Le Monument de Charles Plumet




L


e Groupe des Architectes Modernes, qui avait pris l’initiative de recueillir des souscriptions pour élever un monument à Ch. Plumet, a convoqué le 30 mai 1929, au cimetière de Puteaux les souscripteurs et diverses personnalités du monde des Arts à l’inauguiati.on du monument très simple, ayant beaucoup de ca
ractère, élevé, sur les dessins et sous la direction de notre distingué confrère Patout, sur la tombe de Plumet.
C était pour l’Union Syndicale des Architectes Français une obligation d’être représentée à cette cérémonie ; aussi en tant que Président de cette société, me suis-je fait un devoir d’y assister.
Ch. Plumet était en effet un des membres les plus anciens de notre Société, venus se serrer autour du fondaleur, le grand lutteur pour les idées modernes : de Baudot .
Plumet était élève de Bruneau, ami personnel et partageant les idées si nettes du chef d’école qu’était de Baudot. 11 a donc été amené à suivre son enseignement ; c’é­ tait un des fervents des cours du Trocadéro.
Dans une note très personnelle il s’est, montré un Architecte de grand talent que l’Union Syndicale est fière d’avoir compté parmi ses membres et. dont elle a ressenti très profondément la perte.
D’excellents discours retraçant la carrière si belle et si remplie de Ch. Plumet ont été prononcés par M. Ch.
llairon, au nom de la Société des Décorateurs, dont il a été l’âme ;
Par M. Blanc, son collaborateur des dernières années ; Par M. Bonnier, rappelant l’œuvre considérable de Cih. Plumet à l’Exposition de 1925 ;
Puis un éloquent rappel de M. iFrantz Jourdain, du joie de Ch. Plumet dans la fondation du Salon d’Automno, dont il était vice-président, montrant sa haute valeur morale en matière d’Art.
Enfin, M. Paul Léon, Directeur Général des Beaux- Arts, a clôturé celte série par une allocution d’une belle tenue littéraire, rendant hommage au grand Artiste disparu trop tôt, en pleine vigueur de son talent.
Et devant cet hommage rendu à Plumet, je ne pouvais m’empêcher de penser que lui aussi était un grand exem
ple que l’Artiste est Artiste-né. En effet., Plumet était de formation patronale seulement, comme les grands maî
tres anciens. Il n’avait aucun diplôme d’Ecole. Et si pour sauver l’Architecture française du mercantilisme qui la menace on voulait exiger le Diplôme d’Ecole à la base, on étoufferait des talents comme ceux de Plumet et d’autres vivant encore, dont les noms sont sur toutes les lèvres.
Ceci ne veut pas dire qu’il ne faut pas chercher à protège r le titre d’Architecte en le réservant seulement, aux Artistes et aux techniciens qui en sont dignes, mais il fan! trouver une solution, et ce n’est pas commode, qui
soit respectueuse des talents non revêtus d’estampilles officielles.
Et t entendais par delà la tombe la voix du grand Disparu, recommandant à l’Union Syndicale de continuer de défendre, comme elle l’a toujours fait, la liberté de l’Art.
G. Guët,
Président de l Union Syndicale des Architectes Français
Photo C. M.
P. Patout, Architecte.