répondentadmirablement à toutes les exigences de l’hygiène, puisqu’ils laissent aux murs de nos maisons cette porosité, cette perméabilité de laquelle dépendent en grande partie l’habitabilité de la demeure et la santé des habitants. Nos plus savants hygiénistes s’accordent, en effet, à déclarer que les murailles doivent respirer, et, pour cela, être composées de matériaux perméables, laissant libre passage à l’évapora
tion de l’humidité, fatale aussi bien aux constructions qu’aux êtres vivants qu’elles abritent. Les mortiers colorés, qui évitent la peinture des murs à l’extérieur et reconstituent en
enduits la pierre naturelle avec ses qualités, satisfont à ces conditions hygiéniques, au même titre que la pierre ellemême.
En incorporant au mélange des colorants appropriés, on peut obtenir, outre les tons de pierre, les différents tons de terre cuite et de brique, blanche, rosée, rouge, brune, etc...
Applications. — On se rend compte sans peine des multiples applications dont les mortiers colorés sont susceptibles.
On peut s’en servir pour revêtir des maçonneries quelconques: briques, meulière, moellons, carreaux de plâtre, pans de bois, pans de fer, ciment armé, liège aggloméré, etc. On exécute par ce moyen des ravalements entiers de façades,
avec quelques faux-joints d’appareil; on les rehausse de moulures, d’encadrements de portes ou de fenêtres; on les coupe et on les égaye par des bandeaux de différents tons,
imitant pierre ou brique; on obtient ainsi une décoration agréable et l’on donne aux constructions même modestes un aspect plaisant et cossu.
Nous pourrions citer une quantité de façades très monumentales, dans des hôtels particuliers ou des maisons de rapport, qui donnent absolument l’illusion de la pierre de taille, même aux gens du métier. Il en est de même dans une foule d’édifices publics : théâtres, églises, hôtels-de-ville, lycées, écoles, séminaires, hôpitaux, couvents, chapelles, gares de chemins de fer, etc., etc.
Pour les villas et châteaux, l’imitation de la pierre ajoute un cachet de richesse et de somptuosité dans l’ensemble et les détails.
Fréquemment on emploie les mortiers colorés, en remplacement du plâtre, pour les ravalements de cours, ou de façades intérieures, pour des souches de cheminées, solins, jointoiements, etc. De même, à l’intérieur des construc
tions, en revêtements et moulures, dans les vestibules,
escaliers, passages, voûtes et murs d’églises, galeries et salles de réunions publiques.
On les utilise aussi pour les réparations d’anciens enduits, pour la restauration de façades en pierres et en briques, de moulures ou sculptures en mauvais état : balcons, consoles,
colonnes, statues, vases, etc... Ebauchés en masse par le maçon, ils peuvent êtré sculptés comme la pierre avant le durcissement complet.


(A suivre.) D. ÉCOLE DES BEAUX-ARTS


( Voyez paye 446.)
Au sujet du concours d’archéologie, qui a été jugé vers la fin du mois écoulé nous avons déjà indiqué, plus d’une fois,
les conditions qui le régissent. Il est inutile donc d’y revenir; mais ce que nous ne saurions pas passer sous silence, c’est le programme de cette année qui est un véritable coin d’his
toire. Le sujet proposé était le suivant : Reconstitution de la façade du xiie siècle à l’église abbatiale de Fontevrault.
L’église abbatiale de Fontevrault, commencée dans les premières années du xiie siècle, suivant la disposition géné
rale des édifices poitevins, c’est-à-dire comprenant un chœur terminé en demi-coupole, un déambulatoire couvert par une voûte annulaire et des chapelles rayonnantes, fut terminée,
à partir du transept, suivant une autre ordonnance, celle des nefs à grandes travées couvertes en coupoles sur pen
dentifs, telles que celles des églises de Périgueux ou de la cathédrale d’Angoulême.
Dans cette ordonnance, la nef est divisée en travées par de gros piliers recevant les arcs doubleaux sur lesquels pren
nent appui les coupoles dont les pendentifs sont appareillés
horizontalement en tas de charges, en vue de réduire les poussées.
Dans le soubassement entre les piliers, existent de belles arcatures formant la surépaisseur nécessaire au soutien d’une galerie découverte qui circule à la base des fenêtres doubles et se poursuit au travers des piliers. Des escaliers, pris dans les piliers d’angle de la façade principale, donnaient accès à ces galeries.
Un remaniement du couronnement de cette façade, conséquence d’une surélévation des combles faite au xve siècle, a modifié très malheureusement l’aspect de cette partie de l’édifice, altéré encore par la reconstruction de la porte au
xvii° siècle.
Cependant les dispositions anciennes sont encore apparentes, ajoutait le programme; la grande fenêtre, les archi
voltes, les piliers etc. En s’aidant des dispositions de façades conservées dans plusieurs églises des Charentes ou des Deux- Sèvres, telles que l’église de Saint-Jouin-de-Marnes ou celle
d’Echebrune, on peut se faire une idée de l’ancien portail de Fontevrault, du mode de couronnement des piliers d’angle comprenant les escaliers, du pignon servant d’appui au com
ble plat couvert en tuiles creuses que remplaça au XVe siècle un comble aigu couvert en ardoises.
Le sujet du concours était, en résumé, la reconstitution de la façade ancienne. M. L. Magne, à qui était dû ce pro
gramme, a fait ajouter deux feuilles de dessins fournissant aux concurrents les éléments essentiels.
C’est en raison de ces éléments que les trente et un châssis avaient, lors de l’exposition, une ressemblance frappante. Mais ce n’était là qu’une apparence trompeuse, car à un examen attentif, on s’apercevait vite que les compositions différaient entre elles.
Le projet qui nous a paru le plus heureux, appartenait à M. Dallest, élève de M. Scellier de Gisors. Ainsi qu’on le sait déjà MM. Dallest, Huguenin et Niedcrmann ont obtenu chacun une médaille de seconde classe.
A. Gelbert.