bronzes ; ce qui signifie un concours très remarquable qui peut répondre du succès.
Bref, la Salle française — je le regrette encore — pouvait réussir plus heureusement.
Je ne m’attarde point sur la Salle hongroise, qui, elle aussi, n’est point un succès. L’or qui la tapisse est son défaut principal. L’idée de celte décoration repose sur ce que,
puisqu’une corniche dorée fait bien pour un tableau, une salle dorée, qui est toute une corniche, devra faire parfaitement pour une série de toiles. Mais ici le résultat est déses
pérant pour les toiles, qui paraissent sombres sur les parois dorées.
Le triomphe à Venise, au point de vue de la décoration des salles, va à la Suède et à l’Angleterre.
La Suède, avec son architecte J. Boberg, a battu le record de la tranquillité, et notre artiste a résolu le problème avec une tonalité calme qui fait ressortir les tableaux merveilleu
sement. Des stucs sur les portes et auprès du plafond, et une couleur tranquille sur les parois. La petite quantité des tableaux exposés (trois peintres seulement), favorisent le succès de notre confrère M. Boberg.
Quant [à la salle anglaise, le peintre J. Brangwyn, un des meilleurs représentants de l’art décoratif anglais, a accompli son œuvre avec le meilleur résultat.
Au début, il dut surmonter de grands obstacles : le manque de temps et le peu d’argent, mis à sa disposition; quoiqu il en soit, M. Brangwyn réussit, de même, à donner une nouvelle prouve de son talent.
La sobriété : voilà le secret du succès. Un gris-chamois tapisse les murs, et une décoration en bois partage les parois, de manière que la salle a l’apparence d’être plus
grande quelle n’est en [réalité. Le fond, surtout, est excellent : il n’enlève rien aux finesses de ton des tableaux, et cela
est très intéressant. De puissants panneaux décoratifs se trouvent en parfaite harmonie avec la salle, et donnent aux yeux un véritable plaisir.
Une atmosphère d’harmonie se répand dans toute la salle anglaise, qui, avec la salle suédoise, représente le succès décoratif de l’Internationale vénitienne de 1905.
Je regrette de ne pouvoir vous adresser les photographies des panneaux que M. Brangwyn exécuta avec celte habileté magistrale bien connue.
J’ajouterai seulement que le sujet de ces panneaux concerne la vie de la Grande-Bretagne, de ses laboureurs, de ses scènes de travail.
Je devrais vous parler des salles allemandes; mais en vérité, à la décoration de ses milieux, l’Allemagne ne paraît pas avoir donné autant d’intérêt que les Etats dont les salles ont été objets d’examen : ainsi, nous pouvons passer sans admiration ou dédain, à travers les salles allemandes, comme nous passons sans nous arrêter, cette année-ci, à travers les salles régionales italiennes, car elles ont été assez peu changées, depuis l’Exposition de 1903.
On pourrait excepter la salle ou les salles méridionales, qui, sans nous laisser une impression profonde sont dignes d’être signalées.
Les auteurs, MM. Basile et Tesorone ont visé au calme et aune certaine délicatesse dans une de ces salles (la plus petite des deux) et ils ont su mettre on valeur les œuvres de leurs confrères, nous donnant un discret plaisir des yeux.
Alfredo Melani.
Exposition de Venise : Salle anglaise.