LE BLANC DE CÉRUSE


AO GRAND ORIENT DE FRANCE
La Loge « Los Travailleurs socialistes de France », groupe fraternel des ouvriers peintres francs-maçons du départe
ment de la Seine, avait invité nombre de personnalités de la politique et de l’industrie du bâtiment à assistera une confé
rence, organisée avec le concours du Conseil de l’Ordre, le jeudi 17 novembre dernier, dans la Salle des Fêtes du Grand Orient de France, sur l Empoisonnement des ouvriers peintres par le blanc de céruse et les composés du plomb.


Particularités dignes d’être retenues: la conférence était


faite par M. Paul Brouardel, doyen honoraire de la Faculté de médecine de Paris, sous la présidence de M. Georges
Clemenceau, sénateur du Var, tous deux n’appartenant pas à la franc-maçonnerie, et les portraits peints en pied des plus célèbres femmes littérateurs et artistes françaises du milieu du xixe siècle, Mmes de Girardin, Rachel, Dorval, Noblot, Flore, etc., — ressouvenir de la première destination de la salle qui fut la salle de concert du Casino-Cadet,— décorent encore cette Salle des Fêtes du Grand Orient.
Ces observations de chroniqueur faites, disons que la conférence, plutôt une magistrale leçon du Dr Brouardel, eut un immense succès et n’eut pas de peine à convaincre des con
vertis; que M. G. Clémenceau fut aussi applaudi en faisant vibrer des paroles animées d’un grand souffle libéral et huma
nitaire et en adjurant les pouvoirs publics aussi bien que tout ce qui se rattache au bâtiment, de faire leur devoir pour sauver chaque année de la mort des centaines d’existences et en préserver beaucoup plus encore de cruelles maladies.
Mais, avant de terminer, qu’il nous soit permis d apporter notre faible contribution à cette histoire de la lutte contre les ravages du blanc de céruse.
Nous tenons de notre aïeul, qui fut président de la Chambre syndicale des Entrepreneurs de peinture en même temps que vénérable d’une Loge maçonnique à l’époque, vers 1840,
où Jean Leclerc essayait de faire substituer le blanc de zinc au blanc de céruse, le renseignement suivant: les entrepre
neurs de peinture n’ont pas encouragé et ont même résisté à la campagne que faisait Jean Leclerc parce que ce dernier, épris de tendances humanitaires et socialistes, recomman
dait en môme temps d’intéresser les ouvriers aux bénéfices des patrons, système qui est devenu aujourd’hui la participation aux bénéfices et qui troublait singulièrement les habitudes patronales du moment.
Aujourd hui, il faut l’avouer, quelques données de détail et les intérêts de quelques gros usiniers retardent encore la
substitution du blanc de zinc au blanc de céruse, mais c’est une affaire de pou do temps.


CONSULTATIONS TECHNIQUES


FERME EN ROIS A GRANDE PORTÉE J POUSSÉE SUR LES MURS.
Appelé à examiner une construction de hangar exécutée récemment et qui ne me paraît pas se trouver dans les con
ditions de solidité voulue, je me permets, comme ancien abonné à votre journal, de recourir votre grande compétence pour vous demander :
1o Si les dispositions et dimensions des bois composant la
ferme dont je vous adresse inclus le dessin, sont suffisantes; et
2o Quelles devraient être les dimensions des murs et piliers pour obvier à la poussée de la ferme sur les murs; poussée qui m’inquiète, d’autant plus que, il y a quelque temps, lors d’un fort coup de vent d’Ouest, des fissures so sont produites dans los piliers et les murs que je vous indique dans le plan.
Le bâtiment se trouvant placé de tous côtés, pour ainsi dire, sur la limite du terrain, et la disposition de contreforts extérieurs par ce fait même devenant impossible, quel serait, à votre avis, le meilleur moyen pour garantir la stabilité de ce bâtiment?
Ne serait-il pas indiqué de modifier la disposition des arbalétriers suivant croquis ci-contre?
Je vous ferai observer que l’on tient à conserver le plus de place possible à l’intérieur.
Les fermes sont au nombre de six et leur écartement est de 4m,05 d’axe en axe.
Tous les bois sont en sapin des Vosges et la maçonnerie, assez mal exécutée, est composée de très bons moellons durs du pays avec du mortier de chaux ordinaire fait avec du mau
vais sable terreux; de sorte qu’elle laisse beaucoup à désirer au point de vue de l’exécution.
La densité de cette maçonnerie est d’environ 2 à 2.200k par mètre cube. La couverture, en tuiles mécaniques Gilardoni,
pèse environ 40k par mètre carré, et les vents d’Ouest sont ceux qui soufflent le plus souvent en tempête, ce qui fait que le bâtiment aura beaucoup à en souffrir.
J’ai été informé aussi que les tirants en fer n’ont été placés qu’après coup par l’entrepreneur qui a dû s’apercevoir de leur nécessité au moment de monter les tuiles.


Les tirants ne devraient-ils pas plus tôt être fixés aux blochets des pannes semelles?


Réponse. — Voyons d’abord comment se comporte la ferme sous la charge que l’on peut, avec couverture en tuiles mécaniques, évaluer à raison de 130k au mètre superficiel.
D’après l’écartement des fermes, qui est de 4m,05, et celui des pannes, qui est d’environ 3m,70, on peut évaluer la charge d’une panne à
3m,70 X 4m,05 X 130k = 1.950k.
Ce poids est élevé pour une panne; voyons si la pièce a des dimensions suffisantes.
Le moment de flexion est 1.950k
soit 980 environ.


Avec cette section de 16 X 18, leest




ou


0.000864. Le travail du bois s’élève donc à
ou 114k par


centimètre carré. Ce chiffre est exagéré; la panne est faible.


Pour l’ensemble de la ferme, examinons trois cas différents: suivant que la ferme ne subit aucune flexion, ce qui exigerait un réglage parfait qui n’est généralement pas réa
lisé; suivant que l’ensemble des jambes de force porte une plus forte part du poids total, le pied de l’arbalétrier n’en
supportant alors qu’une faible partie; enfin, suivant que c’est, au contraire, le pied de l’arbalétrier qui porte la majeure partie de la charge. Ces trois cas peuvent so réaliser aussi bien les uns que les autres; il convient, en consé
quence, de prendre pour chaque pièce les conditions qui se présentent le plus défavorables.


Nous réduisons la ferme à ses pièces essentielles et traçons