vénients de la pérennité du marbre et du bronze. L’illustre personnage qui, en bronze, invente une fois la quinine, l’in
ventera toujours et tout le temps, aussi longtemps que durera le bronze dont ils sont faits, lui et sa quinine.
D’autres, au dire de M. Lalo, mesurent et continuent à mesurer des crânes. Ici nous nous élèverons contre cette assertion. Broca, — car c’est de lui quel’onparle, —nemesure pas de crânes, il n’en mesure qu’un seul, le sien probablement.
Et c’est justement ce qui rend cette mensuration dans l’éternité plus particulièrement intolérable. Si persévérant que fût l’illustre Broca, il y a tout lieu de croire qu’il chan


geait de crâne, de temps en temps, quand il les me murait,


et qu’il ne s’acharnait pas indéfininent sur le môme. Qu’estce que la science yaurait gagné?
Si nous contredisons M. Lalo, c’est donc pour mieux abonder dans le même sens que lui.
*


* *


Ce qui le désespère encore davantage, c’est que ces figures sont uniformément laides et mal venues, soit qu’elles pren
nent des attitudes violentes et pompeuses, soit qu’elles se réduisent à la simple méditation qui est à la portée de tous. Il les déclare à la fois banales et saugrenues.
Il y a pourtant d’habiles sculpteurs; mais il faut croire que la malchance les poursuit dès qu’il leur faut glorifier un grand homme pensif ou énergique. Mais enfin, dit-il, sup
posons un Beethoven admirablement réussi par un statuaire des plus éminents.
Où va-t-on le mettre? Question que ne se posent jamais les Comités, et qu’il faudrait cependant, en bonne règle, poser et résoudre tout d’abord.
Ainsi voyez, dit-il : Il y a un Penseur de Bodin. Il y a aussi une Commission spéciale chargée de poser quelque partie Penseur. Où va-t-elle, après mûres délibérations, verser le chef-d’œuvre qui lui reste sur les bras ?
Le Médecin malgré lui avait une femme — avec des enfants sur les bras, à défaut de Penseur; que lui dit-il ? — Pose les à terre.
C’est ce qu’a fait la Commission spéciale. Elle a pris un fiacre taxamètre, a fait installer son bloc sur la galerie, et nuitamment l’a déposé devant le Panthéon, où il y a pourtant un factionnaire.
Alors M. Lalo est amené à se demander : Pourquoi le Rodin et le Panthéon ainsi confrontés et mis en présence?
Le style de M. Rodin et de Soufflot sont-ils donc tout pareils ?
Qui donc oserait l’affirmer? Alors Beethoven courrait grand risque d’être ainsi déposé, un beau soir ou quelque beau matin, en quelque lieu ignoré, ou devant quelque monu


ment que rien n’appelait à l’honneur d’hospitaliser Beetho


ven : « Il ne fera qu’ajouter un las de pierres inutiles à tous les inutiles tas de pierres dont Paris est plein ».
Hélas! c’est la vérité même; et M. Lalo préférerait de beaucoup, pour honorer l’illustre musicien, qu’on exécutât congrument quelques-unes des dernières sonates, quelquesuns des derniers quatuors ; qu’un public respectueux allât les écouter avec recueillement. L’argent serait mieux employé à organiser quelque belle et bonne représentation de


Fidelio, ou quelque parfaite exécution de la Messe en ré.


L’idée est des plus justes. Aussi combien serions-nous heureux d’apprendre qu’on appliquera désormais le même prin


cipe à nos grands hommes d’Etat ; heureux d’apprendre que,


au lieu de leur consacrer des bronzes, marbres, ou tas de pierres encombrants, on organisera une merveilleuse lec
ture de leurs plus longs discours, — à la condition que leurs admirateurs seront seuls autorisés à aller écouter et les entendre avec tout le recueillement et l’admiration nécessaires.


P. P. UN INSTITUT NATIONAL AMÉRICAIN


A PARIS


( Voir page 120).


La création, à Paris, d’un palais dans lequel fonctionnerait, sous le patronage du Gouvernement des États-Unis, une Écolo des Beaux-Arts décernant annuellement des prix de Paris et présentant quelque analogie avec l’Académie de France à Rome, vient de faire un grand pas.
Saisi une première fois, par les fondateurs de l American national Inslitute de New-York, de la demande de conces
sion d un terrain communal, par bail à longue échéance et renouvelable, moyennant un franc par an de loyer, afin d’y construire le Palais dudit Institut, le Conseil municipal avait, par délibération du 28 décembre 1899, sur la propo
sition de M. Clairin, au nom do la 4e Commission, adopté le principe de la concession; mais, quelques mois plus tard, le 12 juillet 1900, sur une proposition de M. Fortin, le Conseil, adoptant les conclusions de M. Bussat, avait rapporté cette délibération.
Il avait surtout été rappelé, à cette dernière date, contre la proposition de concession, que les œuvres d’art impor
tées aux États-Unis sont frappées de droits de douane fort élevés et qu’il n’était peut-être pas opportun de faciliter aux Américains les moyens de fréquenter les ateliers et de suivre les leçons de nos maîtres français.
Mais le Conseil municipal vient d’être appelé à se prononcer une troisième fois et, après une nouvelle étude appro
fondie des anciens rapports de MM. Clairin et Bussat, après surtout des éclaircissements nouveaux fournis à la 4e Com
mission et résumés dans un rapport de M. Robert Lambelin, il a pris, le 2décembre dernier, une délibération par laquelle l’Administration est invitée à entrer en pourparlers avec les fondateurs de Y American national Institute, afin de leur concéder par bail à longue échéance et renouvelable, moyennant un franc par an de loyer, un terrain de la Ville de Paris, situé de préférence dans la zone à aliéner en bor
dure du Champ-de-Mars, pour la construction du palais dudit Institut; les plans du palais projeté devant être soumis à l’approbation des services d’architecture de la Ville de Paris, et la convention à intervenir ne devant être ratifiée par le Conseil que dans le cas, ce qui ne semble faire doute, où le Gouvernement des États-Unis fera, à l’Institut national américain, dans le délai d’un an, une donation de 250.000 dollars, soit un peu plus de 1.250.000 francs.


Cette dernière clause, que l’on peut traiter de rédhibitoire,




semble avoir voulu, peut-être à dessein, exiger de l’Institut