elle-même par l’audition de « mémoires d’archéologie et d’histoire locale! »
S’il est une œuvre pie, c’est incontestablement celle-là, et l Académie s’honorerait elle-même en morcelant, ainsi
qu’elle le fait habituellement, un de ses prix les plus estimés en autant de parcelles qu’il y eut de congressistes. Il y a de ces parcelles qui, réparties en pâture aux petits oiseaux académiques, vont de 50 à 60 francs et quelques centimes
ou décimes additionnels; mais le chiffre monétaire n’est pas ici à considérer : l’honneur est tout quand l’honneur est dû.
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Tout congrès, en expirant, émet des vœux : l’un est le premier, un autre est le dernier; mais ils ont autant de prix l’un que l’autre.
Hecueillons pieusement les échos de cet effort suprême, les accents touchants qui furent le chant des Cygnes de Beauvais. M. Noël les a recueillis succinctement, car il faut malheureusement se borner toujours au strict nécessaire; imitons cette discrétion et soyons brefs à notre tour, main
tenant que les lampions sont éteints, — comme dit la mélancolique chanson moderne, — et puisque tout finit par une simple extinction : les grandes passions et les congrès les plus héroïques!
Des vœux furent donc émis en ce beau soir finissant; et ils furent même adoptés.
« Ils tendaient à empêcher la ruine de la chapelle de Saint- Germer, si bien restaurée par Bœswihvald ;
« Ils tendaient encore à obtenir le classement, parmi les monuments historiques, des églises de Foulangues, Saint- Vaast-les-Mello et Sérans, jolis spécimens de l’art du xir siècle; de l’église de Marissel (xiff, xm° et xvie siècles);
Du clocher de Béthisy-Saint-Pierre (xvi6 siècle), dernier produit de l’art goLhique; de la grange Saint-Lazare
(xiii® siècle), et de la maison aux carreaux vernissés de la Manufacture nationale, à Beauvais (xvie siècle). »
Le Congrès n’en demanda pas davantage. N’en avait-il pas assez demandé? Qui donc oserait le dire?
Du reste, un vœu, plusieurs vœux trop tendus finiraient par casser.
P. Planat.


L’ARCHITECTURE


AU SALON DES ARTISTES FRANÇAIS
(Voyez page 486)
Salle NI
CeLte salle est presque entièrement consacrée aux importants envois do M. J.-L. Çhiffiot qui a obtenu, commeon sait, la médaille d’honneur du Salon, pour l’ensemble de son ex
position, et la grande médaille d’archéologie de la Société centrale des Architectes français. Ses œuvres sont très nom
breuses et représentent un travail considérable. Nous ne les détaillerons pas ici, faute de place, mais nous enregistrerons avec plaisir les propres explications que notre éminent con
frère a bien voulu nous donner sur ses principales études, c’est-à-dire sur l habitation et la décoration antiques et le procédé du rendu qu’il a employé.
La maison de Pompéï dont j’ai fait le relevé et la restauration, nousa dit M.Çhiffiot, est l’une des plus grandes, sinon la plus grande de toutes celles découvertes jusqu’à présent.
Elle a été mise au jour en 1879-80, date anniversaire de l’ensevelissement de Pompéï; on la désigne de ce fait sous le
nom de « maison du Centenaire ». Elle présente, comme la maison du Faune et beaucoupd’autresà Pompéï, ladisposition particulière du double atrium et réalise, pour le surplus, le programme complet, etlrès habilement résolu, de l’habitation antique.
Ceci indique pourquoi je l’ai choisie de préférence à toute autre pour en faire le sujet d’une étude.
L’état actuel, comme vous avez pu vous en rendre compte, m’a fourni des renseignements très nets sur les dispositions du plan; et de plus, un certain nombre de peintures murales et des pavements assez bien conservés, m’ont permis de baser sur des données certaines le système de décoration.
Mes études au musée de Naples et dans quelques-unes des grandes habitations de Pompéï ont complété le bagage qui m’était nécessaire pour établir ma restauration. Quant au procédé d’expression que j’ai choisi (peinture à l’œuf au lieu
de l’aquarelle traditionnelle), il m’asemblé tout naturel, dans un sujet où la décoration joue un rôle important, de cher
cher à rendre avec le plus do vérité possible la qualité — la matière — de cette décoration , et j’ai pensé que l’aquarelle serait impuissante à atteindre ce but.
La seconde partie de mon envoi (Restitution d’une villa antique) a dû être établie par d’autres moyens. Pour celle-ci je me suis documenté : 1° chez les auteurs latins, qui m’ont mis à même de dresser un programme; 2° dans les édifices
antiques de Rome et d’ailleurs, qui m’ont aidé à exprimer les différentes parties de ce programme.
J’ai choisi Baïa pour y placer ma composition ; c’est dans cette ville et dans ses environs que se voyaient les plus riches villégiatures des patriciens romains.
Je ne puis entrer dans le détail de mes recherches à ce sujet; je me contenterai de vous dire que j’ai, au moment de tracer mon plan, puisé à toutes les sources : au Palatin, à la Villa d’Hadrien, dans la région de Baïa, Pouzzoles, Naples, Pompéï, en Tunisie, etc.
Ces éléments réunis, j’ai dû les assouplir à la conformation d’un terrain qui existe dans le golfe de Pouzzoles, où
l’on voit encore des traces de constructions antiquos. Vous n’y verrez donc pastel ou tel fragment d’édifice reproduit exactement, mais bien plutôt une interprétation, aussi fidèle qu’il m’a été possible de le faire, des divers documents recueillis ; le tout constituant un ensemble pouvant donner au public une idée de ce que devait être une fas
tueuse habitation au temps où les patriciens romains,
maîtres du monde, ne reconnaissaient aucune limite à la satisfaction do leurs désirs.
Tels sont exactement les très intéressants renseignements que M. Çhiffiot nous donna sur son travail capital. Qu’il veuille bien recevoir ici tous nos remerciements.
Terminons cette salle d’honneur en signalant encore les relevés de M. L. Gaudibert : la Cathédrale de Tulle, l Église
de Damery, et la Caisse d épargne de Montbrison, qui lui ont valu un encouragement spécial de l’Étal et une 3 médaille.