Pli. Lacoste. Madrid, Prado. F. GOYA — PORTRAIT DE LA REINE
MARIE-LOUISE
Quelques critiques ont cru découvrir un peintre de génie en la personne de Luis Ménendez (1716-1780) dont le naturalisme un peu facile s’étale dans les innombrables natures mortes qu il peignit. L’artiste, d’une vraie finesse, plus « xvme siècle », fut Luis Paret y Alcazar, ( 1747-1799), élève d’Antonio Gonzalez Velâzquez, puis de La Traverse. Il a interprété avec succès des scènes de genre et paysages bucoliques style Watteau.
Dans le pêle-mêle de peintres moins notoires de ce siècle : Viladomat, Tramullès, Montana, Rodés, Giralt, Amadeu, etc.
Tel était l’état de la peinture, espagnole lorsque, tout à coup, sans antécédents, sans raison, cause ni motif (chose insolite dans l’histoire de l’art) surgit une figure de haut relief, digne d’être mise en comparaison avec les grands maîtres de la couleur : Goya.
Francisco de Goya naquit à Fuendetodos, près Saragosse, en 1746. L’homme qui devait jeter les bases de l’art hispanique moderne et être le libérateur de celui de son temps, venait au monde en Aragon, noble terre de libertés. De son village, il se rendit à Saragosse où il étudia le dessin et la peinture. Puis il passa de Madrid à Rome, avant
30 ans accomplis. Il résida quelque temps en Italie et disputa, sans les obtenir, des récompenses académiques à Parme. Deux ans après, il revient à Madrid et y épouse Dona Joséfa Bayeu, sœur du peintre Don Francisco.
Par l’entremise de Mengs, il reçoit la commande de quelques modèles pour les tapisseries de la Manufacture Royale. Il devint lui-même peintre ordinaire de Charles IV et Ferdinand VII, choyé par la Cour et la bonne société, comme par le peuple. En 1822, il s’établit à Bordeaux jusqu’à sa mort, en 1828.
Goya est la personnalité artistique la plus complète de toutes celles qui germèrent en terre espagnole. Comment se forma-t-il ? Quels furent ses idéaux? Il est vraiment difficile de répondre congrument à ces deux questions.
Il disait de lui-même : qu’ « il n’eut d’autres maîtres que ses observations sur les peintres et tableaux célèbres de Rome et d’Espagne, et que c’était d’où il avait retiré le plus de profit ».
On a cherché à faire une étude de l’homme et de l’artiste en dissipant la légende créée autour de ce personnage extraordinaire. La réaction de la critique en faveur de Goya commence avec le travail de M. Zapatero. M. Ceferino Araujo s’inspire de la même tendance rectificatrice. Récemment encore, Von Loga accepte des faits qui, bien que légendaires, ont une valeur historique dans la vie du grand peintre aragonais.
Parmi les jugements esthétiques les plus exacts à son endroit, se range celui de M. Rafaël Domenech (Conférences à l’Ateneo de Madrid, 1 g 11 ) que nous suivrons en partie.
Abstraction faite de l’homme et de son type légendaire répondant à la manière d’être de son peuple, et sans nous occuper du Goya des coups de couteau et des amourettes, il faut examiner en lui une époque dont il est la synthèse achevée. Goya promena le miroir de son tempérament sur la route de son temps. Le sens de la vie se transformait radicalement à la fin du xvmc siècle. Cette rénovation des idéaux, se reflète dans l’œuvre de Goya. On a parlé beaucoup et on parle encore des « conventionnalismes » de Goya. Il est certain qu’il n’a pas toujours poursuivi avec fidélité la copie du naturel. Il ne se préoccupait ni de la ligne ni de la composition, ni non plus de la «correction» classique. N’imitant personne, peintre subjectif à force d’objectivité, il réussit à saisir et analyser profondément, non pas seulement l’âme de ses contemporains, mais le caractère et la constitution de la race. Le spectacle de la vie l’attirait par dessus tout. Faisait-il un portrait, il ne s’attachait qu’à l’expression ; de là que, pour l’obtenir,
MARIE-LOUISE
Quelques critiques ont cru découvrir un peintre de génie en la personne de Luis Ménendez (1716-1780) dont le naturalisme un peu facile s’étale dans les innombrables natures mortes qu il peignit. L’artiste, d’une vraie finesse, plus « xvme siècle », fut Luis Paret y Alcazar, ( 1747-1799), élève d’Antonio Gonzalez Velâzquez, puis de La Traverse. Il a interprété avec succès des scènes de genre et paysages bucoliques style Watteau.
Dans le pêle-mêle de peintres moins notoires de ce siècle : Viladomat, Tramullès, Montana, Rodés, Giralt, Amadeu, etc.
Tel était l’état de la peinture, espagnole lorsque, tout à coup, sans antécédents, sans raison, cause ni motif (chose insolite dans l’histoire de l’art) surgit une figure de haut relief, digne d’être mise en comparaison avec les grands maîtres de la couleur : Goya.
Francisco de Goya naquit à Fuendetodos, près Saragosse, en 1746. L’homme qui devait jeter les bases de l’art hispanique moderne et être le libérateur de celui de son temps, venait au monde en Aragon, noble terre de libertés. De son village, il se rendit à Saragosse où il étudia le dessin et la peinture. Puis il passa de Madrid à Rome, avant
30 ans accomplis. Il résida quelque temps en Italie et disputa, sans les obtenir, des récompenses académiques à Parme. Deux ans après, il revient à Madrid et y épouse Dona Joséfa Bayeu, sœur du peintre Don Francisco.
Par l’entremise de Mengs, il reçoit la commande de quelques modèles pour les tapisseries de la Manufacture Royale. Il devint lui-même peintre ordinaire de Charles IV et Ferdinand VII, choyé par la Cour et la bonne société, comme par le peuple. En 1822, il s’établit à Bordeaux jusqu’à sa mort, en 1828.
Goya est la personnalité artistique la plus complète de toutes celles qui germèrent en terre espagnole. Comment se forma-t-il ? Quels furent ses idéaux? Il est vraiment difficile de répondre congrument à ces deux questions.
Il disait de lui-même : qu’ « il n’eut d’autres maîtres que ses observations sur les peintres et tableaux célèbres de Rome et d’Espagne, et que c’était d’où il avait retiré le plus de profit ».
On a cherché à faire une étude de l’homme et de l’artiste en dissipant la légende créée autour de ce personnage extraordinaire. La réaction de la critique en faveur de Goya commence avec le travail de M. Zapatero. M. Ceferino Araujo s’inspire de la même tendance rectificatrice. Récemment encore, Von Loga accepte des faits qui, bien que légendaires, ont une valeur historique dans la vie du grand peintre aragonais.
Parmi les jugements esthétiques les plus exacts à son endroit, se range celui de M. Rafaël Domenech (Conférences à l’Ateneo de Madrid, 1 g 11 ) que nous suivrons en partie.
Abstraction faite de l’homme et de son type légendaire répondant à la manière d’être de son peuple, et sans nous occuper du Goya des coups de couteau et des amourettes, il faut examiner en lui une époque dont il est la synthèse achevée. Goya promena le miroir de son tempérament sur la route de son temps. Le sens de la vie se transformait radicalement à la fin du xvmc siècle. Cette rénovation des idéaux, se reflète dans l’œuvre de Goya. On a parlé beaucoup et on parle encore des « conventionnalismes » de Goya. Il est certain qu’il n’a pas toujours poursuivi avec fidélité la copie du naturel. Il ne se préoccupait ni de la ligne ni de la composition, ni non plus de la «correction» classique. N’imitant personne, peintre subjectif à force d’objectivité, il réussit à saisir et analyser profondément, non pas seulement l’âme de ses contemporains, mais le caractère et la constitution de la race. Le spectacle de la vie l’attirait par dessus tout. Faisait-il un portrait, il ne s’attachait qu’à l’expression ; de là que, pour l’obtenir,