Hôtel Pierre Ier de Serbie à Paris




LES SALLES DE RÉCEPTION




Par M. Louis BRACHET, Architecte et Décorateur.


(Planches 17 à 20.)


T


out d’abord je me permets de rappeler en quelques lignes ce que j’écrivais récemment dans un article concernant l’Hôtel Pierre-Ter de Serbie, à Paris, par Louis Brachet, architecte diplômé A. D., pro
fesseur d’art à l Ecole Dorian (Numéro 40 du I°r juillet dernier de la C. M.). Louis Brachet est un véritable ar
tiste. A sa pratique, à son talent d architecte il ajoute des connaissances et une expérience sérieuse de la déco
ration. La réalisation de cet Hôtel lui offrait l’occasion d’y appliquer son habileté de décorateur et il ne l a pas laissé échapper.
A mon avis, les intérieurs de l’Hôtel Pierre-1er de Serbie qui constituent la Réception sont parmi les plus in
téressants qui aient été réalisés à Paris en moderne dans un hôtel depuis l’Exposition des Arts Décoratifs de 1925.
Ils sont conçus dans un goût nouveau et dans une note qui ne choque pas, dans une architecture où on trouve des éléments vraiment bien composés et bien appliqués avec le souci constant d’éviter les imitations, point de faux bois, de faux marbres, de fausses coupes de pierre, pas de trompe-l’œil. Ce sont ces pièces de la Réception que je tiens à présenter aujourd’hui, au moins les en
sembles parce qu il faudrait de nombreuses pages pour montrer les curieux détails de cette décoration nouvelle.
Nul n’a utilisé autant que Brachet les formes purement géométriques, nul plus que lui n’a tiré un effet aussi va
rié et réussi des volumes et Camille Garnier a bien saisi dans les sculptures l’esprit de cet architecte, de ce décora
teur. Pour la décoration peinte il a su créer des bandes, des frises également purement géométriques avec des teintes délicieuses. a employé l’or, mais un or citron
judicieusement choisi pour convenir à sa décoration assez claire. Louis Brachet, professeur d’art à l’Ecole Do
rian, qui se consacre plus particulièrement au fer forgé l’a appliqué beaucoup au Pierre-I6r de Serbie, sans doute parce qu’il était la seule matière qui pouvait en petites dimensions lui offrir une solidité suffisante pour les gril
les et les appuis, mais il ne lui a pas conservé son aspect de métal, malgré les belles patines auxquelles les ferronniers nous ont habitués ; pour éviter sans doute un en
tretien difficile à assurer il n’a pas craint de le peindre,
de le recouvrir de jolis tons qui s’harmonisent mieux avec les couleurs employées pour ces intérieurs.
Le Hall d’entrée
On pénètre par un vestibule marqué Nartex au plan, le nègre qui l’a dessiné me fait commettre une faute d’ortlhographe puisqu’il aurait dû l’écrire Narthex —
couronné par un plafond à caissons avec éclairage indirect. Les parements latéraux de ce vestibule sont ornés par deux panneaux qui sont déjà un ensemble de curieux éléments de l’architecture nouvelle de Louis Brachet.
On entre dans le hall par une porte tournante dite « revolver » et on est aussitôt agréablement surpris par l’effet de cette grande salle surmontée d’un énorme lus
tre, composé comme le reste par l’architecte, en glace gravée et ornée d’un joli dessin dans des blancs variés très tendres.
Le hall est de forme carrée, dans une nuance saumonée ou rose thé bordé sur ses côtés par deux grandes baies, derrière celle de gauche se situe sur un niveau plus élevé le palier de départ de l’ascenseur et du grand escalier, sous celle de droite se trouve le Bureau pour la ré
ception des clients et la Caisse limitée par un grand comptoir en bois coloniaux et composé spécialement pour l’Hôtel, tout le Bureau est naturellement meublé en rap
port avec ce comptoir qui fait honneur au talent de l architecte.
L’architecture de la salle est très simple, les socles des pilastres sont à arêtes arrondies, ce qui paraît très ra
tionnel pour éviter les écornures produites par le choc des meubles — c’est assez curieux que l’on n y ait pas songé plus tôt. Ces socles sont à deux épaisseurs par rapport au nu des pilastres comme le montre la photographie du comptoir de la réception.
Le sol est en grès cérame et en mosaïque de Briare, il a été exécuté par l’Entreprise Gilardoni et a l’effet d’un tapis de Caramanie sans en avoir cependant la composi
tion ornementale ; c’est un ensemble de petits carreaux de grès blancs, noirs, bleus gris et de carrés oranges formés par des très petits cubes de mosaïque.
Le plafond est d’une nuance blanc crème avec une légère pointe de gris et encadrée par une sorte de corniche à profil rectangulaire au-dessous décoré par des or
nements géométriques du ton saumoné de l’ensemble, sculptés avec des creux de la nuance du plafond, et re
haussée par des ors citron. Autour de la salle court une ornementation nouvelle formée par des échancrures dorées de forme triangulaire dé l’arête du bandeau inférieur à cette corniche.
La Lontaine lumineuse
Comme je le disais les couleurs de cette décoration ne peuvent être reproduites exactement par la photographie et la première gravure ne donne qu’imparfaitement le bel effet du départ de l’escalier et de l’ascenseur.