Pour la connaître, il suffît de se rappeler la définition formelle et absolue du mot « restauration » que l’illustre maître donne dans son dictionnaire.
Nous ne la transcrirons pas ici, mais nous profiterons volontiers de l’occasion pour renvoyer nos lecteurs au numéro de la Construction Moderne du 29 octobre dernier, où elle a été citée dans un substantiel article portant le titre :
Iieslauralions et Restitutions. A ce propos, il nous est même très agréable de constater que M. de Baudot semble être en tous points d’accord avec l’opinion qui était exprimée ici ; et ce, non seulement en ce qui touche les principes fonda
mentaux d’une intelligente restauration, mais aussi sur la question qui a trait à la classification des édifices anciens.
D’après ces principes, restaurer un monument, c’est conserver et mettre en valeur toutes ses parties; mais rien de plus une réfection même partielle ne doit être tolérée que lorsqu’elle est réellement indispensable.


En d’autres termes : il faut restituer le moins possible ; restaurer peu et consolider constamment.


Telle est la règle générale, désormais bien établie et clairement exposée. Mais, comme toute règle, elle est plus facile à formuler qu’à suivre.
M. de Baudot nous le prouve en faisant passer devant nos yeux quelques exemples de monuments restaurés où les principes énoncés plus haut ne trouvèrent pas leur application, ou ne furent appliqués que partiellement.
Dans la cathédrale d’Angoulême, par exemple (voir ci-contre) l’architecte, nous dit M. de Baudot, a visiblement dépassé la mesure du tolérable en modifianttoute la partie supérieure de l’édifice. Il a rompu ainsi les puissants éléments qui assuraient au monument primitif son unité de la base au sommet.
A la cathédrale de Bayeux, on s’est avisé, à la suite d’un incendie qui détruisit le clocher, de le reconstruire, non pas tel qu’il était, mais tel qu’il aurait dû être, en le couron
nant, à cet effet sans doute, d’une lanterne qui rappelle celle du dôme des Invalides.
M. de Baudot critique encore le procédé qui consiste à ajouter, sans contrôle scientifique, des arcs-boutants là où une seule rangée eût été amplement suffisante, comme à la cathédrale de Reims où cette adjonction, logiquement anormale, fut jugée inutile et démolie postérieurement.
A ce propos, il nous montre une travée suivant une section de ses éléments constructifs pour nous prouver qu’un
arc-boutant doit être construit en ayant pour axe une courbe mathématiquement déterminée afin de réaliser, à lui seul, l’équilibre parfait.
Par contre, il approuve la restauration que l’on fit, dans la même cathédrale, à la galerie à jour, portant le caniveau.
Cette admirable galerie, dénommée aussi le diadème, devait sa richesse, nous dit-il, à la nature de la pierre employée qui était, dans l’espèce, une pierre très tendre et, par suite, facile à sculpter.
Du moment que l’on jugea à propos de lui substituer une pierre plus dure, il était naturel que sa richesse primitive ait cédé le pas à une autre beaucoup plus simple.
Enfin, l’éminent architecte en chef des Monuments historiques termine sa très intéressante conférence, en nous
rappelant que pour conserver, il faut d’abord et avant tout entretenir. Il faut réveiller l’indifférence, stimuler le zèle et se rendre compte qu’en coopérant pieusement à la conser
vation d’un intéressant édifice, on conserve un morceau du patrimoine national. A. Gelbert.


VILLA k NOGENT-SUR-MARNE


Planches 21 et 22.
La villa construite à Nogent, par M. Boucher, se distingue par les tendances très modernes qui ont présidé, non seule
ment à sa composition architectonique, mais encore à sa construction matérielle.
On peut voir par les plans, que l’architecte, loin de chercher la symétrie dans la distribution, paraît plutôt avoir voulu l’éviter. Il y a ici quelque analogie avec les plans des
cottages anglais, qui n’ont rien d’académique et n’en sont pas moins confortables et agréables d’aspect. La recherche du bel effet produit sur le papier par les points de poché har
monieusement répartis, est une tradition qui heureusement va en s’affaibfissant
Disons d’abord que les façades, dans leur ensemble, comme dans leurs détails, procèdent d’un juste souci d’allier logiquement la structure del’edifice a sa décoration. Les nom
breux décrochements donnent du mouvement à cette petite maison, ainsi qu’on le comprend d après les élévations, et qu’on
Villa à Nogent-sur-Marne : angle du porche.