30 SEPTEMBRE 1905
LA CONSTRUCTION MODERNE
2e Série. 10e Année. N° 53.
XXe Année de la Collection,


ACTUALITÉS




CONGRÈS INTERNATIONAL DE LA TUBERCULOSE


Nous avons prié M. Aug. Rey, le lauréat du Concours Rothschild et qui a longuement étudié toutes les questions d’hygiène architecturale, de tenir nos lecteurs au courant de tout ce qui se rattache à ces mêmes questions, d’une si vivante actualité.
Nous devons, dès aujourd’hui, à son aimable obligeance, cette première communication au sujet du Congrès qui va s’ouvrir et où l’on ne devra pas s’étonner de constater une active intervention des architectes.
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Le Congrès international de la tuberculose va s’ouvrir à Paris, le lundi 2 octobre. Il tiendra ses séances au grand
Palais des Champs-Elysées, entrée : avenue d’Antin; et se terminera le 7 octobre.


Son importance semble devoir être considérable. Le nombre de ses membres inscrits, tant français qu’étrangers,


atteint déjà, à l’heure actuelle, le chilïre de deux mille, non compris les membres associés qui ne sont pas admis à prendre la parole. Plus de cinq cents communications sont annoncées.
Afin de permettre au travail qui va être fait d’être conduit avec méthode, ce Congrès est divisé en quatre sections. La
première, celle de pathologie médicale est présidée par le professeur Bouchard; la deuxième, celle de pathologie chi
rurgicale, par le professeur Lannelongue; la troisième, celle de préservation et d’assistance de l’enfant, par le pro


fesseur Grancher; enfin la quatrième, celle de préservation et d’assistance de l’adulte et d’hygiène sociale a, vu son im




portance, deux présidents : le professeur Landouzy et Paul Strauss.


C’est la première et la quatrième section dont le programme est dès maintenant le plus chargé et le nombre de communications le plus important.
Le mal qu’il s’agit de combattre est si grave, ses progrès sont si effrayants paitout que, dans un même élan vers la recherche de solutions qui semblent fuir encore, savants,
médecins, chiiuigiens, architectes, hygiénistes, sociologues, hommes d’Etat, se réunissent à nouveau pour en délibérer.
Que sortira-t-il de cette nouvelle consultation internationale? Sera-ce enfin ce que tout peuple attend; l’améliora
tion de ses conditions d hygiène? Nous souhaitons vivement que ce soit là le côté de la question qui sera le plus large
ment et pratiquement envisagé. Si la guérison du mal redoutable chez ceux qui en sont atteints a sa haute impor
tance, il faut le dire franchement: c’est à l’anéantissement des causes initiales qu’il faut travailler avec une énergie inlassable. C’est le but suprême vers lequel doivent tendre les efforts immenses que l’élite intellectuelle du monde entier fait depuis quelques années pour faire reculer le fléau, le vaincre ensuite.
Ces causes initiales nous les connaissons tous. Notre regretté confrère, M. Charles Lucas, qui vient si soudaine
ment d’être enlevé à l’estime unanime et à la haute situation qu’il avait parmi nous, a traité ces questions avec toute l’ampleur qu’elles comportent. De cette plume si vive, si alerte, si sympathique, il gagnait à la bonne cause les plus réfractaires, réduisait toutes les objections et, après vous avoir convaincu, finissait par enflammer tous les esprits, toutes les activités.
En relevant la plume qui vient de tomber après une collaboration si vaste à la Construction Moderne, nous ne saurions exprimer à quel point la perte est grande, lorsqu’une intelli


gence de cette expérience vient à s’éteindre, lorsqu’il n’est plus possible tout d’un coup de compter sur cet esprit sagace


et fin pour mettre en lumière les progrès, les dégagée de tout l’inutile ou le nuisible.


Les vraies causes initiales de la tuberculose résident dans l’habitation défectueuse. On ne saura jamais assez le dire.


Que les médecins guérissent ou enrayent le mal déclaré chez un enfant, chez un adulte, ils font œuvre profondément utile, qui pourrait le nier? Que le chirurgien opère, que le socio
logue constate l’étendue de la maladie et la circonscrive, que l’homme d’État cherche, par des lois tutélaires, à attaquer les causes, tout cela est bien. Mais l’hygiéniste est celui au1
quel incombe en définitive, dans nos sociétés modernes, le rôle prépondérant. L’architecte, hygiéniste parexcellence,dont les enseignements pratiques sont tirés des constructions qu’il élève, c’est en réalité sur lui que retombe tout le poids des