BœswihVad, reçut cet éloge, qu’elle pouvait être comparée à colle do Paris. On voit en quelle humeur d’indulgence, ce jour-là, se trouvait l’archéologie en faveur des architectes.
Setilis, son enceinte, ses tours, sa collégiale, sa cathédrale, ses églises, son château, son musée, eurent l’honneur do clore cette première tournée.
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Dès le lundi, le Congrès errant, sans torts ni travers, reprit sa marche exploratrice et se montra infatigable. Compiègne le reçut, et son hôtel de ville fut admiré en toute sin
cérité. Le nom de son architecte, qui fut Pierre Navycrs, de Meaux, fut rappelé avec des marques bien légitimes de haute considération. 11 fut même rappelé que les frais de la cons
truction furent dus jadisà un simple impôt sur le sel, institué à cet effet, au commencement du xvi° siècle. Ce détail érudit n’ajoute pasgrand’chose à la beauté de l’édifice ; mais, comme il n’y nuit pas non plus, on peut sans scrupule laisser aux archéologues la satisfaction de rappeler ce précieux document.
Dans leur joie de voir le sel intervenir ainsi dans l’architecture, les archéologues continuèrent à donner des marques surprenantes de leur longanimité et de leur débordante bienveillance, puisqu’ilsallèrent jusqu’à déclarer qu’ils appré
ciaient favorablement « l’habile restauration faite par M. Lafollye de 1875 à 1880». Heureux M. Lafollye!
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Evidemment, cette fin de printemps, le grand air, la vue des vertes campagnes ont cotte propriété d’amollir l’âme archéologique, d’amener une favorable détente qui la laisse pencher vers une indulgence, momentanée il est vrai, mais d’autant plus précieuse à constater.
Le moyen âge n’en profita pas seul. Le château de Compïègne, bien que construit par Gabriel, architecte qui no vécut cependant pas aux âges archéologiques, fut examiné avec quelque intérêt, en tous cas sans protestations; ce qui constitue un fait notoire, car l’archéologie ne trailo guère,
avec quelque considération, que les œuvres dont la date est douteuse et l’auteur inconnu. A quoi sert un édifice qui ne se prête à aucune discussion, et sur lequel on ne peut, à son tour, bâtir hypothèses sur suppositions bardées d’extraits d’archives ignorées?
L après-midi fut consacré au château do Vez, légué par un sondeur émérite qui fut M. Léon Dru ; cl M. Léon Dru joi
gnait l’amour de la collection à celui du sondage. On peut faire des alliances plus mal assorties.
A l’église do Frcsnoy succéda celle de Marionval qui possède, sur la précédente, l’avantage de remonter jusqu’au xiie, si ce n’est même au xi° siècle. Ce monument est, peuton dire, trop classique, bien quo gothique naissant, pour qu’on pût passer à côté sans lui faire l’honneur d’une visite.
Ici triompha de nouveau M. Selmershcim, déjà nommé, sa restauration ayant été qualifiée d’admirable par les secrétaires du Congrès.
Enfin Ourscamp, grâce aux xn° et xm- siècles, eut l’honneur insigne do clore cette seconde journée.
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Comme disent les chroniqueurs de la bonne écolo — qui
n’est autre que celle du moyen âge, — le Congrès avait « tant fait par ses journées » qu’il était arrivé à Noyon.
Noyon, en sa cathédrale, l’arrêta, le fixa en devenant son point d’arrêt, car cette cathédrale seule valait le voyage. Comme l’écrit M. Noël, avec une sincérité amplement justi
fiée: « Il semble qu’il était difficile de rien ajouter à une pareille liste d’excursions ».
Que sont, auprès de pareilles chevauchées, les promenades dans les catacombes parisiennes qui passent pour être
le summum des délices offertes aux sociétés d’amateurs, et le couronnement de la célèbre tournée dite des grands ducs?
Et cependant, ajoute non sans mélancolie M. Noël: « Et cependant les congressistes ont du reconnaître combien de monuments intéressants ils avaient encore laissés de côté,
quand passèrent sous leurs yeux, en une soirée vraiment mémorable, les 400 projections do leur collègue, M. Martin- Sabon, dont la collection de clichés inédits fut déclarée incomparable! »
Effectivement, il n’y avait guère, en France, que la collection de l’illustre écrivain Palustre, défenseur de la Renais
sance française, qui pût rivaliser avec celle-là. Et, s’il faut admirer la persévérante fermeté des congressistes qui, après
tant de monuments visités, purent encore supporter le choc de 400 projections, combien ne faut-il pas admirer aussi les forces et le courage du projecteur !
Mais, quelle quo soit la ténacité d’un congressiste, il n’est pas d’airain, de fer ; il n’est même pas de bois, comme on
dit trop vulgairement. Après tant de fatigues, n’esl-il pas des passe-temps plus doux, comme demandait insidieusement Athalie au trop jeune Eliacin ?
Il en existe effectivement, plus doux peut-être, mais non moins purs, non moins chastes, et aussi peu capables d’éveil
ler, chez les épouses des congressistes, le moindre soupçon jaloux. En cela, les archéologues sont de véritables modèles,
dignes d’être proposés comme tels à tous les ménages qui délèguent l’un ou l’autre de leurs éléments constitutifs à des congrès de première ou même de seconde nécessité.
Après des circuits aussi méritoires que ceux de l’Auvergne, après 400 projections remplissant une soirée « mémorable »
— oh combien ! — le Congrès n’eut plus qu’un désir, une pensée.— Et ce fut de consacrer, comme Corneille, les restes d’uno ardeur qui eût dû s’éteindre: à l’audition de mémoires d’archéologie et d’histoire locale !
L’audition n’était point musicale, on le devine assez ; aucun instrument, auxiliaire do la voix humaine et archéo
logique, n’en relevait le charme et ne soutenait l’attention d’un auditoire peut-être surmené.
Il est des dévouements héroïques que l’histoire rappelle justement à toutes les générations. Que fera-t-elle pour les héros du Congrès de Beauvais? On cite Curtius qui n’exista peut-être que peu ou prou, les bourgeois de Calais qui, en
fin do compte, s’en tirèrent à leur avantage; mais on ne peut louer en eux qu’un court moment de résolution. A Beauvais,
ce qu’il faut admirer, au contraire, c’est la continuité do l’effort, l’indomptable persévérance, inébranlable au dernier comme au premier jour, et qui, même, à la façon romaine, acquérait des forces en avançant : vires cundo. Elle atteignit enfin la gloiro du martyre, lorsqu’elle se couronna