’ateliers exigus, d’une grande salle pro
visoire— un provisoire qui a duré trente ans, mais qui ne consistait qu’en un véritable hangar Pombla — et d’une allée
couverte de coutil, qui était dressée chaquo année pour abriter une partie do l’exposition des résultats des concours, s’élèvent des constructions neuves, de grand caractère, d’ornementa
et où les dernières proscriptions de l’hygiène scolaire sont rieourcusement appliquées.
ception abstraite, une sorte d’entité, un symbole, une simple convention de langage?
C’est ici que vont apparaître l’ulililé et la beauté du Syndicat compris à la façon moderne, du syndicat qui ouvre la porte à tous les progrès.
Il n’y aura plus de chauffage dans la maison, — sauf un appareil électrique pour le thé (on ne peut pas supprimer le thé)
et pour le nettoyage des enfants au-dessous de l’âge qui paie déjà demi-place (on ne peut supprimer totalement le net
toyage ni les enfants). Mais il y aura par îlot, par secteur, une usine qui répandra partout la douceur de température, le bien-être et la satisfaction générale.
II n’y aura plus de cuisines à domicile, partant plus do cuisinières, parce qu’il y aura, dans chaque cité, une ou plusieurs stations centrales, où tous les aliments nécessaires à la popu
lation environnante seront préparés, une fois pour toutes, d’une manière tout à fait supérieure puisque des chefs et cheffesses diplômés et brevetés surveilleront toutes les opérations. Les peuples se nourriront à la portion.
Pour la satisfaction des besoins sociaux, le salon est supprimé, avons-nous vu, et avec lui les visites et réceptions.
A ce sujet nous avons hautement loué, tout à l’heure, Mme Sletson-Gilman de l’immense sacrifice qu’elle faisait aux opinions, assurément mal placées, paradoxales, erro
nées des maris, mais qu’elle avait cru bon do ménager cependant.
Hé bien, nous avons eu tort; l auteur avait l’air de nous faire une concession que nous jugions tout de premier ordre; en fait, elle ne nous accordait rien, absolument rien.
Ce n’est pas la première fois que les maris sont victimes de semblables apparences.
Voici comment: Non, il n’y a plus à domicile de grand salon, petit salon, parloir (cacquettoire, comme on disait à la Renaissance); mais — ce qui est bien pis encore — il y aura, par îlot, quartier, ou secteur, un salon commun que chacun pourra retenir à l’avance, pour tels jours, telles heures !
Voyez-vous d’ici ce quo pourra être ce lieu de réunion collective? Que serait, à côté, la cohue du Louvre ou du Bon Marché eux-mêmes?
Si, dans l’Arche de Noé, on avait ménagé un salon commun pour tous les invités de l’arche, de toutes espèces eide toutes provenances, nous pourrions par l’imagination reconstituer l’aspect que devra présenter le salon commun du secteur qu’on nous offre. Mais à défaut de ce souvenir préhistorique, nous nous faisons mal l’idée de ce que cela pourrait être;
— ou, plus exactement, nous craignons, en voulant préciser, de nous en faire une idée absolument ahurissante.
*
* *
En fait la maison de demain et son mobilier se réduiraient donc à un réchaud électrique, uno bouilloire, un panier de restaurant et une gamelle. C’est à peu près tout.
Peut-être faut-il concevoir la présence do quelques lits dont on ne nous parlait pas; au moins jusqu’au momentoù l’on aura inventé d’autres appareils à dormir plus perfectionnés; à moins encore que l’on ne fasse venir aussi du
secteur le sommeil dont on continuera, je pense, à avoir besoin.
Dans la création de ce home où la femme va fonder le « bonheur des générations» tel qu’il nous est promis, l’ar
chitecte no trouvera donc pas grande matière à exercer son imagination.
Mais aussi quels trésors d’ingéniosité artistique pourra-t-il dépenser dans l’établissement de l’usine centrale où se fabri
queront et se débiteront pour tous: les ragoûts, le chauffage,
les pommes soufflées, les fêtes, bals, soirées, le nettoyage des couteaux, le lavage de la vaisselle, les réceptions familiales ou mondaines, etc., etc. !
C’est là qu’est l’architecture de l’avenir... C’est là!... C’est là! comme dit le point d’orgue final de Mignon.
TOMBEAU
AU CIMETIÈRE DE MONTGERON
Le petit édifice funéraire que reproduisent nos croquis est exempt de la banalité courante. Il se distingue par une recherche des détails, par une décoration abondante qui dénotent la main d’un artiste auquel la richesse d’ornementation est familière. On voit en effet que M. Boucher, l’ar
chitecte de ce tombeau, a atténué largement la sévérité qui est de mise dans ce genre d’architecture.
La beauté des matériaux, la finesse de la sculpture ajoutent encore aux qualités de ce monument.
ÉCOLE SPÉCIALE D’ARCHITECTURE
C’en est fait, nous ne reverrons plus, boulevard Montparnasse, les arbres centenaires de l’Ecole spéciale d’architec
ture ni le magnifique moulage de la Victoire de Samothrace;
seules, les colonnes, superbes vestiges du Palais des Tuileries de Philibert de l’Orme, et de précieux fragments d’Archilecture ornée ont pu être conservés et se dressent et s’alignent en décorant les pelouses du nouveau siège de l’Ecole, 254, boulevard Raspail (XIVe arrondissement).
Nous ne rappellerons pas, car La Construction moderne les a enregistrés presque au jour le jour, les péripéties et les né
gociations auxquelles ont donné lieu le transfcrlde son local,
la cession de son terrain, la construction de ses nouveaux bâtiments; nous y reviendrons quelque jour. Nous voulons seulement dire aujourd’hui, au lendemain de l’inauguration solennelle du nouveau siège qui a eu lieu le jeudi 20 octobre 1904, qu’à la place d’ateliers exigus, d’une grande salle pro
visoire— un provisoire qui a duré trente ans, mais qui ne consistait qu’en un véritable hangar Pombla — et d’une allée
couverte de coutil, qui était dressée chaquo année pour abriter une partie do l’exposition des résultats des concours, s’élèvent des constructions neuves, de grand caractère, d’ornementa
tion sobre, mais où l’air et la lumière sont répandus à foison
et où les dernières proscriptions de l’hygiène scolaire sont rieourcusement appliquées.