L’ART ET LES ARTISTES
Plutôt que de nous attacher à rendre compte de cette magistrale exposition d une façon détaillée comme un guide ou un catalogue, cest-à-dire, sous une forme un peu sèche, de présenter des amures de haute classe universellement connues, nous avons cru préférable d extraire des livres de notre regretté fondateur Armand Dayot quelques pages, appréciations fragmentaires sur l’Histoire de la peinture anglaise, à laquelle il avait consacré des ouvrages qui font autorité.
Rappelons comme l’a si justement évoqué M. Georges Huis man, directeur général des Beaux-Arts dans son émouvant discours prononcé en Août dernier à Paimpol, à l’inauguration du monument élevé à notre fondateur : « Armand Dayot fut le premier à concevoir et à réaliser ces grandes expositions rétrospectives, que les foules d’amateurs visitent maintenant en rangs serrés, mais qui apparaissaient avant lui comme d’impossibles et chimériques conceptions » et que l’une de ces importantes manifestations fut consacrée en 1009 à cent portraits de femmes : cinquante chefs d’œuvre français, cinquante chefs d’œuvre anglais où figuraient des peintures des grands artistes cités plus haut.
M. A. D.
L
’école anglaise date en réalité du XVIIIe siècle. Hogartli, Reynolds, Gainsborough, sont ses véritables Primitifs malgré les troublantes ascendances d’un assez grand nombre d’enluminures gothiques du plus mystérieux anonymat et de quelques panneaux barbares et vermoulus disséminés dans plusieurs vieilles églises du Suffolk et du Gloucester et dans les sombres recoins du South Kensigton...........................
C’est à William Hogarth d’abord, puis à Joshua Revnolds et à Gainsborough, qu’il était réservé de fixer du premier coup, dans d’immortels chefs d’œuvre, et avec un art très particulier, le caractère de la peinture anglaise devenant, en quelque sorte, sous leurs habiles pinceaux, et avec une spontanéité presque miraculeuse, l’expression définitive de la race et de l’esprit d’un peuple...................
Pendant que Hogarth saura exprimer sous une forme vive et familière, toute débordante d’humour national, les mœurs populaires, bourgeoises et aristocratiques de son pays, Reynolds, orientant sa vision artistique vers une autre expression de la société, posera son chevalet dans les intérieurs les plus somptueux, sous les frais ombrages des grands parcs seigneuriaux, choisissant de préférence ses modèles dans les rangs féminins de l’aris
tocratie anglaise, avec l’arrière-pensée, peut-être, d’être le représentant de celle de son époque, comme Van Dyck l’avait été pour la cour de Charles Tr et Peter Lely pour celle de Charles II...................
Mais il n’en est pas moins vrai que, malgré les inévitables influences qui présidèrent au développement du génie de Gainsborough, ce merveilleux artiste demeure, grâce à ses prodigieux dons de charme et à l’instinctive spontanéité de son art, comme un des peintres les plus personnels, les plus originaux nui aient jamais existé. Il est de ceux dont l’authenticité géniale de l’œuvre, fût-elle représentée par un croqueton rapide, ou par une touche à la sépia, s’affirme avec une indiscutable évidence............................
Reynolds et Gainsborough dominent de toute la hauteur de leur génie l’ancienne école du portrait. Mais à côté d’eux, à quelques degrés plus bas, se dressent deux autres maîtres en ce genre, où la peinture anglaise excelle. Nous voulons parler de Romney et de Raeburn...............
L’Ecole des portraitistes anglais du XVIIIe siècle brille d’un très pur éclat narmi toutes les écoles de peinture. Mais il faut reconnaître qu’à lui seul, le glorieux quatuor constitué par Reynolds, Gainsborough, Romney et Henry Raeburn, suffirait à maintenir cet éclat à