16 SEPTEMBRE 1905
LA CONSTRUCTION MODERNE
2e Série. 10e Année. N° 51.
XXe Année de la Collection
UNE MAJORITÉ
Nous n’avons pas la moindre intention de parler ici d une majorité politique à constituer, ni d’un referendum quel
conque à la mode suisse. Nous avons seulement à faire observer que la Construction Moderne, près d’entrer dans sa 21e année, atteint sa majorité légale.
Elle en a conclu qu’il était temps de s’émanciper ellemême. Comme toute les « jeunesses » elle estime que les toi
lettes qu’on lui a fait porter jusqu’à ce jour sont déjà démodées; elle n’écoute plus les conseils des gens sages qui l’entourent et ne veut plus s’en fier qu’à son propre goût. Puisque la voilà maîtresse de ses actes et de ses volontés, il ne nous reste plus, à nous autres personnes raisonnables, qu’à les l’enregistrer.
*
* *
Les exigences de la Poste sont telles chez nous, que le journal ne peut être expédié hors Paris que plié, au grand dommage des planches. On ne sait pas combien de soucis cause aux périodiques la dimension réglementaire et légale
des boîtes de facteurs, cotée en millimètres officiels, lesquels sont réglés sur les étalons de l’Observatoire. — Par étalons, nous n’entendons nullement parler des astronomes patentés,
mais des mètres en platine dont on peut dire ce que Voltaire disait déjà de l’Amour :
Qui que tu sois, voici ton mètre, Il l’est, le fut ou le doit être.
Aussi la Construction Moderne veut-elle aujourd’hui tenter une véritable révolution importée d’Amérique, qui
aura de graves conséquences. Moyennant une légère, très légère réduction de format, elle pourra désormais s’insérer
modestement dans la boîte des fonctionnaires attachés aux Postes françaises, et y trouver un abri plus sûr. Elle devra pour cela s’enrouler sur elle-même, comme les voiles d’une Loïe Fuller architecturale; mais au moins elle ne sera plus obligée de se plier en deux et à toutes les exigences administratives.
Mais, vont se récrier les sceptiques, si modeste que soit la réduction, ce journal ne va-t-il pas en profiter pour nous offrir moins de texte et peut-être moins de planches?
Ce serait mal apprécier la Construction Moderne et la facilité avec laquelle elle consent à tous les sacrifices honnêtes pour plaire à ses lecteurs.
Loin de diminuer son texte, et grâce à un caractère un peu réduit, chaque numéro contiendra un nombre de lignes et de lettres plus considérable qu’auparavant. Nous engageons les sceptiques, que nous prétendons confondre, à s’armer de
loupes et de jumelles Flammarion pour constater dûment le fait : chaque volume annuel sera ainsi augmenté en réalité,
dans son texte, d une quantité de matière équivalant à deux numéros supplémentaires.
Mais, puisque nous parlons du texte d’abord, nous devons attirer l’attention sur un nouveau changement dans la toi
lette du journal, changement qu’exigent impérieusement les variations de la mode.
Dorénavant, ce texte sera tiré sur papier couché, de même que les planches. Toutes les publications artistiques de luxe ont adopté ce papier de fabrication nouvelle et plus coûteuse, par la raison que les reproductions photogra
phiques, au moyen de clichés en simili, ont totalement détrôné l’antique dessin au trait sur clichés économiques. Le public éclairé ne veut plus aujourd’hui d’interprétation personnelle, quel que soit son caractère artistique; il exige la reproduc
LA CONSTRUCTION MODERNE
2e Série. 10e Année. N° 51.
XXe Année de la Collection
ACTUALITÉS
UNE MAJORITÉ
Nous n’avons pas la moindre intention de parler ici d une majorité politique à constituer, ni d’un referendum quel
conque à la mode suisse. Nous avons seulement à faire observer que la Construction Moderne, près d’entrer dans sa 21e année, atteint sa majorité légale.
Elle en a conclu qu’il était temps de s’émanciper ellemême. Comme toute les « jeunesses » elle estime que les toi
lettes qu’on lui a fait porter jusqu’à ce jour sont déjà démodées; elle n’écoute plus les conseils des gens sages qui l’entourent et ne veut plus s’en fier qu’à son propre goût. Puisque la voilà maîtresse de ses actes et de ses volontés, il ne nous reste plus, à nous autres personnes raisonnables, qu’à les l’enregistrer.
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Les exigences de la Poste sont telles chez nous, que le journal ne peut être expédié hors Paris que plié, au grand dommage des planches. On ne sait pas combien de soucis cause aux périodiques la dimension réglementaire et légale
des boîtes de facteurs, cotée en millimètres officiels, lesquels sont réglés sur les étalons de l’Observatoire. — Par étalons, nous n’entendons nullement parler des astronomes patentés,
mais des mètres en platine dont on peut dire ce que Voltaire disait déjà de l’Amour :
Qui que tu sois, voici ton mètre, Il l’est, le fut ou le doit être.
Aussi la Construction Moderne veut-elle aujourd’hui tenter une véritable révolution importée d’Amérique, qui
aura de graves conséquences. Moyennant une légère, très légère réduction de format, elle pourra désormais s’insérer
modestement dans la boîte des fonctionnaires attachés aux Postes françaises, et y trouver un abri plus sûr. Elle devra pour cela s’enrouler sur elle-même, comme les voiles d’une Loïe Fuller architecturale; mais au moins elle ne sera plus obligée de se plier en deux et à toutes les exigences administratives.
Mais, vont se récrier les sceptiques, si modeste que soit la réduction, ce journal ne va-t-il pas en profiter pour nous offrir moins de texte et peut-être moins de planches?
Ce serait mal apprécier la Construction Moderne et la facilité avec laquelle elle consent à tous les sacrifices honnêtes pour plaire à ses lecteurs.
Loin de diminuer son texte, et grâce à un caractère un peu réduit, chaque numéro contiendra un nombre de lignes et de lettres plus considérable qu’auparavant. Nous engageons les sceptiques, que nous prétendons confondre, à s’armer de
loupes et de jumelles Flammarion pour constater dûment le fait : chaque volume annuel sera ainsi augmenté en réalité,
dans son texte, d une quantité de matière équivalant à deux numéros supplémentaires.
Mais, puisque nous parlons du texte d’abord, nous devons attirer l’attention sur un nouveau changement dans la toi
lette du journal, changement qu’exigent impérieusement les variations de la mode.
Dorénavant, ce texte sera tiré sur papier couché, de même que les planches. Toutes les publications artistiques de luxe ont adopté ce papier de fabrication nouvelle et plus coûteuse, par la raison que les reproductions photogra
phiques, au moyen de clichés en simili, ont totalement détrôné l’antique dessin au trait sur clichés économiques. Le public éclairé ne veut plus aujourd’hui d’interprétation personnelle, quel que soit son caractère artistique; il exige la reproduc