45me Année...




L


a Construction Moderne va entrer dans sa 45e année ; c’est l’adolescence pour une ingénue de mu
sic-hall ; pour une revue professionnelle, c’est un âge très avouable, qui permet, en s’enorgueillissant du chemin honorablement parcouru, de faire encore des projets d avenir.
Ces projets, nos abonnés les connaissent par avance, puisqu’ils sont la suite de nos précédents efforts : un nu
méro hebdomadaire d’abord plus copieux, de 20 pages au lieu de 16 le plus souvent, de façon qu’il contienne plus de planches et de gravures, et que la collection des cinquante-deux numéros constitue ainsi une véritable encyclqpédie — et la seule — de l’œuvre architecturale de l’année.
Ces documents, il ne faut pas attendre qu’on vous les apporte, ou les choisir au petit bonheur des camaraderies ou d’une promenade dans les rues de Paris. 11 faut les
chercher aux quatre coins de la France, ce qui implique des rédacteurs professionnels et des photographes pérégrinant à grands frais de Nice à Lille et de Dinard a Biarritz, en passant bien entendu par Paris, Lyon, etc...
Ce programme, qu’aucune autre revue française d’architecture ne peut réaliser, nous l’avons amorcé et comp
tons bien le compléter. Et cette documentation graphique ne nous fera pas négliger notre rédaction technique : ré
sistance des matériaux, matériaux nouveaux, législation fiscale, IL B. M., jurisprudence ; on sait, à cet égard, combien, en dehors des articles originaux, nos consulta
tions de la « Boîte aux lettres » sont appréciées ; c’est plus de 2.000 qui sont ou publiées ou envoyées à nos abonnés directement chaque année. Que nos abonnés ne craignent pas d’en user ; le dévouement de nos collaborateurs spécialistes, dont nous allons encore augmenter le nombre,
est à leur disposition et nous demandons seulement qu’on veuille bien songer que le prix de notre abonnement est déjà couvert par la valeur de deux ou trois de ces consultations.
Nous voudrions qu’ainsi, et son indépendance restant absolue, la C. M. soit la revue et l’outil de travail de tous les Architectes français. Peu importe les intérêts distincts de tels ou tels professionnels, les légitimes ambitions de tel ou tel groupement se manifestant dans son Bulletin ou son organe syndical. Nous croyons nécessaire qu’au-dessus, ou, si on le préfère, à côté de cès organes particuliers, une grande revue soit le miroir de l’effort architectural français dans toute son ampleur ; cette revue, d’au
tres peuvent sans doute la faire, encore croyons-nous qu’ils ne le pourraient s’ils étaient inféodés à tel ou tel groupement forcément particulariste et qui, par suite, ne peut résister aux entraînements de camaraderie et ne peut comme conséquence éviter des réactions.
En tout cas, même si nous nous trompons sur ce point on nous permettra d’invoquer en notre faveur l’expérience de près d’un demi-siècle, et de dire que si, seule,
depuis quarante-cinq ans, la C. M. paraît chaque semaine,
cela représente un effort soutenu, qui a entassé des chances de succès et aussi, disons-le sans fausse modestie, une capacité d’activité et de résistance qu’il est difficile d’obtenir d un organisme non commercial.
Est-ce à dire que nous avons la fatuité de nous imposer et de n’accepter aucune orientation ? ce serait bien
mal nous connaître ; si nous n’avons jamais voulu être inféodés à un groupement, même par une chaîne do
rée, pour rester dévoués à la profession elle-même, c’està-dire à tous, bien de nos lecteurs savent que nous avons trouvé, par l’abonnement collectif de sociétés profession
nelles importantes, sans aucun avantage commercial, le meilleur patronage compatible avec notre indépendance.
Et ceci nous amène à dire un mot des directives toujours suivies par la C. M. La Société de la Librairie de la Construction moderne est une société commerciale et. à ce titre, ses rayons : librairie, papeterie, tirages indus
triels, sont dirigés comme il convient ; mais la Revue n’a jamais été considérée du point de vue mercantile, c’està-dire comme une affaire devant laisser la plus large marge possible de bénéfices. A tout moment, depuis qua
rante-cinq ans, et sans jamais accepter le servage d’une subvention, la C. M. s’est appliquée à augmenter ses dépenses, quand ses recettes le lui permettaient, pour améliorer sa rédaction ou sa présentation, et bien sou
vent, pour ne pas faiblir, elle a dû demander l’appui nécessaire à ses services commerciaux, sans songer à le leur rendre quand les circonstances devenaient meilleures.
Puisque le fil de cette conversation nous amène ainsi aux confidences, nous dirions volontiers, sans trop forcer le sens des mots, que notre Revue est en fait, dans son es
prit, publiée sous une forme coopérative, qui n’est peutêtre pas la plus mauvaise, puisque, dans un but d’intérêt commun, sinon général, elle s’ingénie à ne faire aucun bénéfice personnel, tout en s’appuyant sur un cadre com
mercial qui, tant que les hommes seront des hommes,
offre les avantages et les ressources du ressort de l’intérêt individuel.
Nos lecteurs nous excuseront de cette longue déclaration de principes, qui était, croyons-nous, nécessaire pour expliquer à certains, qui nous connaissent mal, ce que nous sommes, et aussi pour dire à tous nos raisons de per
sister dans les directives anciennes en améliorant la revue hebdomadaire donnant la plus large diffusion au bon renom de ΓArchitecture française.
Et, ceci exposé, il nous sera plus facile d’indiquer à tous, amis comme indifférents, pourquoi nous devons, à partir du 1er octobre 1929, porter à 100 francs notre prix d’abonnement pour la France.
Gela est nécessaire pour la réalisation des améliorations que nous venons de dire, à supposer même que la hausse