posée de plus l existence de ses collections, on peut admettre qu’il consacrerait facilement quelques-uns des loisirs habituels aux conservateurs, à dresser ces catalogues.
Quant à la valeur éducatrice de nos collections départementales, on pourrait discuter à perte de vue sur ce sujet. Où commence, où finit la valeur éducatrice? Et quelle est l’espèce des individus à éduquer?
Faut-il parfaire l éducation intellectuelle et esthétique des peintres, des sculpteurs, des architectes, des lettrés, des ouvriers d’art, des ferronniers, faïenciers, serruriers, etc. ? Faut-il les éduquer tous, ou n’amener à la perfection que certaines catégories limitées ou peu nombreuses?
Dès lors, faut-il qu’un musée provincial aspire à résumer le musée du Louvre, Cluny, le Trocadéro, la Bibliothèque nationale, le Conservatoire des Arts et Métiers, à lui tout seul? Cela est évidemment impossible: et cependant nous ne serions pas étonnés outre mesure que quelques-uns de nos musées départementaux, par l’incohérence même du recru
tement, ne puissent être accusés de nourrir, en apparence au moins, une semblable ambition.
S’il faut savoir se restreindre, la restriction devient délicate. Dans quelles limites convient-il de se spécialiser? Car il faut toujours faire une part à l’éducation générale, une part à la spécialité, dans quelque région que l’on veuille opérer. Evidemment, telle ville pourrait, par exemple, cons
tituer une série aussi complète que possible de telle ou telle école; cela suffirait-il à l’enseignement général des jeunes peintres de l’avenir?
Telle autre ville pourrait concentrer les œuvres des artistes nés dans la région. Au point de vue du raisonnement classi
ficateur, il y a làl’indicalion d’une méthode défendable. Mais la valeur éducatrice de cet ensemble extrêmement panaché serait-elle bien sérieuse?
Déjà, ces remarques très superficielles montrent quelles seront les difficultés de la tâche assumée parla nouvelle Com
mission. M. Dujardin-Beaumetz en a parfaitementconscience,
car il terminait son discours en faisant chaleureusement appel à toute l’activité, à l’érudition, au goût des membres de la Commission.
Finalement, il leur demande de se concerter pour indiquer les remèdes nécessaires et les assure du concours de son administration et de sa sympathie personnelle pour les aider dans la réalisation des réformes qu’ils lui suggéreront.
*
* *
La Commission s’est donc embarquée, aussitôt munie de ce réconfortant viatique. Dès le début, M. Dislère, ami des justes classifications, a fait remarquer que l’on pouvait envisager tout musée, quel qu’il fût, sous trois points de vue différents :
Celui de l’art;
Celui de l’enseignement;
Et, enfin, le point de vue administratif et législatif.
Quand on a fixé ces trois points do vue, il ne reste plus qu’une chose à faire: c’est de nommer trois sous-commis
sions. Chacune se placera soigneusement à l’un des points do vue désignés et y opérera en toute conscience.
Buis, MM. Guifïrey et Georges Berger onL rappelé que la question actuelle se rattache en fait à une autre beaucoup
plus ancienne, qui connut jadis de beaux jours et vit ensuite la décrépitude arriver prématurément.
En effet, une autre Commission était déjà née en 1875 qui était chargée d’instituer l’inventaire général des richesses artistiques de la France. Assurément, cette Commission a travaillé, mais son inventaire n’est encore qu’à l’état d’épaves assez mal coordonnées. C’est ainsi que, au dire de M. Lapauze, excellemment informé : officiellement, on ne sait pas encore combien il existe de Musées en France.
M. Lapauze concluait par cette demande bien naturelle : ne pourrait-on pas commencer par fixer ce nombre qui est intéressant à connaître. Il serait bon aussi de savoir si
l’existence de certains musées n’est pas une pure légende et si d’autres musées ne vivent pas simplement sur leur réputation. Donc, rien d’excessif dans ce que propose M. Lapauze.
Il résulte de là que tout ce travail encyclopédique, projeté depuis fort longtemps, est encore à l’état embryonnaire, et il reste à savoir si la Commission de 1905 arrivera enfin à donner corps aux vastes projets que n’avait pu réaliser la Commission de 1875.
*
* *
Modestement, M. Homolle a demandé que, dans les musées qui existent réellement et ne sont pas de simples conceptions administratives, on ne place que des conserva
teurs capables de conserver, c’est-à-dire, suivant M. Homolle, des personnes qui aient passé par l’Ecole du Louvre.
Certainement ce passage ne saurait nuire à aucun conservateur; mais est-il vraiment indispensable? Dans les condi
tions où existent actuellement nos musées départementaux,
et même dans les conditions nouvelles que peut préparer le remaniement projeté, l’érudition sera-t-elle la pre
mière des qualités nécessaires au Conservateur? Et si l’on
arrive, comme il a été plusieurs fois demandé, à instituer des spécialités bien caractérisées et toutes régionales, la forte instruction générale de l’Ecole du Louvre est-elle bien la meilleure préparation aux fonctions plus modestes, mais tout aussi utiles peut-être, de ces conservateurs nouveaustyle?
Ajoutons sommairement que M. Iloujon voyait dans la question posée surtout une question budgétaire, ela signalé,
outre la pauvreté des budgets municipauu, le désaccord presque partout existant entre l’Etat et les municipalités;
que MM. Augagneur et Bruman ont surtout insisté sur la nécessité d’établir une législation spéciale pour les musées de province.
Tout ceci n’indique pas un brillant enthousiasme pour l’état de choses existantes. Il semble que toulà peu près soit à faire. La Commission n’en aura que plus de mérite si même elle aboutit simplement à faire quelque chose.
*
* *
La séance s’est terminée, suivant le vœu de MM. Dislère, Chéramy et Bayet, tel qu’il avait été présenté au début : par la création de trois sous-commissions, dont la première examinera les questions au point de vue artistique, la seconde au point de vue de l’enseignement, la troisième au point de vue administratif.
La commission plénière s’est séparée sur ce vœu, présenté
Quant à la valeur éducatrice de nos collections départementales, on pourrait discuter à perte de vue sur ce sujet. Où commence, où finit la valeur éducatrice? Et quelle est l’espèce des individus à éduquer?
Faut-il parfaire l éducation intellectuelle et esthétique des peintres, des sculpteurs, des architectes, des lettrés, des ouvriers d’art, des ferronniers, faïenciers, serruriers, etc. ? Faut-il les éduquer tous, ou n’amener à la perfection que certaines catégories limitées ou peu nombreuses?
Dès lors, faut-il qu’un musée provincial aspire à résumer le musée du Louvre, Cluny, le Trocadéro, la Bibliothèque nationale, le Conservatoire des Arts et Métiers, à lui tout seul? Cela est évidemment impossible: et cependant nous ne serions pas étonnés outre mesure que quelques-uns de nos musées départementaux, par l’incohérence même du recru
tement, ne puissent être accusés de nourrir, en apparence au moins, une semblable ambition.
S’il faut savoir se restreindre, la restriction devient délicate. Dans quelles limites convient-il de se spécialiser? Car il faut toujours faire une part à l’éducation générale, une part à la spécialité, dans quelque région que l’on veuille opérer. Evidemment, telle ville pourrait, par exemple, cons
tituer une série aussi complète que possible de telle ou telle école; cela suffirait-il à l’enseignement général des jeunes peintres de l’avenir?
Telle autre ville pourrait concentrer les œuvres des artistes nés dans la région. Au point de vue du raisonnement classi
ficateur, il y a làl’indicalion d’une méthode défendable. Mais la valeur éducatrice de cet ensemble extrêmement panaché serait-elle bien sérieuse?
Déjà, ces remarques très superficielles montrent quelles seront les difficultés de la tâche assumée parla nouvelle Com
mission. M. Dujardin-Beaumetz en a parfaitementconscience,
car il terminait son discours en faisant chaleureusement appel à toute l’activité, à l’érudition, au goût des membres de la Commission.
Finalement, il leur demande de se concerter pour indiquer les remèdes nécessaires et les assure du concours de son administration et de sa sympathie personnelle pour les aider dans la réalisation des réformes qu’ils lui suggéreront.
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La Commission s’est donc embarquée, aussitôt munie de ce réconfortant viatique. Dès le début, M. Dislère, ami des justes classifications, a fait remarquer que l’on pouvait envisager tout musée, quel qu’il fût, sous trois points de vue différents :
Celui de l’art;
Celui de l’enseignement;
Et, enfin, le point de vue administratif et législatif.
Quand on a fixé ces trois points do vue, il ne reste plus qu’une chose à faire: c’est de nommer trois sous-commis
sions. Chacune se placera soigneusement à l’un des points do vue désignés et y opérera en toute conscience.
Buis, MM. Guifïrey et Georges Berger onL rappelé que la question actuelle se rattache en fait à une autre beaucoup
plus ancienne, qui connut jadis de beaux jours et vit ensuite la décrépitude arriver prématurément.
En effet, une autre Commission était déjà née en 1875 qui était chargée d’instituer l’inventaire général des richesses artistiques de la France. Assurément, cette Commission a travaillé, mais son inventaire n’est encore qu’à l’état d’épaves assez mal coordonnées. C’est ainsi que, au dire de M. Lapauze, excellemment informé : officiellement, on ne sait pas encore combien il existe de Musées en France.
M. Lapauze concluait par cette demande bien naturelle : ne pourrait-on pas commencer par fixer ce nombre qui est intéressant à connaître. Il serait bon aussi de savoir si
l’existence de certains musées n’est pas une pure légende et si d’autres musées ne vivent pas simplement sur leur réputation. Donc, rien d’excessif dans ce que propose M. Lapauze.
Il résulte de là que tout ce travail encyclopédique, projeté depuis fort longtemps, est encore à l’état embryonnaire, et il reste à savoir si la Commission de 1905 arrivera enfin à donner corps aux vastes projets que n’avait pu réaliser la Commission de 1875.
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Modestement, M. Homolle a demandé que, dans les musées qui existent réellement et ne sont pas de simples conceptions administratives, on ne place que des conserva
teurs capables de conserver, c’est-à-dire, suivant M. Homolle, des personnes qui aient passé par l’Ecole du Louvre.
Certainement ce passage ne saurait nuire à aucun conservateur; mais est-il vraiment indispensable? Dans les condi
tions où existent actuellement nos musées départementaux,
et même dans les conditions nouvelles que peut préparer le remaniement projeté, l’érudition sera-t-elle la pre
mière des qualités nécessaires au Conservateur? Et si l’on
arrive, comme il a été plusieurs fois demandé, à instituer des spécialités bien caractérisées et toutes régionales, la forte instruction générale de l’Ecole du Louvre est-elle bien la meilleure préparation aux fonctions plus modestes, mais tout aussi utiles peut-être, de ces conservateurs nouveaustyle?
Ajoutons sommairement que M. Iloujon voyait dans la question posée surtout une question budgétaire, ela signalé,
outre la pauvreté des budgets municipauu, le désaccord presque partout existant entre l’Etat et les municipalités;
que MM. Augagneur et Bruman ont surtout insisté sur la nécessité d’établir une législation spéciale pour les musées de province.
Tout ceci n’indique pas un brillant enthousiasme pour l’état de choses existantes. Il semble que toulà peu près soit à faire. La Commission n’en aura que plus de mérite si même elle aboutit simplement à faire quelque chose.
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La séance s’est terminée, suivant le vœu de MM. Dislère, Chéramy et Bayet, tel qu’il avait été présenté au début : par la création de trois sous-commissions, dont la première examinera les questions au point de vue artistique, la seconde au point de vue de l’enseignement, la troisième au point de vue administratif.
La commission plénière s’est séparée sur ce vœu, présenté