lait remarquable, ces antiques bâti
ments n’offraient pas grand intérêt et ils étaient réellement peu logeables ; l’hu
midité y suintait par tous les pores de la pierre, au milieu
d’une demi-obscurité qui n’offrait aucun charme. D’ailleurs,
on en a conservé, dans la cour principale, le peu qui méritait d’être conservé.
A côté disparurent d’autres bâtiments au moins aussi an
ciens, qui avaient servi d’abri à l’Ecole normale avant qu’elle fût transpor
tée rue d’Ulm.La géuération des Taine, des About, des Prévost-Paradol,desGréard,etc., avaitpoussé dans cet antre grillé comme une prison où l’on aurait pu continuer d’appli
quer la torture. Ce
qui tendrait à prouver que des bâtiments sains, aérés, large
ment éclairés ne sont pas absolument in
dispensables pour permettre au talent d’éclore et de fleurir.
En tout cas, ils n’y nuisent pas, et l’on ne saurait donc faire un grief à l’Univer
sité de vouloir se donner, à elle et aux poussins qu’elle couve sous elle, unpeuplus d’air.
Dans les départements le mal est d’ordinaire moins grand : leurs collèges ont été souvent installés dans d’anciens cou
vents, dépossédés ou abandonnés; on ne saurait dire que les i nslallations y soient somptueuses ni adaptées aux prescriptions de l’hygiène moderne ; mais au moins la place n’y manque généralement pas, les cours sont suffisamment vastes ; en outre ces établissements ne sont pas, comme ceux de^Paris, enclavés dans d’antiques rues étroites, tortueuses, mal
ensoleillées, et que l’on a grand’peine aujourd’hui à rendre à peu près salubres.
Nos lycées de province peuvent avoir besoin d’extensions
nouvelles, ils ont moins fréquemment besoin d’une reconstruction totale.
*
Avant même que Louis-le-Grand eût été réédifié, Saint- Louis, l’ancien collège d’Harcourt, s’é
tait vu doté d’une façade sur le boule
vard Saint-Michel,
avec adjonction de quelques nouveaux bâtiments de ce côté. Comme il arrive fréquemment, il est ar
rivé qu’on a reconnu insuffisantes ces adjonctions ; un nou
veau remaniement s’impose. C’est, paraîl-il, en raison du développement continu que prend la pré
paration aux Ecoles supérieures de l’Etat,
qu’est apparue la nécessité de classes
nouvelles. Saint- Louis avait, de temps presque immémo
rial, la spécialité de ces sortes d’études, plus ou moins scientifiques.
Car, dans ce milieu extrêmement complexe qu’est la capi
tale où il semble que tousles mondes, tous les [métiers, toutes les spécialités se trouvent confusément entremêlées dans chacun des quartiers et dans tous les quartiers à la fois, il
n’est pas moins vrai que, suivant la région où il se trouve enclavé, chacun des lycées paraît avoir acquis et conservé une spécialité dans laquelle il brille plus excellemment. Pour ne pas multiplier les exemples, après avoir cité le Saint
Louis scientifique, on peut évidemment citer Condorcet comme l’éducateur littéraire par exemple : que d’historiens, de poètes, d’auteurs scéniques et de journalistes ont usé leurs culottes sur ses bancs, avant d’aller conquérir le monde :
particulièrement ces derniers, puisque le journalisme conduit à tout, dit-on, dès qu’on l’a quitté !
Cette préparation aux grandes Ecoles étant donc devenue
Château de Sassenage : Pavillon d’entrée. — Architectes: MM. Chatrousse et Ricoud.
ments n’offraient pas grand intérêt et ils étaient réellement peu logeables ; l’hu
midité y suintait par tous les pores de la pierre, au milieu
d’une demi-obscurité qui n’offrait aucun charme. D’ailleurs,
on en a conservé, dans la cour principale, le peu qui méritait d’être conservé.
A côté disparurent d’autres bâtiments au moins aussi an
ciens, qui avaient servi d’abri à l’Ecole normale avant qu’elle fût transpor
tée rue d’Ulm.La géuération des Taine, des About, des Prévost-Paradol,desGréard,etc., avaitpoussé dans cet antre grillé comme une prison où l’on aurait pu continuer d’appli
quer la torture. Ce
qui tendrait à prouver que des bâtiments sains, aérés, large
ment éclairés ne sont pas absolument in
dispensables pour permettre au talent d’éclore et de fleurir.
En tout cas, ils n’y nuisent pas, et l’on ne saurait donc faire un grief à l’Univer
sité de vouloir se donner, à elle et aux poussins qu’elle couve sous elle, unpeuplus d’air.
Dans les départements le mal est d’ordinaire moins grand : leurs collèges ont été souvent installés dans d’anciens cou
vents, dépossédés ou abandonnés; on ne saurait dire que les i nslallations y soient somptueuses ni adaptées aux prescriptions de l’hygiène moderne ; mais au moins la place n’y manque généralement pas, les cours sont suffisamment vastes ; en outre ces établissements ne sont pas, comme ceux de^Paris, enclavés dans d’antiques rues étroites, tortueuses, mal
ensoleillées, et que l’on a grand’peine aujourd’hui à rendre à peu près salubres.
Nos lycées de province peuvent avoir besoin d’extensions
nouvelles, ils ont moins fréquemment besoin d’une reconstruction totale.
*
Avant même que Louis-le-Grand eût été réédifié, Saint- Louis, l’ancien collège d’Harcourt, s’é
tait vu doté d’une façade sur le boule
vard Saint-Michel,
avec adjonction de quelques nouveaux bâtiments de ce côté. Comme il arrive fréquemment, il est ar
rivé qu’on a reconnu insuffisantes ces adjonctions ; un nou
veau remaniement s’impose. C’est, paraîl-il, en raison du développement continu que prend la pré
paration aux Ecoles supérieures de l’Etat,
qu’est apparue la nécessité de classes
nouvelles. Saint- Louis avait, de temps presque immémo
rial, la spécialité de ces sortes d’études, plus ou moins scientifiques.
Car, dans ce milieu extrêmement complexe qu’est la capi
tale où il semble que tousles mondes, tous les [métiers, toutes les spécialités se trouvent confusément entremêlées dans chacun des quartiers et dans tous les quartiers à la fois, il
n’est pas moins vrai que, suivant la région où il se trouve enclavé, chacun des lycées paraît avoir acquis et conservé une spécialité dans laquelle il brille plus excellemment. Pour ne pas multiplier les exemples, après avoir cité le Saint
Louis scientifique, on peut évidemment citer Condorcet comme l’éducateur littéraire par exemple : que d’historiens, de poètes, d’auteurs scéniques et de journalistes ont usé leurs culottes sur ses bancs, avant d’aller conquérir le monde :
particulièrement ces derniers, puisque le journalisme conduit à tout, dit-on, dès qu’on l’a quitté !
Cette préparation aux grandes Ecoles étant donc devenue
Château de Sassenage : Pavillon d’entrée. — Architectes: MM. Chatrousse et Ricoud.