15 JUILLET 1905
LA CONSTRUCTION MODERNE
2° Série. 10° Année. Ne 42.
XXe Année de la Collection


ACTUALITÉS


CONGRÈS ARCHÉOLOGIQUE
Les archéologues se sont réunis, cl ils ne paraissent avoir causé aucun dégât; on va jusqu’à affirmer — et nous le
répétons avec plaisir et sous toutes réserves — qu’ils n’ont voué aucun architecte à l’exécration des races présentes ni
futures. Nia Reauvais, ni à Compiègnc, ni à Noyon, ces ordinaires victimes d’archéologues en fureur n’auraient été honnis. Un pareil fait est trop remarquable pour n ôtre pas signalé à l’attention des intéressés.
Un Congrès ne va guère sans quelques promenades, pas plus qu’il ne va sans banquet: on ne peut pas, tout le temps,
écouter des communications, si intéressantes que les jugent leurs auteurs; il faut bien prendre l’air, et prendre, au moins une fois, sa nourriture en commun, C’est d’ailleurs l’occasion
de porter quelques toasts substantiels et dont la nécessité se faisait cruellement sentir.
Le Congrès de 190;» avait eu la main heureuse en choisissant, pour but de ses excursions, l’Ile de France qui est une région particulièrement riche en admirables édifices
que trop de Français continuent à ignorer et dont un petit nombre connaissent uniquement le nom.
A Beauvais, l’architecte qui seconda M. delà Roque dans la Restauration de l’église Saint-Etienne, avait découvert des thermes romains auprès de l’église et jusque sous scs fondations. Les hypocaustes ont été dégagés, paraît-il, ctl’on a retrouvé des fresques qui ne sont pas moins inlérossnnlcs que les hypocaustes. Fresques et hypocaustes furent examinés, admirés comme il se doit, par les archéologues.
Grâce à M . le secrétaire général du Congrès, nous apprend également M. Rernard Noël, les visiteurs virent se dresser devant eux toute la vieille ville du xvie siècle : les maisons à pignon et à encorbellement, plus nombreuses que partout
ailleurs, se sont remises à vivre, avec leurs habitants, leurs enseignes pittoresques et coloriées: le Moutardier, l’Image Saint-Jean, la Tasse d’argent, le Lion d’or, etc., etc...
Le spectacle ne pouvait être banal. Par quel procédé M. le Secrétaire avait-il fait revivre la ville entièreel ses habitants? Recourut-il à l’image, ou à la simple description, vive et ani
mée? On ne peut guère, faute d’explications plus précises,
qu’accumuler les hypothèses. Mais l’important est, après tout, desavoir que M. le Secrétaire du Congrès, professeur dulycée local, avait poursuivi de longues et patientes rechcrches dans les archives; et c’est ce qui lui avait permis de peindre ou d’écrire ce curieux tableau, évidemment intéressant.
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Les trésors trop peu connus de l’Ile-de-France étant encore innombrables après tant de dévastations, le Congrès dut dé
ployer une activité peu commune] pour visiter, sinon tout,
au moins le principal : Marissel qui possède un beau retable du xvi siècle, Allonne quiconservo une grange duxiiie siècle, dont on put constater la remarquable conservation ; Bury, Cambronne avec vestiges des xiie et xiii° dans leurs églises ;
l’hôtel de ville de Clermont, du xiv° siècle, restauré par M. Selmersheim avec une conscience si scrupuleuse que le Congrès semble lui avoir octroyé un pardon mérité.
Fuis on visita l’église et l’hôtel de ville à Trie-Château, le célèbre château de Gisorsconstruit au xii siècleparun desPlantagenoL etmodifié — déjà! — par Philippe-Auguste; l’église do Saint-Gérvais et Saint-Prolais, ces deux Saints étant partout associés, comme on sait, aussi bien dans les départements qu’à Paris.
Puis il fallut aller à Gournay, à Saint-Germer, pour leurs églises dont la réputation est telle qu’on ne les pouvait négliger ; y compris la Sainte-Chapelle qui, reslaurée par M.