surpeuplement, mais encore indiquer les quartiers et les îlots des villes où l’encombrement et la mortalité correspondante dépassent la moyenne. Ces renseignements mettront en lumière le nombre de logements salubres à édifier et à mettre à la disposition des habitants de chaque ville. Cette question présente donc un intérêt spécial pour les architectes et pour tous les corps de métier touchant au bâtiment.
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En vue d’éviter et de prévenir les inconvénients trop souvent constatés dans les agglomérations urbaines qui se sont formées au hasard et sans aucune réglementation, le Congrès a émis le vœu que les municipalités, même celles des villes à population restreinte, fussent mises dans l’obligation d’adopter des plans généraux d’alignement et de nivellement, ainsi que des règlements sur la salubrité de la Construction. Sur ce dernier point la loi du 15 février, si elle est appliquée, semble donner satisfaction aux Congressistes.
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A notre avis, le Congrès aurait dû généraliser pour toutes les habitations, urbaines ou rurales, le vœu présenté par la Section III pour les seules habitations ouvrières et qui tend à modifier la loi du 3 mai 1841 sur l’expropriation pour cause d’utilité publique, dans le sens suivant. Pour la fixation des indemnités à allouer aux propriétaires expropriés, le jury devrait tenir obligatoirement compte de la vétusté, du surpeuplement et de l’insalubrité des immeubles dont l’évaluation par le revenu serait interdite.


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Comme confirmation des idées discutées par la Section des Habitations urbaines, sur lesquelles nous nous sommes étendus précédemment, nous signalerons encore sans les commenter les deux vœux suivants qui ont été votés sur la présentation de la Section des Habitations ouvrières.
Le premier de ces vœux demande qu’en vue do prévenir la tuberculose, les murs des habitations aient une hauteur et les cours intérieures une superficie telles que les rayons lumi
neux, inclinés à 45° sur l’horizon, puissent venir frapper le pied des murs de face, en laissant les cours intérieures ouvertes d’un côté, comme cela se pratique en Italie et comme le proposent MM. Juillorat et Pagliani.
Le second vœu que nous voulons signaler est ainsi libellé : « Il y a lieu de mettre des entraves à la construction des «maisons à étages, en les soumettant à l’observation de « règlements assurant aux locataires une habitation non « seulement hygiénique mais encore solide et économique »
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Pour terminer l’examen de la question de la Salubrité de la Cité, nous résumerons une très intéressante communication de M. le Dr Prochazki de Prague sur la prétendue oppo
sition des exigences de l’hygiène moderne avec la sauvegarde du caractère historique des Villes,
Trois facteurs principaux concourent à la prospérité des grandes villes : la fortune, la salubrité, la beauté des aspects et des monuments. Depuis quelques années, les deux premiers de ces facteurs semblent se réunir contre la beauté. La com
munication que nous examinons s’appuie sur des statis
tiques relevées dans la ville de Prague pour démontrer qu’il y a possibilité de tout concilier.
A Prague, on peut, paraît-il, distinguer trois types do quartiers :
1° Le vieux ghetto habité par des pauvres dans des conditions très défavorables. Ce quartier succombe en ce moment même à l’œuvre d’assainissement systématique poursuivie par la municipalité;
2° La Mala Slrana ou Petite Ville circonscription tout homogène, presque entièrement historique, massée pitto
resquement sur la rive gauche du fleuve, abritée par le château royal et la cathédrale, pleine de vénérables palais, de demeures patriciennes, de vieilles rues enchevêtrées et contournées de recoins pittoresques et de nombreux monuments historiques ;
3° Divers quartiers modernes ou modernisés qui peuvent se ramener au type dit de la Nouvelle Ville. Ces quartiers sont très peuplés par une population riche ou tout au moins aisée.
Des statistiques poursuivies pendant plusieurs années ont permis de comparer l’état sanitaire de ces trois types de
quartiers. Les résultats obtenus ont été tout autres que ceux auxquels on s’attendait. Le quartier historique, en effet, a été reconnu le plus salubre et la mortalité a été, pour la même
superficie, à peu de chose près la même dans le quartier pauvre et dans le quartier moderne.
De ces résultats, le docteur Prochazki a tiré pour les vieilles villesetpour Pragueen particulier les conclusions suivantes:
1° L’obligation s’impose absolument d’assainir les vieuxquartiers et de supprimer les rues étroites et sales qui sont le siège des maladies infectieuses et de la tuberculose ;
2° Il ne faut pas, au point de vue de l’hygiène, reconnaître comme un progrès absolu le remplacement des vieux quar


tiers par des rues modernes bordées de maisons de rapport.


Ces dernières, en effet, s’emparent de tout l’espace déblayé et suppriment les jardins. La cohabitation dans une même
maison de dix à douze familles logées les unes au-dessus des autres remplace, sans la supprimer, la promiscuité que ces mêmes familles avaient en surface dans les vieux quartiers. Si, à côté de l’assainissement de ces vieux quartiers, on ne se préoccupe pas d’assurer de meilleures conditions générales de salubrité, on ne fera que déplacer le mal en créant dans les faubourgs des quartiers aussi sordides et aussi malsains que les anciens;
3° La conséquence des considérations sanitaires précédentes est qu’à Prague et dans toutes les grandes villes, rien ne plaide en faveur de la transformation des vieux quartiers patriciens en modernes quartiers tels qu’on les construit actuellement. La maison de rapport moderne de 4 ou 5 étages ne représente pas du tout l’idéal de l’habitation saine. Elle s’en éloigne plus que la maison patricienne des vieux Romains et que la maison du moyen âge.
L’auteur de la communication conclut en définitive à la conservation des antiques façades des maisons du quartier historique et au maintien de l’équilibre actuel des espaces pleins et des espaces vides.
Ces conclusions ne sont pas le moins du monde en désac
cord avec les idées des salubristes français qui reconnaissent