arts en sont là pour le moment. Il n’y a rien d’étonnant à ce que nous en trouvions une preuve ou même deux preuves de plus dans l’avenue de l’Opéra.
Ce qu’on n’avait jamais fait, et pour cause, c’est justement ce qu’il faut faire pour être de son temps; — du nôtre tout au moins.


LES ÉDIFICES AFFECTÉS AU CULTE


Nombre de personnes, en présence du vote peut-être imminent d’une loi de séparation entre l’Etat et les Cultes, s’in
quiètent de l’avenir réservé aux éditées religieux et aux tré
sors artistiques qu’ils renferment. Elles craignent que, par défaut de suffisante prévoyance, on ait plus tard à déplorer d’irréparables pertes.
L’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres partage ces inquiétudes ; en son nom, M. G. Perrot vient d’adresser au ministre de l’Instruction publique une longue lettre, très mesurée dans les termes, très ferme dans le fond, dont nous signalons les passages suivants.
La nouvelle loi, dit l’Académie, doit obligatoirement insérer des articles qui assurent efficacement la conservation et l entretien de ces bâtiments. Tous n’ont pas pu être clas
sés comme monuments historiques, pour des motifs, plutôt
budgétaires, que fout le monde connaît ; ils n’en ont pas moins une réelle valeur artistique et se recommandent par des souvenirs historiques qu’on ne doit pas laisser périr.
A cet effet, il faut donc que la loi actuelle prévoie les conséquences qu’elle doit nécessairement produire et prenne les dispositions nécessaires pour qu’elles n’engendrent pas de véritables ruines.
En outre, dans ces édifices se trouvent fréquemment de véritables œuvres d’art, des tableaux, sculptures, objets d’orfèvrerie ancienne, émaux, tissus, broderies, manuscrits et anciennes impressions liturgiques, registres et actes divers, qui pourraient être demain détruits ou dispersés aux quatre vents de la spéculation.
« Des mesures doivent donc être prises, dit l’Académie, dès maintenant, pour préserver de toute atteinte des édifices dont la démolition ou l’affectation, à d’autres usages que ceux auxquels ils étaient destinés, seraient infiniment regrettables.
« Il y aurait aussi à protéger beaucoup d’objets mobiliers contre des dilapidations, des aliénations et des mutilations auxquelles ils seraient exposés dans le cas où l’Etat paraî
trait indifférentau sort du dépôt qu’il va remettre en d’autres mains. A coup sûr, de nombreux actes de vandalisme
seraient commis si, dans la loi qui s’élabore, il n’était pas tenu compte de l’intérêt archéologique, artistique et histo
rique que présentent les bâtiments et le mobilier des églises et de leurs dépendances. »
L’Académie rappelle donc que, par les décrets et ordonnances mêmes qui l’ont instituée, elle a reçu du gouverne
ment la mission de veiller sur nos antiquités nationales. Le soin de s’en occuper tout spécialement a été confié à la
Commission des Antiquités de la France. A ce titre, on voit que l’Académie est tout particulièrement désignée pour pré
senter au ministre les observations que les circonstances rendent actuellement nécessaires.
Très généreusement, l’Académie offre même son concours financier. Il est nécessairement modeste; c’est le denier de la veuve, mais on sait que, pour n’être pas capable d’enrichir l’Etat, on ne doit pas moins l’accepter avec reconnaissance. Il est d’ailleurs d’un bon exemple.
En effet, l’Académie rappelle, en propres termes, que la Compagnie a été autorisée à accepter un legs qui lui per
mettra, dans quelques années, de concourir par ses propres ressources à la conservation d’édifices menacés de tomber en ruines.
Peut-être quelques bonnes âmes, largement dotées en ce monde, se piqueront-elles d’imiter un si remarquable exem
ple. Il n’en est pas moins vrai que, si l’Etat s’en remettait exclusivement aux particuliers du soin de sauvegarder des intérêts aussi généraux, ce serait pour lui une façon assez nouvelle de comprendre et d’accomplir la mission qui lui incombe. Ce serait même se rendre, de gaîté de cœur, com
Mosquée d Aumale. — Architecte : M. Menuet.