Un perron de quatre marches conduit au palier de départ, les parements sont saumonés, mais l’escalier et les marches sont d un gris très agréable.
Dans J’axe du perron et adossée au parement du fend est une jolie fontaine lumineuse extrêmement moderne en marbre jaune café au lait avec fond de niche en marbre plus teinté et veiné encadré par une bande mosaï
quée noire rehaussée de points d’or, trois petites rosaces également d’or agrémentent de chaque côté les, montants de la niche. La vasque est en verre moulé d’un ton lai
teux bleuté et soutenue par un groupe de volumes en même marbre caf® au lait. Le jet d’eau varie de couleur dans une série de nuances lumineuses qui apportent à l’ensemble un effet de tonalités changeantes bien étu
diées. La partie qui retient cependant l’attention est sans doute le revêtement supérieur du parement formé par une série de volumes étroits sur plans rectangulaires et posés de biais sur deux hauteurs différentes, alignés com
me des tuyaux d’orgue et comme retenus par des filets peints en bleu turquoise et dorés. La lumière se joue sur les biais de ces éléments nouveaux dont les rangées s’é­ tendent au long de la montée de l’escalier.
Le grand Salon
Ce Salon est éclairé par la cour intérieure, ce qui a permis de disposer la plus magnifique des verrières en glaces imprimées de différents modèles disposées dans une armature en fer forgé. C’est incontestablement la
plus belle composition décorative de Louis Brachet pour ces intérieurs qui en comptent tant. Il est juste de mentionner que ce magnifique plafond lumineux a été exécuté par Damon qui lui aussi a bien saisi l’esprit qui animait l’auteur.
Le Salon, couronné en son centre par le grand plafond lumineux carré et sur ses prolongements par deux au
tres baies lumineuses surmontant des parties adjacentes de ce salon en extrémité, est de forme octogonale, les côtés plus petits aux angles étant percés de portes et de baies qui en augmentent l’effet parce que garnies de jo
lis fers peints et dorés. La partie latérale gauche bordée de banquettes recouvertes de velours de ton violine cons
titue un coin plus retiré pour la conversation. La partie gauche est formée par une grande trompe en béton armé qui porte les huit étages du grand escalier. Cet énorme élément de construction qui ainsi situé et débordant dans le salon aurait pu être une cause de mauvais effet a été, au contraire, pour l’habile décorateur qu’est Louis Bra
chet l’occasion de composer un grand motif ornemental. La voûte a été faite à pans et sur l’énorme renflement du parement enduit au plâtre le sculpteur Camille Garnier a sculpté superbement la curieuse décoration imaginée par l’architecte. Avec les portes s’ouvrant sur un dégagement latéral on conviendra que cette trompe en béton
armé constitue un magnifique ensemble. Le salon étant de teinte saumonée, les creux des ornements sculptés sont dans un même ton plus soutenu.
Le Salon de Thé et la Grande Salle de Restaurant
Par deux marches on arrive au niveau du Salon de Thé qui, en réalité, constitue une partie de la salle de Restaurant. Cette salle qui est plutôt un véritable Salon, tant l’exécution en est riche comprend, en effet, une par
tie basse qui est le salon de thé et une partie plus haute de six marches qui l’entoure et forme la salle de Restau
rant qui s’étend vers le fond jusqu’à une grande baie s’ouvrant sur la rue de Chaillot. Cette baie à redents,
telle un paravent, est garni de superbes glaces gravées rehaussées de points d’or.
La tonalité générale de cette salle est d’une nuance jaune crème avec une pointe très légère de gris. Les fers sont peints en gris souris et rehaussés d’or. Cette salle offre aussi de curieux éléments d’architecture et de dé
coration, la composition est tout, aussi personnelle que celle des parties précédentes et tout serait à décrire. La ventilation es.t assurée par des trous disposés par paires et qui constituent eux-mêmes des motifs d’ornementa
tion. Le luminaire est constitué par des appliques et des plafonniers en glaces gravées ou moulées montées dans des armatures métalliques dorées du plus bel effet décoratif.
J’ai trop souvent critiqué le luminaire des salles de cafés et de restaurants, presque jamais en rapport avec les frais et la décoration, presque toujours d’un genre déplorable, pour ne pas faire remarquer aujourd’hui l’avantage que T administration de l’Hôtel Pierre-l de Serbie a eu de se reposer sur son architecte pour le lu
minaire de ees salles de réception. Il m’a été agréable de trouver aussi sur les tables des jolies lampes à abatjour en argent, je n’ai pas été surpris parce que leur incomparable dessin révélait qu’elles étaient dues également à Louis Brachet.
Un Hôtel moderne et son confort
L’Hôtel comprend 150 chambres avec salle de bains, lavabo, bidet, water. Quelques chambres sur l’Avenue ont une salle de bains-toilette et une seconde pièce de toilette ainsi qu’une penderie.
Le chauffage et la ventilation montrent l’immeuble le plus parfait non seulement en France mais qui dépasse ceux d’Angleterre, d’Allemagne et d Amérique.
La ventilation mécanique renouvelle l’ai)’ des chambres, des salles de bains une fois par heure et demie. Toutes les chambres ont une ventilation directe et secondaire.
Le chauffage est assuré par une batterie de quatre chaudières du même type à vapeur à basse pression qui produit la vapeur nécessaire à la totalité des services de l’hôtel. Cette vapeur assure : 1° le chauffage des chambres par l’eau chaude par radiation directe ; 2° le chauffage des salles de la Réception et des escaliers par radiation indirecte combinée avec la ventilation ; 3° le chauffage de l’eau nécessaire à tous les appareils sanitaires ;