Villa à Dornachj M.^Rudolf Steiner, Archituete.
dhitectoniques qu’il a imaginées.. C’est pourquoi il a façonné le Gœtheanum à l’image du pays qu’il domine.
L’esprit d’une contrée se manifeste dans les lignes de son paysage. L’action lente des éléments, du climat sur la construction géologique du sol, finit par lui donner des traits, un visage qui peut exprimer la douceur, la robustesse, l’âpreté ou la mélancolie, comme la figure d’un être humain exprime son tempérament natif, peu à peu modifié, exaspéré ou contraint par lesheurls de la vie.
La région de Suisse où s’élève le Gcellicanum est formée de calcaire recouvert d’argile. Les mêmes éléments chaux et argile se retrouvent dans le ciment dont le monument est construit. Soumis aux mêmes influences climatériques que le sol, il doit prendre une structure ana
logue. Fait d’une autre matière ses formes seraient tout autres. Avant le monument actuel Rudolf Steiner avait construit au même endroit un premier Gœtheanum qui a été délruit par un incendie en 1922. Edifié en bois, le premier Gœtiheanum s’épanouissait en formes organiques, paraissait gonflé, palpitant de force vivante. Si on voulait élever en pierre de taille un autre bâtiment du
même genre aux bords de la Seine, il faudrait trouver encore d’autres formes. Si les lignes du Gœtheanum actuel s’apparentent à celles du sol dont il a emprunté la substance, c’est qu’il veut en exprimer l’esprit.
Mais la matière minérale peut prendre une forme non seulement sous l’action mécanique de forces qui la sculptent de l’extérieur, mais aussi sous l’action de forces in
ternes qui agissent dans la substance même et l’organi
sent. C’est le cas pour le squelette des être vivants. Les forces qui forment la structure de l’os paraissent égale
ment. avoir agi dans le Gœtheanum dont le modelé large s’affirme par des arêtes souples mais nettes comme des apophyses. Certaines parties de la façade ont une certaine analogie avec les os du crâne humain.
Sans doute, il ne saurait s’agir d’une imitation réaliste. Rudolf Steiner n’a cherché à copier ni un crâne, ni une colline, mais bien à exprimer au travers les formes visi
bles les formes suprasensibles qui agissent dans l’action mécanique des éléments, pu dans la construction physio
logique des êtres organisés. C’est cette transformation de la matière et des formes qui est inscrite dans les lignes mouvementées de son monument, qui justifie par là même son nom de Gœtheanum. La théorie de la méta
morphose des formes de Goethe a été en effet reprise et développée par Rudolf Steiner, qui s’est toujours récla
mé de la philosophie scientifique et esthétique du grand poète qui fut aussi un savant génial.
Le premier Gœtheanum construit en^boisjel incendié en 1922.