criLés. — Comme disait aussi Talleyrand : quelle nécessite que tout ce monde vive?
— M. Vincent d’Indy, également musicien, ne veut pas d’enlraves, et, pour lui, l’enseignement par l’Etat est une monstruosité. — Or, les Hercule ont précisément pour mission de détruire les monstres ; tout le monde sait cela.
— M. Alfred Fouillée, philosophe très raisonnable, se demande si les Arts seraient encore plus libres qu’ils ne sont,
parce que l’Etat détournerait d’eux ses regards. Il ne veut « ni tout socialiser, ni tout individualiser ». — Les philosophes se comprennent parfaitement entre eux.
— M. de Montesquiou est convaincu que la meilleure et la plus utile occupation, pour un directeur des Beaux-Arts, est de ne pas les diriger. Il y perdrait sa peine; et ce serait dommage. — Effectivement les Arts ne sont pas un attelage dont M. le Directeur serait le cocher.
— M. G. Moreau, directeur du « Larousse », ne veut pas non plus — comme la plupart des ci-dessus — la moindre entrave; mais il souhaite le développement général (et sans entrave) de toutes les initiatives. — Qui est-ce qui les empêche de se développer dans tous les sens?
M. Moreau doit cependant bienadmeltre quelques restrictions, à défaut d’entraves, à certaines initiatives telles que collesdes cambrioleurs, des Apaches. Toutes no sont pas également utiles à l’art.
— M. Raffaelli entend que l’on ferme l’École de Home et qu’on emploie les fonds plus utilement pour des voyages en Italie. — Il a bien raison, puisque ce sont les voyages qui forment le mieux la jeunesse.
— M. Franlz Joudain, architecte, réclame la démolition pure et simple de l’École des Beaux-Arts, de la Villa Médicis « qui est une autre ambassade au Vatican (?) »; celle de l’Opéra, de la Comédie-Française, etc.
— M. de Baudot, qui passe pour intransigeant, déclare qu’en architecture l’État n’impose à personne ses conceptions et ne
contrarie en aucune façon les tendances artistiques do chacun.
On a donc, en fait, le régime de la liberté, mais sous forme autoritaire: « Supprimez le Budget si vous voulez; mais il n’est pas cause des bêtises que font les architectes. »
Pas plus, d’ailleurs, que les architectes ne sont cause des bêtises que font les auteurs du budget.
— Il nous faudrait citer les noms de MM. Baudin, Blanche, Elie Faure, Jean Grave, Le Sidaner, Mauclair, Ch. Morice,
Quontin-Bauchart, de Bouhelier, do Souza, Willette, plus connus les uns quolesauLrcs, mais qui sont tous d’accord pour repousser toute tyrannie, secouer toute entrave , lutter contre la platitude, la déchéance, les absurdités d un ensei
gnement dont le seul mérite est d’être « inexistant », pour déchirer les langes dont on cmmaillotlc les énergies, etc.
De ce côté, le langage est généralement expressif, imagé, chaud et coloré, comme on vient de voir. Mais il manque généralement de bonne humeur.
*
* *
Dans une région bien plus tempérée, M. Jules Claretie no voudrait pas que l’on détruisît ce qui existe (entre autres l’enseignement inexistant de tout à l’heure).
Il faudrait, dit-il à la revue, tout un volume pour répondre
à vos questions. — M. Claretic ne l’a pas écrit, ce volume; et cela se conçoit.
— M. G. Desvallières, peintre, ne réclame aucunedirection de l’Éta t, mais il accepte les encouragements — à titre d’encouragement.
— M. A. Fonlainas, homme do lettres, entrevoit des inconvénients, qu’il qualifie de multiples, à la suppression du budget des Beaux-Arts. « Mais une application modifiée est indispensable ». — Celle des moxas. des sinapismeseslparfois
utile. L’application de la suppression fait plus; elle est indispensable, d’après M. Fonlainas.
— M. Joseph Reinach rappelle que l’enseignement libre a toujours co-existé avec l’enseignement officiel. Ni l’un ni l’autre n’ont empêché l’éclosion de nombreux talents. Aussi supprimer le budget des Beaux-Arts serait-ce « décréter que,
dans le nouveau calendrier, la République Française devra être dénommée : République Ostrogolhique et Vandale ». — On ne peut pas le souhaiter.
— M. Gabriel Séaillos ne comprendrait pas que l’on fermât les écoles de tous ordres, pas plus que les Universités. Il faut bien que l’Étal s’intéresse aux arts comme à tout le reste. — Donc conservons-leur quelque reste de budget ;
Quelque petit morceau
De mouche ou de vermisseau.
— M. Steinlen, le peintre, termine par une réflexion des plus judicieuses, et qui nous paraît résumer et clore tout ce
débat sur la liberté chérie, sur l’autorité, sur les initiatives et les encouragements, etc., etc.
« Échoppe qui veut (remarquait-il) à la tutelle de l’État. Pas besoin de vous citer de noms ni de preuves. La liberté, c’est l’affaire de chacun.
« Il n’y a qu’à la prendre ».
Seulement voilà ! Il y en a qui ont besoin d’un tout petit encouragement do l’État, pour avoir le courage de prendre celte liberté; besoin d’un petit signe officiel d’affection pour soutenir leurs pas hésitants dans la voie indépendante où la Liberté est oxomplo de Tutelle, délivrée de toute Entrave,
soustraite à la Tyrannie bien connue qui détruit toutes les Initiatives, etc., etc., etc., etc.
Donc pas trop d’économie sur le budget des Beaux-Arts ! C’est là du moins, paraît-il, une opinion assez répandue dans le monde des arts plastiques et autres.
Seulement, chacun fait assez volontiers à l’Etal celle suprême concession: Vous pourriez, par exemple et sans inconvénient, économiser ce que vous donnez aux autres.


P. PLANAT. HOTEL MERCEDES, A PARIS


PLANCHES 16, 17, 18, 19.
Nous commençons, aujourd’hui, la publication dos ensembles et détails d’une nouvelle œuvre de M. Chédanno, l’hôtel Morcédès, situé rue de Prosbourg, dans le quartier de
l’Étoile. Cet édifice est destiné à la riche clientèle étrangère qui désire retrouver, à Paris, le confortable et les habitudes quo lui offrent les grands hôtels d’Angleterre et d’Amérique.
Nul mieux que M. Chédanne, n’était qualifié pour satisfaire aux desiderata dos fondateurs de l’hôtel Mercédès. Sa con