Le Palais des Beaux=Arts à Bruxelles


par M. Victor HORTA.
(Planches 217 et 218)


L


a Belgique se relevant de ses ruines sentit la nécessité d’élever un Palais, abritant les œuvres de ses artistes et montrant que dans le domaine artistique, elle suit la courbe régulière de son relèvement matériel et économique.
Par la réalisation de cette œuvre si ardemment désirée, le pays montre aux artistes de chez lui qu’ils sont tenus aux premiers rangs, ils peuvent voir que leurs efforts sont encouragés, compris, et qu’ils sont honorés par la nation entière.
L’art qui expose à tous la vie des peuples, non pas seulement la vie actuelle, mais la vie du passé, trans
perçant au travers du présent, laisse deviner aussi ses aspirations et destinées futures.
Il est ainsi permis à toutes les nations de se connaître, non pas sommairement, mais dans leur plus intime individualité nationale.
Le nouveau Palais des Beaux-Arts, différent des musées qui entretiennent le culte du passé, montre, lui,
les œuvres d’aujourd’hui, dans un cadre parfaitement adapté au but poursuivi, cadre où les foules verront si telles formules méritent d’être adoptées ou doivent être impitoyablement rejetées.
L’art belge, très individuel et en même temps très cosmopolite, éminemment national, mais subissant très intensément les influences étrangères, ne pourrait-il -de
venir le centre de l’art nouveau et Bruxelles son temple ?
Dans tous les domaines de l’activité humaine, domaines sociaux, politiques, esthétiques, les esprits ten
dent à s’unifier, on progresse vers Puniversalisation des idées ; et ce au détriment des principes de régionalisme.
Profitant de cet état d esprit, la Belgique, qui est un pays de transit économique, ne pourrait-elle devenir aussi pays du transit artistique ? Transit considéré non pas comme simple passage d’idées d’un pays à un au
tre en passant par un troisième, mais un collationnement des résultats obtenus dans les divers pays.
Cette centralisation sera faite pour le plus grand bien de tous parce que pouvant de la sorte favoriser la diffusion des idées et leur donner la marque d’unité qui seu
le pourra les imposer partout. La situation géographique du pays ne favoriserait-elle pas les transactions d’idées artistiques, étant donné qu’à l’heure actuelle on recher
che tant de débouchés pour la production : la production intellectuelle comme la production matérielle pure et simple, et d’autre part que l’on recherche aussi l’internationalisme esthétique ?
Le nouveau Palais ne serait-il peut-être pas tout désigné pour remplir les fonctions de Bourse internationale d’art ? N’y rencontre-t-on pas un milieu adéquat et une psychologie locale d’influence internationale ?
Ne sera-ce pas là l’avenir de ce temple de l’Art, mais de l’art de recherche, de formes neuves, d’expressions nouvelles, de lyrisme artistique, de l’Art Vivant...
Salle
de musique de chambre
pendant
la construction