chaussée comprenant hall, salon, salle à manger, cuisine et office.
Du hall part l escalier conduisant à l’étage, à un large vestibule desservant les chambres, absolument indépendantes l’une de l’autre comme il convient.
Le plan fait ressortir l’importance du perron qui constitue un grand ensemble qu’encadrent les ailes de la villa. C’est d’abord une large montée, puis un palier s’étendant sur chaque côté en terrasse, puis deux autres montées en retours qui aboutissent enfin au palier sur lequel s’ouvre la porte d’entrée. Ce perron a ainsi des dimensions peu banales, il forme des terrasses étagées qui ont été motif à une composition intéressante, à une architecture que peut égayer, agrémenter une végéta
tion, une floraison incomparables puisque la Villa est à Nice la Belle perpétuellement fleurie. Et de ce grand perron et de ses terrasses, la vue s’étend sur un très beau jardin fermé par une élégante grille que les fleurs dé
bordent et couronnent. Cette végétation émaillée de fleurs aux vives couleurs rehaussée de plantes grimpantes, de palmiers et de cactus est telle qu’il m’a été impossible de faire prendre un cliché photographique montrant le détail du perron.
L’ensemble de cette construction est fait en maçonnerie des pierres calcaires du pays pour les façades. Les planchers sont en ciment armé. Les murs extérieurs sont revêtus de mortier de chaux peint à l’huile et décoré de feuillage et de peintures décoratives à l’huile.
La note régionale est à peine indiquée par quelques tuiles rondes ; pas de rangées de génoises, les versants de toitures forment une grande saillie dont le dessous est une gorge à large rayon, cette saillie protège très bien les peintures décoratives.
Ces frises ï couronnant les façades sont une caractéristique des maisons niçoises ; autrefois, elles étaient très
répandues et le plus souvent fort vilaines, c’était une occasion d’employer les sgraffitis et ce genre avait été importé par les ouvriers italiens. On a pu -en voir jusqu’aux environs de Paris, il y a une quarantaine d’an
nées où, peu à peu, elles ont été remplacées par des Irises en faïence émaillée. Tout cela était assez « pompier ». Mais les frises imaginées par les Dalmas pour la
Villa Laure ont un caractère véritablement artistique. Ce sont des perroquets qui s’ébattent sur des rinceaux portant de grosses fleurs avec des.treillages verts sur les
quels tranchent le ton très franc des feuillages et les vives couleurs des fleurs et des oiseaux, le tout avec de larges cernés qui rappellent la mise en plomb des vi
traux. Cette décoration rattache la végétation du jardin à l’architecture et est véritablement très bien, j’ai pu obenir des auteurs une documentation suffisante qui permettra mieux à nos lecteurs de comprendre le bel esprit de composition des Dalmas. Il est incontestable qu’une telle décoration est très délicate, à moins d’être un artiste et d’avoir des aides habiles on risque fort de tomber comme je disais dans le « pompier ».
Les perrons et les escaliers intérieurs sont en marbre blanc de Carrare ainsi que le parterre du hall, les sols des paliers et des salles de bains ; ces derniers ont des
bordures en marbre de couleur approprié aux coloris et à l’esprit de la pièce.
La salle à manger possède sur ses murs des revêtements en marbre jaune et son mobilier est incorporé en partie dans la construction.
Le hall a un revêtement en acajou d’Okoumé verni au tampon et les salons de style Louis XVI ont un lam
bris en bois mouluré. Les panneaux décoratifs ont été exécutés par l’Artiste décorateur F. de Signori dont le talent est renommé sur la Côte d’Azur.
Le jardin, composé par les Architectes, a été orienté en tenant compte des points de vue. Il y a lieu de souli
gner qu’ils ont eu le souci de conserver un grand pin
parasol existant dans la propriété et de concevoir leur ensemble de manière à ce que cet arbre flanque agréablement la façade et l’entrée.
Comme partout, comme toujours, les Dalmas ont réalisé un superbe ensemble, l’Architecture et le Jardin s’harmonisant de la manière la plus charmante.
Les Entrepreneurs ont été les Etablissements Giacinti pour l’ensemble avec la collaboration de Turchi Bolivar pour la menuiserie et l’ébénisterie, de Servant pour la pîâtrerie, du Comptoir des Glaces pour la miroiterie. L’exécution est naturellement parfaite.
Antony Goissaud.