R.L., avec quelle mesquinerie les tribunaux interprètent nos tarifs d’honoraires. .le crains fort que si la garantie décennale fait l’objet d une assurance obligatoire dont la prime sera portée au compte de la construction, les tribunaux décident que cette responsabilité rentrant dans notre mandat rénuméré par des honoraires, sa suppression au moins partielle doit entraîner la réduction d autant de ces honoraires. Et nous nous récrierons alors : que la ré...forme était belle avant d’être réalisée.
J. L. *
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T..., 16 novembre 1928.
Monsieur le Directeur,
La malheureuse catastrophe de Vinoennes où il semblait qu’on aurait dû encore, pour le moment, ne songer qu’à s’incliner devant des tombes en laissant faire l’action de la justice, a soulevé toutes les polémiques. La presse consciente de son devoir, en des circonstances de ce genre, a voulu se documenter et naturellement elle l’a fait devant les étiquettes qu’elle croyait les mieux qualifiées pour lui donner les rensëignemenls qu’elle désirait. Les uns furent sincères, d’autres, malgré les cir
constances en ont profité pour ouvrir ces polémiques, dont le plus ou moins bien fondé a été discuté depuis des aimées déjà par des compétences plus sages heu
reusement et moins primesautières. La réponse ne s’est pas fait attendre pour montrer aux polémistes que l’homme reste toujours un bien faible élément devant les for
ces de la nature et qu il est plus sage de ne point se servir des deuils pour entamer des luttes non désintéressées.
Dans l’accident de ’Vincerines, sur quoi pouvait-on se baser pour ouvrir ces campagnes d’architectes et de titres d’architectes. Ces campagnes auraient été fondées, s’il était prouvé que dans les circonstances de ce malheur, la faute en revenait à un architecte insuffisamment pré
paré. Or, dans le cas présent, les architectes étaient hors de cause, puisque dans l’immeuble effondré il n’y en avait point. La sagesse commandait d’attendre les con
clusions des experts et l’expérience nous prouve que nul ne peut se réjouir ni se prévaloir d’un titre, pour croire à une infaillible élite devant les catastrophes du bâti
ment. Il y en avait eu antérieurement à Paris comme ailleurs, dans des immeubles dont la direction était con
fiée à des architectes très titrés. A ceux qui croient à la justice immanente des choses, la toute dernière a for
mulé une terrible réponse que l’heure seule a empêché de rendre plus terrible encore. Dans le bâtiment comme dans tout ce qui compte avec les forces physiques ou naturelles, nul ne peut se croire à l’abri du malheur.
C’est la rançon du progrès, celle des architectes, des ingénieurs, des constructeurs de tous ordres, qui font travailler les forces physiques ou mécaniques du bâtiment, des travaux d’art, de l’outillage, des chemins de
fer, etc..., des grands moyens d’action que la science et le progrès ont mis à la portée des hommes. La nature se charge de temps à autre de leur rappeler leur faiblesse et sa force.
Il semblait donc prématuré en incriminant un homme, dont le désespoir doit être déjà une pénalité terrible, sans savoir s’il a péché par incapacité, de mettre en ligne
la corporation des architectes à laquelle il n’appartenait pas et dont il ne s’est pas prévalu du litre. On peut être
ingénieur ou constructeur sans être architecte. Ne pas mettre d’art dans ses oeuvres, mais faire tenir un bâti
ment. 11 semblait donc très malaisé de vouloir ouvrir les luttes d’une corporation, qui ne demande, dans ses éléments les meilleurs, qu’à se voir dans des conditions de sagesse, protégée contre les ignorants. Il faudrait re
prendre des volumes pour traiter cette question d’un ordre ou d’un titre d’architectes exclusivement embriga
dés dans une formule. Les siècles ont prouvé que jamais l’art n’a pu être esclave de ces formules. C’est par sa liberté très grande dans la conception des formes, que les siècles ont affirmé leur beauté dans leurs monuments comme dans leurs sculptures, leurs peintures ou leur art décoratif.
Il faut donc que celle question du lilie et de l’ordre des architectes soit solutionnée, ceci hors de doute, mais il faut qu’elle le soit en dehors des polémiques et des passions, quand le calme sera revenu et que la justice aura fait toute la lumière sur les causes non plus d’une catastrophe mais de deux catastrophes.
Dans le Nord, il existe une consécration donnée aux architectes, dignes de ce nom, par la Préfecture. D’au
tres Départements ont suivi cet, exemple. Nul n’est admis à bâtir les édifices communaux s’il ne possède le titre d’arcliitecte-agréé pour les édifices publics et les établissements communaux. 11 passe un examen dont les matières sont contenues dans un opuscule que la Préfecture mettra volontiers à la disposition de tous les enquê
teurs, j en suis persuadé. 11 tient son titre de ses pairs et son droit par son savoir, d’où qu’il provienne, à accéder à sa profession. Les. diplômés sont agréés de droit.
Dans cette grande période, de ia reconstitution, où ces architectes-agréés ont accompli une formidable mission, je ne sache pas qu’ils aient eu à enregistrer des catas
trophes. Cependant pour les besoins du pays, il a fallu à un moment donné élargir 1 accès de ce titre et même donner place à une catégorie d’architectes supplémen
tairement admis dans les coopératives pour faire face aux besoins du moment. La suppression d’une formule con
sacrant celte catégorie supplémentaire d’architectes a été du reste demandée depuis par les pouvoirs compétents.
Parmi tous ceux qui ont été jugés dignes d’entrer dans les agréés, beaucoup ont obtenu souvent de par leur expérience (.les places de tout premier plan. Ils n’ont l ail que contribuer à la renommée de notre art national
ou régional et ont élé honorés en maintes occasions, tant en France qu’à l’étranger. Ils voudraient donner au mon