ÉLÉMENTS ET THÉORIE DE L’ARCHITECTDRE


Par M. J. Guadet
NOUVELLE EDITION (1)
Nous avons mentionné précédemment ( V. paye 56) l’apparition du premier volume do la nouvelle édition, revue et augmentée, du Cours de Théorie professé à l’Ecole des Beaux- Arts par M. Guadet,
Nous n’insisterons pas à nouveau sur le grand succès qui a accueilli ce bel ouvrage, succès consacré d’ailleurs par une souscription du ministère de l Instruction publique et des Beaux-Arts, et qui a si rapidement nécessité le tirage d’une nouvelle édition, remaniée et augmentée. Disons seulement que le 2e volume vient de paraître, et que les éditeurs se sont mis en mesure de hâter l’apparition des doux volumes restant à paraître.


CORRESPONDANCE


Monsieur le Directeur,
Dans son numéro du samedi 3 décembre dernier, le journal l’Echo de Paru publie la liste des membres de la Commission de révision du Code civil.
J’ai lu bien attentivement cette liste et n’ai pu y rencontrer un ingénieur, un architecte.
Cependant quelques journalistes, hommes de lettres, y figurent avec de nombreux députés coudoyant des jurisconsultes. Pourquoi celle exclusion ?
Ne croyez-vous pas que des architectes, journellement on contact avec la justice, n’y seraient pas à leur place et que leur expérience ne serait pas utile au meilleur de nos juris
consultes dont la science juridique s’égare trop souvent dans l’application de la loi sur des questions toutes professionnelles ?
Je m’étonne que nos sociétés ne se soient pas émues de cet isolement et je me permets de jeter le cri d’alarme.
Déjà, lors de l’étude du Code civil de 1804, les architectes furent laissés de côté. Seul, Monge, si je no me trompe, fut admis à donner son avis, — au plus grand bénéfice des Ingénieurs et conducteurs de l’Etat. Heureuses gens !
Veuillez agréer, Monsieur le Directeur, mes civilités très distinguées.
Un architecte.
Les observations de notre correspondant nous paraissent très justes. Il est certain que, par exemple, les professeurs de jurisprudence de nos grandes écoles d’architecture eide construction, ainsi que des architectes et ingénieurs expérimentés seraient utilement adjoints à la Commission de révision du Code civil.
Monsieur le Directeur,
Si j’en crois votre dernier article, on pétitionne, on a pétitionné et voilà bientôt les futurs grands hommes connus
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et inconnus à la porte des plus beaux jardins de la capitale le Luxembourg et les Tuileries. Quelle tuile! On les accuse d’épouvanter les joyeux ébats des petits fanfants! ils seront expulsés, telles les congrégations. Où iront-ils? Où les placer? Voilà la grande question! Eldire que les bureaux de placement sont supprimés !
Je vous soumets une idée, voire plusieurs ; si ça ne fait pas de bien, ça ne fait pas de mal. Donc, je dis que les places abondent, faites tout spécialement pour les statues. Je vois d’ici votre étonnement. (J’en ai un œil, hein?) Lisez, s’il vous plaît.
J’ai toujours pensé que les niches n’étaient pas faites pour les chiens. Ne croyez pas à ma folie; poursuivez, je vous en prie. J’entends ainsi celles faites pour les statues. C’est une vérité de ce vieux La Palisse, pas vrai ? Très drôle, très drôle! Je suis sûr que vous pensez que je blague et que je veux faire une niche. Je proteste énergiquement ; cela m’est impossible. J’arrive au but.
Rue de Rivoli, sur la triste et sale façade de notre meilleur ministère (celui qui palpe), entre les guichets du Louvre et le jardin des Tuileries, il existe des niches par douzaines pour loger les pauvres statues errantes. N’est-ce pas là de l’humanité en action, du vrai socialisme, non plus en rêve, mais en réalité. Résultats: Celte façadepauvre devientrichc ;
de maussade, elle est gaie; de plus, ça ne coûte pas un radis à ces bons et chers contribuables, et, détail intéressant pour le Monsieur sculpté, les niches étant à des étages différents,


il pourrait être placé plus ou moins à la hauteur. (J’ai bien pour qu’on soit obligé de faire des niches dans les fondations). Ce serait justice.




Quelle trouvaille ! Et pourtant j’ai mieux.


Vous me direz avec raison que, ces quelques douzaines de grands hommes placés, il y en aura d’autres qui risqueront de se battre pour s’arracher les billets. C’est dire que le problème n’est pas entièrement résolu.
Je réponds que Ton peut trouver de suite, pour le stock le plus pressé, des milliers de places en expulsant les saints des temples religieux. Quoi de si extraordinaire? On désaffecte les églises, on a chassé les saints des plaques des rues, on a expulsé les congrégations, les saints en font bien partie, et n’est-il pas question de les resupprimer du calendrier? Je suis pour les mesures complètes.
Vous me direz encore que, ces milliers placés, il y en aura toujours. Je sais. J’ai donc à vous donner la solution élé
gante qui permettrait de placer une infinité de statues e: à l’œil (toujours). Si les sculpteurs ne m’en érigent pas une, ce sont de jolis mufles. Voici :
Si les statues augmentent sans cesse, les maisons se multiplient constamment.
Pour les constructeurs parisiens, la Ville a fait remanier un règlement merveilleux autant que moderne. Ne pourraiton y ajouter un petit article, tout petit, petit, invitant gra
cieusement Messieurs les Architectes à ménager dans leurs façades une ou plusieurs niches que l’on décorerait d’une ou plusieurs statues vagabondes et toujours à l’œil (oh, cet œil !),


Ce serait charmant de travailler ainsi à jouer à qui fera la plus belle niche, et notez que tout le monde y trouverait son