assez apprécier les difficultés vaincues et la science cl l art dépensés par l’architecte.
C’est pourquoi nous avons pensé que ce n’était que justice de le dire ici en ajoutant que M. Redon a été secondé dans ces travaux par un jeune architecte diplômé, M. Albert Janly, fils de l’inspecteur du Palais du Louvre et des Tuileries.
Charles Lucas.
DE LA PLACE DD TROCADÉRO
Nous avions solennellement promis de reproduire une vue de ce kiosque sorti, comme jadis Vénus Aphrodite, du sein des flots, mais aujourd’hui établi en terre ferme. Nous exécutons fidèlement cette promesse.
On pourra constater la présence de sable, de cailloux, de
terre même, soigneusement damés, pilonnés, réglés avec le plus grand soin et qui ont définitivement comblé feu le bassin dont la disparition nous laisse inconsolables.
Devant un fait aussi incontestable il n’y a plus qu’à s’incliner. La discussion est close.
On propose, paraît-il, de donner à quelqu’une do nos rues le nom de Paul Dubois, qui fut ur, grand artiste et dirigea notre Ecole des Reaux-Arts. De qui dépendrait l’adoption de cette proposition que tous doivent considérer comme amplement justifiée?
L’affaire n’irait pas toute seule; il y a des règles consacrées, il y a même des lois à ce sujet.
Lorsque des voies privées sont créées à travers des terrains appartenant à des particuliers, ceux-ci ont parfaitement le droit do donner, aux rues percées et entretenues par eux, tel nom, plus ou moins fantaisiste, qui leur plaira. On pour
rait relever quelques exemples d’excentricités, généralement romanesques ou sentimentales, en pareillo circonstance; elles ne nuisent à personne.
Mais, d’ordinaire, le propriétaire, souvent entrepreneur, préfère léguer son nom à la postérité en l’attachant à la rue ouverte par lui.
C’est ce qui arrive en ce moment à la rue Bréda qui va
être débaptisée en faveur d’Henri Monnier, dit-on. Quelquesuns supposaient que, Bréda étant le nom d’une place forte étrangère, on avait, à l’origine, voulu commémorer quelque siège important. Il n’en était rien, Bréda fut jadis le pro
priétaire des terrains et crut évidemment perpétuer son souvenir en leur donnant son nom.
Ce calcul réussit rarement. La rue finit toujours par passer entre les mains de la Ville; et, comme celle-ci a généralement, en retard, des noms illustres à glorifier et qui atten
dent depuis quelque temps, le propriétaire primitif se trouve nominalement exproprié tôt ou tard.
Pour les voies publiques, entretenues par les villes ou communes, le cas est plus compliqué. Les rues, anciennes ou neuves, qu’il s’agit de baptiser ou de débaptiser ont alors pour parrain ou marraine l’administration municipale qui a charge et mission de choisir noms et prénoms.
Il paraît même que ce privilège découle (; implicitement » d’une loi de 1700, loi qui ne charge pourtant ces sortes d’ad
ministrations que « d’assurer la liberté et la commodité de la circulation ». A première vue, on ne se rendrait pas facile
ment compte de la manière dont un nom de rue augmente la commodité, et influe sur la liberté de circulation le long de sa chaussée ou de ses trottoirs. Mais, avec ingéniosité, on a supposé que les législateurs avaient « implicitement » compris qu’un nom coloré de telle ou telle nuance politique, religieuse, littéraire ou scientifique, pouvait déplaire à cer
tains locataires ou à leurs visiteurs habituels, tandis qu’il exciterait chez d’autres un enthousiasme exagéré.
Ces prévisions sont un peu compliquées, mais elles ne vont pas beaucoup au delà des probabilités ordinaires et réelles. En fin de compte, les municipalités ont le droit de désigner les noms qui leur conviennent, à moins que...
... Car tout est difficile en matière administrative ; aussi faut-il prévoir do nouveaux obstacles; — donc : droit acquis aux municipalités... à moins que l’adoption d’un nom désigné ne comporte un hommage public.
Généralement les noms peu connus ne sollicitent pas un hommage aussi important. Mais il est des noms, momenta
nément considérés comme illustres, et qui pourraient soulever quelques contradictions. Aussi le cas est-il prévu : en cas d’hommage public, il faut un décret du chef de l’Etat luimême; cette fois, c’est une ordonnance royale (ou impériale?) de 1810 qui y a pourvu.
Cette façon de procéder n’a pas toujours souri au Conseil municipal de Paris qui, quelle que soit la nuance des opi
nions de sa majorité, aimerait assez à disposer d’un certain nombre de nominations en ce genre, pour les personnages qu’il admire le plus. On lui a toujours opposé l’ordonnance royale.
On pourrait même se rappeler quelques commencements de conflits engagés à ce propos. A certains moments souffla une véritable rafale qui risquait d’emporter beaucoup de vénérables et souvent pittoresques noms de nos anciennes rues, pour fairo place à des célébrités fraîchement écloses, et dont, parfois, on aurait dès aujourd’hui oublié totalement l’éphémère célébrité.
Tout s’est calmé depuis, grâce aux lois et ordonnances imprescriptibles; le Conseil actuel s’est même montré assez franchement raisonnable pour décider « qu’on ne donnera plus à une rue de Paris le nom d’un personnage mort depuis moins de cinq ans ».
Ceci ost très raisonnable, en effet, et surtout très prudent; car, en suite des perpétuelles variations del’opinion, ilyagros;
C’est pourquoi nous avons pensé que ce n’était que justice de le dire ici en ajoutant que M. Redon a été secondé dans ces travaux par un jeune architecte diplômé, M. Albert Janly, fils de l’inspecteur du Palais du Louvre et des Tuileries.
Charles Lucas.
KIOSQUE A MUSIQUE
DE LA PLACE DD TROCADÉRO
Nous avions solennellement promis de reproduire une vue de ce kiosque sorti, comme jadis Vénus Aphrodite, du sein des flots, mais aujourd’hui établi en terre ferme. Nous exécutons fidèlement cette promesse.
On pourra constater la présence de sable, de cailloux, de
terre même, soigneusement damés, pilonnés, réglés avec le plus grand soin et qui ont définitivement comblé feu le bassin dont la disparition nous laisse inconsolables.
Devant un fait aussi incontestable il n’y a plus qu’à s’incliner. La discussion est close.
NOMS DE RUES
On propose, paraît-il, de donner à quelqu’une do nos rues le nom de Paul Dubois, qui fut ur, grand artiste et dirigea notre Ecole des Reaux-Arts. De qui dépendrait l’adoption de cette proposition que tous doivent considérer comme amplement justifiée?
L’affaire n’irait pas toute seule; il y a des règles consacrées, il y a même des lois à ce sujet.
Lorsque des voies privées sont créées à travers des terrains appartenant à des particuliers, ceux-ci ont parfaitement le droit do donner, aux rues percées et entretenues par eux, tel nom, plus ou moins fantaisiste, qui leur plaira. On pour
rait relever quelques exemples d’excentricités, généralement romanesques ou sentimentales, en pareillo circonstance; elles ne nuisent à personne.
Mais, d’ordinaire, le propriétaire, souvent entrepreneur, préfère léguer son nom à la postérité en l’attachant à la rue ouverte par lui.
C’est ce qui arrive en ce moment à la rue Bréda qui va
être débaptisée en faveur d’Henri Monnier, dit-on. Quelquesuns supposaient que, Bréda étant le nom d’une place forte étrangère, on avait, à l’origine, voulu commémorer quelque siège important. Il n’en était rien, Bréda fut jadis le pro
priétaire des terrains et crut évidemment perpétuer son souvenir en leur donnant son nom.
Ce calcul réussit rarement. La rue finit toujours par passer entre les mains de la Ville; et, comme celle-ci a généralement, en retard, des noms illustres à glorifier et qui atten
dent depuis quelque temps, le propriétaire primitif se trouve nominalement exproprié tôt ou tard.
Pour les voies publiques, entretenues par les villes ou communes, le cas est plus compliqué. Les rues, anciennes ou neuves, qu’il s’agit de baptiser ou de débaptiser ont alors pour parrain ou marraine l’administration municipale qui a charge et mission de choisir noms et prénoms.
Il paraît même que ce privilège découle (; implicitement » d’une loi de 1700, loi qui ne charge pourtant ces sortes d’ad
ministrations que « d’assurer la liberté et la commodité de la circulation ». A première vue, on ne se rendrait pas facile
ment compte de la manière dont un nom de rue augmente la commodité, et influe sur la liberté de circulation le long de sa chaussée ou de ses trottoirs. Mais, avec ingéniosité, on a supposé que les législateurs avaient « implicitement » compris qu’un nom coloré de telle ou telle nuance politique, religieuse, littéraire ou scientifique, pouvait déplaire à cer
tains locataires ou à leurs visiteurs habituels, tandis qu’il exciterait chez d’autres un enthousiasme exagéré.
Ces prévisions sont un peu compliquées, mais elles ne vont pas beaucoup au delà des probabilités ordinaires et réelles. En fin de compte, les municipalités ont le droit de désigner les noms qui leur conviennent, à moins que...
... Car tout est difficile en matière administrative ; aussi faut-il prévoir do nouveaux obstacles; — donc : droit acquis aux municipalités... à moins que l’adoption d’un nom désigné ne comporte un hommage public.
Généralement les noms peu connus ne sollicitent pas un hommage aussi important. Mais il est des noms, momenta
nément considérés comme illustres, et qui pourraient soulever quelques contradictions. Aussi le cas est-il prévu : en cas d’hommage public, il faut un décret du chef de l’Etat luimême; cette fois, c’est une ordonnance royale (ou impériale?) de 1810 qui y a pourvu.
Cette façon de procéder n’a pas toujours souri au Conseil municipal de Paris qui, quelle que soit la nuance des opi
nions de sa majorité, aimerait assez à disposer d’un certain nombre de nominations en ce genre, pour les personnages qu’il admire le plus. On lui a toujours opposé l’ordonnance royale.
On pourrait même se rappeler quelques commencements de conflits engagés à ce propos. A certains moments souffla une véritable rafale qui risquait d’emporter beaucoup de vénérables et souvent pittoresques noms de nos anciennes rues, pour fairo place à des célébrités fraîchement écloses, et dont, parfois, on aurait dès aujourd’hui oublié totalement l’éphémère célébrité.
Tout s’est calmé depuis, grâce aux lois et ordonnances imprescriptibles; le Conseil actuel s’est même montré assez franchement raisonnable pour décider « qu’on ne donnera plus à une rue de Paris le nom d’un personnage mort depuis moins de cinq ans ».
Ceci ost très raisonnable, en effet, et surtout très prudent; car, en suite des perpétuelles variations del’opinion, ilyagros;