Moderne. Ce bel ouvrage, composé d un court traité théorique et de seize planches en couleur grand format (33X45), comprend les reproductions à l’aquarelle de travaux exécutés à Paris et dans les départements, pour des archi tectes tels que MM. Bertrand, Brisson, Langlois,H. Mayeux, Dejean, Papinot, Besplandy, Binet, Saufïroy, Saladin, Nénot, Boesch, etc.
Le traité descriptif formant préface donne tous les renseignements nécessaires pour la fabrication des sgraffites dont l’emploi est si économique qu’il ne revient pas à plus de 20 ou 30 francs le mètre superficiel. Quant aux planches, elles donnent l’impression la plus exacte du charmant effet que l’on peut obtenir par cette ornementation si simple et si artistique.
En voyant quels heureux résultatsont éléobtenusau musée de Limoges par M. H. Mayeux, aux thermes d’Evian par M. Nénot, à la Maison de Pont-aux-Dames, par M. Binet,
tous les architectes comprendront quel champ fécond est ouvert à leur activité artistique.


LE MUSÉE DES ARTS DÉCORATIFS


Le Président do la République, assisté des secrétaires généraux de la Présidence, de M. Bienvenu-Martin, ministre
do l’Instruction publique et de M. Dujardin-Beaumeiz, soussecrétaire d’Etat aux Beaux-Arts, de M. de Selves, préfet de
la Seine et de M. Lépine, préfet de police, etc., accompagné de plus de Mme Loubet et d’un certain nombre de dames, a inauguré le lundi malin 29 mai le Musée des arts décoratifs
qui, dans quinze ans, jour pour jour, appartiendra à l’Etat et sera le Musée national des arts décoratifs.
En présentant à M. le Président scs collaborateurs et plus spécialement M. Bouilhet, premier vice-président de l’Union Centrale des Arts décoratifs et M. Metman, conservateur du Musée, M. Georges Berger, président du Conseil d’Adminislration du Musée et à l’énergique ténacité duquel est dû le magnifique résultat obtenu, a, dans une courte allocution, rappelé, sans en retracer toutes les vicissitudes, que la créa
tion du Musée était, avant tout, une œuvre d’initiative privée,
ce qui a permis à M. Loubet, en félicitant chaleureusement M. Berger et ses collaborateurs, do déclarer que, « n’étant pas étatistc, il a toujours estimé qu’il fallait laisser à l’ini
tiative individuelle sa large place »; puis a commencé une visite relativement minutieuse des quatre-vingt-quatre salles actuellement installées, lesquelles occupent sur trois étages les deux ailes de droite et de gauche d’un vaste hall destiné
aux Expositions temporaires et remplaçant l’ancien escalier construit, mais laissé en épannelage avant 1870, par feu Hector Lefuel, pour conduire, de la rue de Rivoli ou de la cour du Carrousel, les invités des Tuileries à un grand
vestibule d’honneur situé au premier étage au Pavillon de Marsan et de là dans les salles des fêtes.
Nous comptons revenir quelque jour sur les principales œuvres d’architecture et des arts qui s’y rattachent contenues dans le nouveau Musée; mais aujourd’hui nous devons, avec les plus éminents de nos confrères venus à son inauguration, féliciter surtout l’architecte des palais du Louvre et des Tui
leries, devenu l’architecte du Musée, de l’habileté et du talent avec lesquels il s’est tiré du difficile et ingrat problème d’art que lui a légué son prédécesseur, M. Lefuel.
Installer un musée, dans une situation admirable, il est vrai, mais dans une cage d’escalier, entre deux façades, l’une sur la rue de Rivoli, l’autre sur la cour du Carrousel, dont les axes et les dimensions des baies sont différents et créer un hall monumental dissimulant avec succès ces irrégularités tout en employant, pour sa décoration sobre et puissante, mais d’une rare élégance, les masses de pierre laissées par son prédécesseur, ne sont pas problèmes courants de construction et de décoration dans la carrière même d’un maître, et il faut, certes, pour y réussir, plus d’ingéniosité, d’é­
tudes et, répétons-le, de talent qu’il n’en faudrait dépenser pour créer de toutes pièces un palais isolé dans une promenade publique.
Ceux qui se rappellent les beaux travaux de M. Redon, à l’Ecole et à Rome, sa médaille d’honneur au Salon do 1890 pour sa belle restauration des temples de Baalbek et ses beaux agencements des nouvelles salles du Louvre, ses confrères surtout, n’ont pu être étonnés delà remarquable virtuositéqu’il a déployée dans l’œuvre ingrate qu’il vient d’accomplir et qui lui fait le plus grand honneur ; mais le public, cependant trié sur le volet et très artiste à sa façon, qui se pressait hier dans le bail du Musée des Arts décoratifs, ne nous a pas semblé
Avant-scène.