raient leurs effets, formant ainsi de véritables cascades par des successions de bassins dans lesquels les eaux joueraient sous les formes les plus diverses. Des groupes, des attributs, des inscriptions commémoratives, des cartouches, on un mot, tout ce qui peut contribuer à la magnificence d’un tel ouvrage, concourraient à sa décoration.
A flanc de coteau, à mi-hauteur entre le sommet de la colline et la partie inférieure de la promenade, s’étendrait une vaste terrasse d’où les promeneurs embrasseraient le panorama de la cité.
On disposerait autour de cette terrasse, en les répartissant de la façon la plus pittoresque pour l’œil, une salle de concerts, un petit musée pour expositions temporaires, un restaurant, dos cafés-concerts, etc.
Au-dessous de la terrasse, les eaux descendraient vers la ville et se répandraient, par de multiples canalisations, sur les places et dans les fontaines.
De larges routes ombragées donneraient accès à cette terrasse, permettant sur leurs bas-côtés l’établissement de lignes métropolitaines à l’usage des promeneurs.
Les dimensions du terrain seraient de 400 mètres sur 000. La partie du terrain où les constructions seraient édifiées n’excéderaient pas 300 mètres dans la plus grande dimen
sion. La différence entre le plan d eau du réservoir et le sol de la terrasse serait de 40 mètres; il y aurait 60 mètres entre ce sol et la base de la colline.
Tel est, dans ses grandes lignes, le programme. En le transcrivanl, nous avons passé à dessein sous silence la pres
cription qui demandait de prévoir, pour certaines époques de l’année, l’installation des fêtes foraines avec leurs acces
soires indispensables, tels les chevaux de bois, jeux de boules, tirs, etc., etc. D’ailleurs, aucun concurrent n’a tenu compte de ce supplément plutôt discordant et fâcheux, pas même M. Tauzin, à l’esprit railleur qui a beaucoup amusé un journaliste que nous avons vu s’appliquer patiemment à copier la fantaisiste inscription dont il avait lui, un premier second Grand Prix de l’année dernière ! agrémenté la belle plaque de son réservoir.
Il nous reste à dire, maintenant, un mot sur les compositions.
Le projet do M. Camille Lefèvre, qui a remporté la palme, présente un ensemble grandiose et majestueusement ordonné. C’est à cette savante ordonnance, dont il a su tirer tout l’effet, qu’il doit, à notre sens, son grand succès.
Moins brillante parle rendu, mais puissamment conçue et tracéeavecuno maîtrise consommée, nous apparut Incompo


sition de M. Fernand .tanin, le premier second Grand Prix.


Peut-être que le poèmo de l’eau n’y règne pas en maître et que les cascades y sont un peu grêles; on conviendra cependant, à l’aspect général de ce projet, qu’il révèle un grand caractère.
L’œuvre de M. Ch. Nicod, le deuxième second Grand Prix, est tout à fait séduisante. On remarquera surtout la belle composition de sa façade — la plus réussie de l’exposition et la mieux rendue, — l’élégance poétique de sa frise sculptée, do ses cascades, avec lours jaillissements et leurs bouillonnements, et la symphonie de l’ensemble. M. Ch. Nicod cou
vrira de gloire, d’ici trois ans, son atelier; aucun doute n’est permis à ce sujet.
Avant de terminer, louons encore le projet de M. Grisolia qui avait le grand mérite de se présenter sous les traits d’un dessin impeccable. C’est un artiste soucieux de la précision et épris de vérité. Son œuvre, fort bien étudiée, avait la malchance d’arriver un peu « en charrette ».
Espérons que l’année prochaine il saura prendre sa revanche.
Enfin, il nous est agréable de citer ici le nom du plus jeune dos concurrents, M. Paul Tournon, un Marseillais qui nous donne d’heureuses promesses.
A. Gelbert.


CONCOURS DU PRIX DE ROME


Il est toujours intéressant de comparer los pronostics de la presse avec les décisions du jury. Les appréciations des journalistes brillent souvent par la divergence; celles du jury ne manquent pas toujours d’imprévu; il est assez amu
sant de noter les désaccords et parfois d’en chercher les motifs plus ou moins mystérieux.
Ne pouvant tout citer, nous emprunterons quelques extraits ou résumés à deux des critiques d’art les plus connus : MM. Thiébault-Sisson et Arsène Alexandre.


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On a vu plus haut les conditions du programme et l’aspect du concours pour un Château d’eau dans la capitale d’un grand Etat. Bien que, selon M. Thiébault-Sisson, on puisse dire de ce programme :
Ce ne sont que festons, ce ne sont qu astragales,
le critique estime que l’on a bien fait d’exercer ainsi l’imagination des concurrents sur un sujet qui exigeait une connaissance approfondie, non seulement de l’art de bâtir avec faste, mais de l’art si français et si noble des jardins.
Seulement, le mieux est l’ennemi du bien, et rien ne nuit à la beauté d’un ensemble comine la débauche ornementale.
De plus, on eût pu, sans nuire à l’architecture, supprimer le complément indiqué : de tirs et chevaux de bois, etc.,
dont on ne distingue pas nettement le lien avec un château d’eau, si vaste que soit la capitale du grand Etat à desservir.
D’après M. Thiébault-Sisson, l’Institut ne doit pas hésiter et doit aller tout droit au numéro 6, qui brille par la majesté et la simplicité :
« L’auteur, M. Janin, a donné à son réservoir pour façade une muraille de pierre dénuée d’inutiles ornements et percée de larges ouvertures d’où s’échappent, comme dans un Nia


gara qu’une main d’homme aurait élaboré, d’énormes


masses d’eau. Dans le bassin où ces cataractes se déversent en gigantesques nappes verticales, des girandoles très basses
accentuent par leurs effets rasants l’effet contraire de la chute.
« A droite et à gauche de ce bassin, le même contraste s’affirme et se caractérise encore davantage par l’adjonction au massif central de deux murs en terrasse également très bas cl percés d’une alternance do niches et de grandes arcatures d’où s’échappent encore des eaux. Ces deux grands murs qui s’allongent, comme de vastes antennes, de chaque