ment subdivisé par des cloisons pour loger les archives.
Telle était la disposition du local lorsque M. Redon, architecte des Palais du Louvre et des Tuileries fut chargé d’y installer le Musée des Arts décoratifs. La disposition existante était inutilisable.
Son premier soin fut donc de faire place nette, c’est-à- dire de faire disparaître escalier inutile et cloisons.
Ce travail fait, une surprise désagréable attendait l’architecte : les baies sur la rue de Rivoli n’étaient pas dans Taxe des baies donnant sur le Carrousel. La dissymétrie était telle qu’elle devait frapper les yeux lesmoins prévenus. Il n’y avait donc pas à songer à créer de vastes salles allant d’un mur à l’autre. Le parti, très ingénieux, adopté par M. Redon, fut tout autre. Il divisa le bâtiment, parallèlement à la rue de Rivoli, en trois nefs. La nef centrale étant largement ouverte latéralement par des arcatures donne l’impression de galerie s communiquant franchement entre elles et faciles à em
brasser d’un coup d’œil et cependant la séparation est assez prononcée pour qu on ne cherche pas la position des axes dans le sens transversal. On ne pouvait trouver une plus heureuse solution au difficile problème qui était posé à l’artiste, et M. Redon s’en est tiré avec son habileté accoutumée.
Nos planches et celles du prochain numéro donnent l’ensemble et les détails de cette nef centrale, dont la décoration architectonique forme un cadre harmonieux aux collections du Musée.
E. Rümler.


73e CONGRÈS


DE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE D’ARCHÉOLOGIE
Ce Congrès annuel, dont nous avons déjà indiqué les grandes lignes, a rempli presque entièrement son pro
gramme, plus que chargé, et qui, de Beauvais à Noyon et au château de Vez, — ce legs princier récemment fait à l’Etat par testament de l’ingénieur Léon Dru, — a guidé ses trois centsadhérents actifs, dont de nombreuses dames, dans toute la région de l’Oise, ce berceau de notre architecture ogivale qui a cependant conservé de si intéressants spécimens d’architecture romane, leur a fait visiter ses églises, ses hôtels de ville et ses châteaux.
Une caractéristique du Congrès de la Société française d’archéologie — et celle-ci due à Arcisse de Gaumont, son fondateur, et toujours continuée depuis — est la présence, au bureau du Congrès, du Préfet du département, de l’évêque du diocèse, des maires des principales villes visitées et sur
tout d’architectes et d’archéologues fraternisant dans de communes éludes.
Ainsi qu’on l’a vu, plusieurs édifices, précieux au double titre de l’architecture et de l’histoire de l’art, arrêtèrent sur
tout l’attention des Congressistes ; à Beauvais, outre lacalhédrale et l’église de la Basse-Œuvre, l’église Saint-Etienne, dont les parties anciennes datent du xuf siècle eloùdes fouilles, di
rigées par M. Archer, architecte, ont révélé que la nefavailété construitesur 1 emplacement de thermes gallo-romains, dans les décombres desquelson a trouvé de nombreux fragments de poteries; à Clermont, dont l’hôtel de ville, datant du com
mencement du xive siècle, a été fort habilement et prudemment restauré par M. Selmersheim, inspecteur général des édifices romains ; à Gisors, au donjon, aux tours, aux anciens remparts et à l’église, véritable cathédrale; à Saint-Leu d’Esserent, dont l’église offre des chapiteaux de style ogival delà fin du xiiie siècle et un porche extérieur avec salle audessus ; à Compiègne, où le Congrès fut, comme à Beauvais,
reçu dans l’hôtel de ville et visita le Musée Viversel, riche de dessins d’architectes du dernier siècle ; à Morienval, dont M. Eug. Lefèvre-Pontalis indiqua les diverses éqoques et loua, comme il convient, la restauration poursuivie par M. Selmersheim; enfin, à l’abbaye d’Ourscamp, avec sa salle dite des Morts du xiiie siècle, et à la cathédrale de Noyon, dans la salle capitulaire de laquelle eut lieu une cérémonie d’un caractère spécial.
De Paris, d’Amiens et de toute la région picarde, étaient venus les membres les plus autorisés du Comité archéolo
gique de Noyon, afin de commémorer le cinquantième anni
versaire de ce Comité, fondé en 1855, sous les auspices de la Société des Antiquaires de Picardie.
Enfin, les Congressistes se séparèrent après la visite de l’hôtel de ville de Noyon, appartenant au style gothique flamboyant de la fin du xve siècle, et quelques-uns pous
sèrent jusqu au château de Coucy, tandis que d’autres ga
gnaient, à travers la forêt de Compiègne, le théâtre romain de Champlieu, mais tous se disant au revoir, à l’an pro
chain, dans la dernière semaine de mai, au 74° Congrès qui doit se tenir à Perpignan et Carcassonne.
Ch. L.


FÊTES ET CÉRÉMONIES HUMAINES


En raison delà Fête nationale, le « Dîner du 14 » a eu lieu le 15 juillet, à la taverne Griiber, sous la présidence de M. Seré de Rivières, le bon juge de Paris. Il réunissait la presque totalité des membres du Comité indépendant des fêtes et cérémonies humaines dont nous avons déjà parlé ( Voyez page 4SI).
Au dessert, après l’examen et la discussion de diverses propositions, la note suivante a été rédigée pour être communiquée à la presse :
« Les fêles religieuses sont encore, à de rares exceptions près, les seules fêtes de l’Etat. Après la séparation, l’Eglise conservera toutes ses fêtes, mais l’Etat n’en aura plus
d’autre que celle du 14 Juillet. Il n’en restera pas moins des jours que l’habitude a consacrés comme jours exceptionnels de repos et de rejouissance. Au nom de quoi l’Etat donnerat-il congé aux fonctionnaires, aux étudiants et aux écoliers, à ces dates dépourvues de toute signification morale?
« Des savants, des poètes, des artistes ont pensé qu’il fallait répondre à cette grave question : Par quoi combler le vide de ces jours qui n’en restent pas moins à part dans l’année ? — Par quoi, sinon par des motifs sensibles d union où ]ps hommes se reconnaissent entre eux dans les sentiments permanents qui dominent la vie humaine.
« Les hommes de pensée ne recherchent dans leurs œuvres qu’un moyen de se relier à tous les temps et à tous les